- 166
Proust, Marcel
Estimate
10,000 - 15,000 EUR
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Description
- Proust, Marcel
- Lettre autographe signée à Jacques Rivière. [Entre le 26 octobre et le 1er novembre 1919].
- leather/ paper
8 p. in-8 (180 x 135 mm) sur 2 doubles-feuillets, à l'encre noire. Signée Marcel Proust.
Les projets de collaboration de Proust et de la Nouvelle Revue Française.
"J'ai en effet des griefs très graves envers la N.R.F." Il le rassure : la non parution de l'article qu'avait promis Rivière sur son oeuvre ne vient en rien s'ajouter à ses griefs : "D'ailleurs je le croyais fait, Gallimard me l'avait dit". En aucune façon, Proust ne pourrait lui en vouloir, car il connaît l'état de santé de Rivière. "Puisque nous parlons de cet article voici quelque chose qui ne vous fatiguerait pas et me ferait plaisir. Je ne sais pourquoi on s'acharne dans les journaux, même étrangers à dire que vous ne me vouliez pas comme collaborateur. Ne démentez nullement cela, naturellement. Mais si au cours de tel ou tel article que vous publierez vous voyez le moyen en une demi-ligne, une incidente de laisser entrevoir le bien que vous pensez de moi cela me rendrait très heureux [...]. Je suis touché de ce que vous me dites de la critique littéraire. Mais cela me paraît impossible je vous expliquerai pourquoi. En tous cas je ne pourrai décemment commencer par l'éreintement de quelqu'un qui a été pour moi un ami autrefois et qui vient de me consacrer trois articles absurdes mais d'intention très amicale [il s'agit ici d'Abel Hermant]. Tout à vous et merci. Marcel Proust".
Jacques Rivière rencontra Gide en 1908 et collabora à la N.R.F. dès 1910, avant d'en être nommé secrétaire en décembre 1911 et de diriger la revue de 1919 à sa mort. Proust et lui partageaient une estime réciproque. Le 6 février 1914, Proust lui écrivait qu'il était heureux d'avoir trouvé "un lecteur qui devine que mon livre est un ouvrage dogmatique et une construction !".
Dans une lettre du 26 octobre 1919, Rivière proposa à Proust de collaborer à la revue : "C'est peut-être fou. Vous avez peut-être pour la critique une répugnance irrémédiable. Mais comprenez combien il est naturel qu'en une matière qui me tient autant à coeur que le roman, je cherche tout de suite à donner la parole à celui que non pas l'amitié, mais l'évidence me force à considérer comme le maître actuel du genre [...]. Il me semble que vous seul pouvez regarder ce qu'on écrit avec des yeux vraiment neufs".
L'étude de Rivière sur l'oeuvre de Proust parut dans la Nouvelle Revue Française du 1er février 1920, n° XIV, sous le titre "Marcel Proust et la tradition classique".
Références : Kolb, XVIII, 255.
Les projets de collaboration de Proust et de la Nouvelle Revue Française.
"J'ai en effet des griefs très graves envers la N.R.F." Il le rassure : la non parution de l'article qu'avait promis Rivière sur son oeuvre ne vient en rien s'ajouter à ses griefs : "D'ailleurs je le croyais fait, Gallimard me l'avait dit". En aucune façon, Proust ne pourrait lui en vouloir, car il connaît l'état de santé de Rivière. "Puisque nous parlons de cet article voici quelque chose qui ne vous fatiguerait pas et me ferait plaisir. Je ne sais pourquoi on s'acharne dans les journaux, même étrangers à dire que vous ne me vouliez pas comme collaborateur. Ne démentez nullement cela, naturellement. Mais si au cours de tel ou tel article que vous publierez vous voyez le moyen en une demi-ligne, une incidente de laisser entrevoir le bien que vous pensez de moi cela me rendrait très heureux [...]. Je suis touché de ce que vous me dites de la critique littéraire. Mais cela me paraît impossible je vous expliquerai pourquoi. En tous cas je ne pourrai décemment commencer par l'éreintement de quelqu'un qui a été pour moi un ami autrefois et qui vient de me consacrer trois articles absurdes mais d'intention très amicale [il s'agit ici d'Abel Hermant]. Tout à vous et merci. Marcel Proust".
Jacques Rivière rencontra Gide en 1908 et collabora à la N.R.F. dès 1910, avant d'en être nommé secrétaire en décembre 1911 et de diriger la revue de 1919 à sa mort. Proust et lui partageaient une estime réciproque. Le 6 février 1914, Proust lui écrivait qu'il était heureux d'avoir trouvé "un lecteur qui devine que mon livre est un ouvrage dogmatique et une construction !".
Dans une lettre du 26 octobre 1919, Rivière proposa à Proust de collaborer à la revue : "C'est peut-être fou. Vous avez peut-être pour la critique une répugnance irrémédiable. Mais comprenez combien il est naturel qu'en une matière qui me tient autant à coeur que le roman, je cherche tout de suite à donner la parole à celui que non pas l'amitié, mais l'évidence me force à considérer comme le maître actuel du genre [...]. Il me semble que vous seul pouvez regarder ce qu'on écrit avec des yeux vraiment neufs".
L'étude de Rivière sur l'oeuvre de Proust parut dans la Nouvelle Revue Française du 1er février 1920, n° XIV, sous le titre "Marcel Proust et la tradition classique".
Références : Kolb, XVIII, 255.