Hubert Robert

Vente anonyme, Paris, Hotel Drouot, 18 octobre 1988, lot 24;
Acquis à cette vente par l'actuel propriétaire

Under the naked-eye: The painting is overall in very good condition. It is painted on a wood panel made with one plank prepared and coated with fibers behind characteristic of the period. It is covered by a lightly dirty uniform varnish. We do not notice any restoration. Under the UV light : The varnish on the surface has been partially removed under the arc, we can notice rests of old varnish under the bridge, few thin retouching in the bridge’s structure and in the boat.
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Le tableau sera inclus dans le catalogue raisonné de l'oeuvre de l'artiste actuellement en préparation par l'Institut Wildenstein.

Au XVIIIe siècle la mode des vedute  se développe intensément en Italie: ces panoramas de la ville s’apparentant à des paysages d’architecture urbaine concernant principalement Venise. Mais de ces descriptions fidèles, certains glisseront vers l’envie de composer eux-mêmes des vues imaginaires de ruines. De là naîtra, dans le courant du siècle, le genre du capriccio, qui est le rassemblement subjectif de ruines disséminées. D’autres artistes tels Hubert Robert ou Giovanni Paolo Panini délaisseront la réalité topographique des ruines pour inventer leurs propres combinaisons. A l’origine des atmosphères bucoliques et légères que l’on retrouve chez Hubert Robert, Fragonard mais aussi Pierre Patel, il y a les Bamboccianti. Ce sont des artistes peintres, actifs à Rome à partir des années 1620, qui se sont fait pour spécialité les tableaux illustrant de manière très réaliste des scènes de la vie quotidienne du peuple. 

« Robert des ruines » tel qu’on le surnomma de son vivant, a effectué un séjour à Rome et devint connaisseur passionné de l'Antiquité. Il se montra aussi doué d'une imagination talentueuse. A son retour d’Italie en 1765 il se spécialisa dans les vues de Paris et de ses environs. L’artiste s’adonna à des inversions, des agrandissements ou diminutions qu’il opèrait à l’aide d’un pantographe. Il dessinait assis par terre, ce qui conférait à sa vision un point de vue en contre-plongée et explique son style parfois monumental, comme dans l’œuvre que nous présentons ici. Ce tableau illustre le raffinement et l’originalité de composition de ce peintre très apprécié de son vivant. Le pont marque une ouverture, et la perspective est soutenue par l’arche du second pont à l’arrière-plan. L’architecture, les hommes et les bêtes sont maintenus dans un équilibre entre ombre et lumière, au sein d’une scène animée et pittoresque évoquant indéniablement les scènes pastorales et scènes galantes de François Boucher, peintre du Roi Louis XV, et Jean-Honoré Fragonard dont il connaissait les productions et dont il subissait certainement l’influence dans l’atmosphère légère et la place de l’invention dans le décor.

L’œuvre reflète l’ambiance de ses paysages, où nature et architecture tiennent la même place et se mêle à une vie joyeuse des personnages qu’il expose.  Ses personnages sont souvent issus d’un petit peuple affairé dans des activités simples, plongés dans des rêveries ou des flâneries pittoresques. Une œuvre conservée au musée Carnavalet à Paris, La Violation des caveaux des rois dans la basilique de Saint-Denis, (octobre 1793, n° d’inventaire CARP1477 ; P 147) présente le même jeu d’ouverture et de profondeur avec le motif récurrent du pont ou de l’arche, et le petit peuple travailleur en action, dans une atmosphère contrastée.