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Debord, Guy
Estimate
20,000 - 30,000 EUR
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Description
- Debord, Guy
- Correspondance adressée à Maurice Wyckaert. 1er mars 1958 au [6 décembre 1960].
- PAPER
Rare et important ensemble de 25 lettres des débuts de l’I.S.
La voix organisatrice d’un des plus grands mouvements contestataires du XXe siècle.
L'artiste Bruxellois Maurice Wyckaert (1923-1996) fut membre de l'Internationale situationniste (I.S.) dès la première heure. C’est chez lui, à Alsemberg, près de Bruxelles, que sera domicilié le siège du Conseil central situationniste. En septembre 1960, il est désigné pour lire la Déclaration au nom de la quatrième conférence de l’I.S. à l’Institut des arts contemporains. En avril 1961, il sera finalement exclu pour n'avoir pas cessé ses relations avec le galeriste Otto Van de Loo.
Cette correspondance se situe après la création de l’I.S. (juillet 1957), alors que Debord élargit ses relations avec les autres activistes, italiens, belges, néerlandais ou allemands et organise ses premiers coups d’éclat. Les lettres, très prosaïques, parlent de stratégie à adopter, d’organisation de conférences ou de publications, et montent un grand tacticien à l’œuvre.
Debord organise ainsi l’action qui aura lieu lors de l’assemblée des critiques d’art en avril 1958, pendant l’Exposition universelle de Bruxelles : « Nous allons imprimer à Paris 2000 exemplaires d’un tract à jeter dans cette réunion – si possible lors de la séance inaugurale – au moment où l’un de nous, prenant soudainement la parole, en lira le texte (un peu avant d’autres exemplaires auront été postés à destination des journaux d’Europe). » (13 mars 1958). Et de recommander le secret le plus rigoureux, « l’effet de surprise étant nécessaire et suffisant pour le succès. […] prévoyez au mieux les moyens de s’y introduire à plusieurs sans rencontrer d’obstacle » (ibid.) Le stratège charge ensuite Wyckaert de l’expédition « d’une centaine d’exemplaires, en imprimés sous enveloppe, adressés à des journaux et à des revues à travers l’Europe ? » (24 mars 1958) ; plus tard, constatant que les brochures envoyées à New York depuis Paris ont été « encore uns fois bloquées par je ne sais quelle police des frontières françaises sans que nous en soyons avisés », il demande au Situationniste belge de les envoyer directement depuis Bruxelles. Wyckaert intervient aussi dans les publications de l'I.S. : il trouve des échantillons du fameux papier métallisé qui a rendu célèbres les couvertures de l’I.S., participe à la mise en page de la Critique de la politique économique de Jorn qu’il se charge d’imprimer en Belgique, diffuse les films de Debord en Belgique, etc. Debord le dissuade de participer à la revue Edda et « aux inoffensives niaiseries où Jaguer aura toujours sa place, mais qui ont largement fait leur temps » (ibid.) ; il a pris une position encore « plus intransigeante » envers le galeriste Drouin, car il ne veut absolument pas se « laisser compromettre ». Il explique aussi les actions menées par les Situationnistes ou d’autres mouvements contestataires ailleurs en Europe ; ainsi Strum, du groupe Spur, « a obtenu un très grand effet de scandale par des manifestations extrémistes, et un manifeste très violent (par lequel ils se réclament situationnistes) » (10 février 1959) ; l’exposition de Jorn a « fait un choc qui résonne : j’en ai vu la confirmation même du côté de nos ennemis » ; quant à la désorganisation des Hollandais pour une exposition, elle agace l’activiste passé maître dans l’organisation : « le plan des Hollandais est si vague que c’est plutôt une absence de plan » (8 janvier 1960), et il va jusqu’à critiquer leur manque d’esprit de groupe : « C’est une curieuse conception du travail collectif aussi bien que de la discipline, de proposer dès qu’ils se retrouvent en Hollande, d’effacer froidement la seule modification que l’I.S. a demandée pour approuver leur projet » (14 février 1960). L’échec des manifestations d’Amsterdam – et notamment le fait qu’Alberts ait participé à « la construction d’une église sans penser que cela était incompatible avec l’appartenance de l’I.S. » — l’oblige à durcir le ton : Debord exclut Alberts, dissout le « Bureau d’urbanisme unitaire » et interdit désormais « aucune sorte de double appartenance. […] Ces ridicules proliférations de « bureaux » ou de « laboratoires » qui représentent, dans l’I.S., la plate-forme restreinte d’un individu ou deux, ne peuvent plus durer » (15 [non le 14, tel que publié] mars 1960). Plus tard, en avril 1961, ce sera Wyckaert lui-même qui sera exclu.
[On joint :]
Lettre d’exclusion de Maurice Wyckaert, signée par Debord, Kotanyi, Bernstein, Zimmer, Sturm, Prem. Munich, 17 avril 1961. 1 f. in-4, tapuscrite, en allemand, signatures autographes. — Asger Jorn. Lettre autographe signée à Maurice Wyckaert. [1958]. 2 p. in-4. Notamment sur les monographies à réaliser sur des membres de l'I.S. — SPUR. Lettre autographe des membres du groupe Spur à Maurice Wyckaert. 8 juin 1960. 2 p. in-4. Signée par Sturm, Zimmer, Prem et Fischer, Munich. Sur une exposition Jorn, Wyckaert et Spur que compte organiser la galerie Van de Loo et sur les ambitions internationales de Spur. — Galerie Van de Loo. 2 lettres tapuscrites signées de la galerie Van de Loo à Maurice Wyckaert. 12 mai 1969 et 3 septembre 1976. 3 p. in-4, en-tête de la galerie. L’une signée par Otto van de Loo, concernant des lectures sur l’I.S., la visite de son atelier (« il est rare de trouver parmi les nombreux peintres un artiste qui travaille conscient [sic] et aussi bien que tu le fais. »), deux toile qu’il lui demande de lui réserver pour le Kunstmarkt ; la seconde d’une collaboratrice de la galerie. — Arthus Caspari. Texte inédit sur Wyckaert. [Vers 1958-1959]. 6 pages tapuscrites, avec corrections, traduction française. Le poète et critique allemand proche de Spur et de l'I.S., donne probablement le texte d'une monographie prévue pour la série « Bibliothèque d'Alexandrie » que publia par l'I.S. à ses débuts. — Constant. Lettre à Guy Debord (copie carbone). 6 juin 1960 et 21 juin 1960. 4 p. in-4. Copie carbone des lettres. A propos de leurs différents, de la distance que Constant se voit obligé de prendre avec l’I.S. — Constant. Lettre de démission à Guy Debord (copie carbone). 6 juin 1960. 1 p. in-4. Leurs différents obligent Constant à prendre ses distances avec l’I.S. — Debord. Lettre à Constant (copie carbone). 21 juin 1960. 3 p. in-4. Debord explique sa position et celle de l'I.S. au sujet de la démission de Constant, lui proposant différents modes de contact pour l'avenir. — Debord, Jorn, Khatib, Korun, Pinot et Gallizio. Lettre tapuscrite à Willem Sandberg. 26 janvier 1958. Ils informent le directeur du Stedelijk Museum des conditions auxquelles ils peuvent s’engager dans l’exposition. — [Maurice Wyckaert]. 3 portraits photographiques du peintre. L’une datée Albissola, 1958. Tirage argentiques en noir et blanc.
Notice détaillée sur www.sothebys.com
références : lettres publiées dans G. Debord, Correspondance, Fayard, t. I et II. – Fr. De Vree, Maurice Wyckaert, Tielt, Éditions Lannoo,1986.
La voix organisatrice d’un des plus grands mouvements contestataires du XXe siècle.
L'artiste Bruxellois Maurice Wyckaert (1923-1996) fut membre de l'Internationale situationniste (I.S.) dès la première heure. C’est chez lui, à Alsemberg, près de Bruxelles, que sera domicilié le siège du Conseil central situationniste. En septembre 1960, il est désigné pour lire la Déclaration au nom de la quatrième conférence de l’I.S. à l’Institut des arts contemporains. En avril 1961, il sera finalement exclu pour n'avoir pas cessé ses relations avec le galeriste Otto Van de Loo.
Cette correspondance se situe après la création de l’I.S. (juillet 1957), alors que Debord élargit ses relations avec les autres activistes, italiens, belges, néerlandais ou allemands et organise ses premiers coups d’éclat. Les lettres, très prosaïques, parlent de stratégie à adopter, d’organisation de conférences ou de publications, et montent un grand tacticien à l’œuvre.
Debord organise ainsi l’action qui aura lieu lors de l’assemblée des critiques d’art en avril 1958, pendant l’Exposition universelle de Bruxelles : « Nous allons imprimer à Paris 2000 exemplaires d’un tract à jeter dans cette réunion – si possible lors de la séance inaugurale – au moment où l’un de nous, prenant soudainement la parole, en lira le texte (un peu avant d’autres exemplaires auront été postés à destination des journaux d’Europe). » (13 mars 1958). Et de recommander le secret le plus rigoureux, « l’effet de surprise étant nécessaire et suffisant pour le succès. […] prévoyez au mieux les moyens de s’y introduire à plusieurs sans rencontrer d’obstacle » (ibid.) Le stratège charge ensuite Wyckaert de l’expédition « d’une centaine d’exemplaires, en imprimés sous enveloppe, adressés à des journaux et à des revues à travers l’Europe ? » (24 mars 1958) ; plus tard, constatant que les brochures envoyées à New York depuis Paris ont été « encore uns fois bloquées par je ne sais quelle police des frontières françaises sans que nous en soyons avisés », il demande au Situationniste belge de les envoyer directement depuis Bruxelles. Wyckaert intervient aussi dans les publications de l'I.S. : il trouve des échantillons du fameux papier métallisé qui a rendu célèbres les couvertures de l’I.S., participe à la mise en page de la Critique de la politique économique de Jorn qu’il se charge d’imprimer en Belgique, diffuse les films de Debord en Belgique, etc. Debord le dissuade de participer à la revue Edda et « aux inoffensives niaiseries où Jaguer aura toujours sa place, mais qui ont largement fait leur temps » (ibid.) ; il a pris une position encore « plus intransigeante » envers le galeriste Drouin, car il ne veut absolument pas se « laisser compromettre ». Il explique aussi les actions menées par les Situationnistes ou d’autres mouvements contestataires ailleurs en Europe ; ainsi Strum, du groupe Spur, « a obtenu un très grand effet de scandale par des manifestations extrémistes, et un manifeste très violent (par lequel ils se réclament situationnistes) » (10 février 1959) ; l’exposition de Jorn a « fait un choc qui résonne : j’en ai vu la confirmation même du côté de nos ennemis » ; quant à la désorganisation des Hollandais pour une exposition, elle agace l’activiste passé maître dans l’organisation : « le plan des Hollandais est si vague que c’est plutôt une absence de plan » (8 janvier 1960), et il va jusqu’à critiquer leur manque d’esprit de groupe : « C’est une curieuse conception du travail collectif aussi bien que de la discipline, de proposer dès qu’ils se retrouvent en Hollande, d’effacer froidement la seule modification que l’I.S. a demandée pour approuver leur projet » (14 février 1960). L’échec des manifestations d’Amsterdam – et notamment le fait qu’Alberts ait participé à « la construction d’une église sans penser que cela était incompatible avec l’appartenance de l’I.S. » — l’oblige à durcir le ton : Debord exclut Alberts, dissout le « Bureau d’urbanisme unitaire » et interdit désormais « aucune sorte de double appartenance. […] Ces ridicules proliférations de « bureaux » ou de « laboratoires » qui représentent, dans l’I.S., la plate-forme restreinte d’un individu ou deux, ne peuvent plus durer » (15 [non le 14, tel que publié] mars 1960). Plus tard, en avril 1961, ce sera Wyckaert lui-même qui sera exclu.
[On joint :]
Lettre d’exclusion de Maurice Wyckaert, signée par Debord, Kotanyi, Bernstein, Zimmer, Sturm, Prem. Munich, 17 avril 1961. 1 f. in-4, tapuscrite, en allemand, signatures autographes. — Asger Jorn. Lettre autographe signée à Maurice Wyckaert. [1958]. 2 p. in-4. Notamment sur les monographies à réaliser sur des membres de l'I.S. — SPUR. Lettre autographe des membres du groupe Spur à Maurice Wyckaert. 8 juin 1960. 2 p. in-4. Signée par Sturm, Zimmer, Prem et Fischer, Munich. Sur une exposition Jorn, Wyckaert et Spur que compte organiser la galerie Van de Loo et sur les ambitions internationales de Spur. — Galerie Van de Loo. 2 lettres tapuscrites signées de la galerie Van de Loo à Maurice Wyckaert. 12 mai 1969 et 3 septembre 1976. 3 p. in-4, en-tête de la galerie. L’une signée par Otto van de Loo, concernant des lectures sur l’I.S., la visite de son atelier (« il est rare de trouver parmi les nombreux peintres un artiste qui travaille conscient [sic] et aussi bien que tu le fais. »), deux toile qu’il lui demande de lui réserver pour le Kunstmarkt ; la seconde d’une collaboratrice de la galerie. — Arthus Caspari. Texte inédit sur Wyckaert. [Vers 1958-1959]. 6 pages tapuscrites, avec corrections, traduction française. Le poète et critique allemand proche de Spur et de l'I.S., donne probablement le texte d'une monographie prévue pour la série « Bibliothèque d'Alexandrie » que publia par l'I.S. à ses débuts. — Constant. Lettre à Guy Debord (copie carbone). 6 juin 1960 et 21 juin 1960. 4 p. in-4. Copie carbone des lettres. A propos de leurs différents, de la distance que Constant se voit obligé de prendre avec l’I.S. — Constant. Lettre de démission à Guy Debord (copie carbone). 6 juin 1960. 1 p. in-4. Leurs différents obligent Constant à prendre ses distances avec l’I.S. — Debord. Lettre à Constant (copie carbone). 21 juin 1960. 3 p. in-4. Debord explique sa position et celle de l'I.S. au sujet de la démission de Constant, lui proposant différents modes de contact pour l'avenir. — Debord, Jorn, Khatib, Korun, Pinot et Gallizio. Lettre tapuscrite à Willem Sandberg. 26 janvier 1958. Ils informent le directeur du Stedelijk Museum des conditions auxquelles ils peuvent s’engager dans l’exposition. — [Maurice Wyckaert]. 3 portraits photographiques du peintre. L’une datée Albissola, 1958. Tirage argentiques en noir et blanc.
Notice détaillée sur www.sothebys.com
références : lettres publiées dans G. Debord, Correspondance, Fayard, t. I et II. – Fr. De Vree, Maurice Wyckaert, Tielt, Éditions Lannoo,1986.