Lot 35
  • 35

Statue malangan, Nord de la Nouvelle-Irlande

Estimate
70,000 - 100,000 EUR
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Description

  • Statue malangan
  • wood, pigment and Turbo petholatus marine snail shell
  • haut. 140 cm
  • 55 1/8 in

Provenance

Collection Serge Brignoni (1903-2002), Suisse
Christie's, Amsterdam, 24 mai 2000, n° 168
Collection Frum, Toronto

 

Literature

Gianinazzi et Giordano, Extra-European Cultures, The Serge and Graziella Brignoni Collection, 1989, p. 67 et 254, n° 379

Catalogue Note

L’art de la Nouvelle-Irlande a été célébré en Occident depuis la découverte de l’archipel par les Européens. Les premières descriptions de pirogues et d’ornements masculins datent du voyage de Tasman, en 1643, et des “curiosités” y furent collectées par les voyageurs dès le début du XIXe siècle. Ce sont avant tout les œuvres associées aux rituels malangan provenant du Nord de la Nouvelle-Irlande qui fascinèrent les Européens, au premier rang desquels, dans le Paris de l’entre-deux-guerres, les Surréalistes. L’artiste suisse Serge Brignoni (1903-2002), qui s’installa à Paris en 1923 et se lia à Alberto Giacometti à l’académie de la Grande Chaumière, en constitua, à partir de la fin des années 1920, l’une des plus importantes collections, qu’il finança en partie par le commerce d’objets d’art. 

Le terme malangan recouvre un système complexe de rituels et de cérémonies commémorant les défunts. Les figures sculptées y étaient exposées pour honorer une personne défunte, sans pour autant fonctionner en tant que portraits. Leur rôle était d’inspirer la crainte, de captiver l’auditoire et de montrer le respect porté par son commanditaire à l’individu honoré. Comme le soulignait Richard Parkinson en 1907 (in John Dennison. 1999. Thirty Years in the South Seas, 1999, p. 282), “chaque sculpture… est porteuse d’une histoire spécifique” et il demeure impossible d’associer une unique interprétation à une œuvre individuelle. Le commanditaire possédait le droit de reproduction des motifs utilisés - ici d’une très grande richesse, incluant notamment un coquillage d’où émerge le personnage, un poisson volant maintenu devant le torse, une tête d’oiseau jaillissant de la bouche, des défenses incurvées liant le nez aux panneaux latéraux - ces derniers s’étirant depuis les épaules jusqu’au-dessus de la tête, pour venir encadrer la coiffe en épines de porc-épic -, et le mouvement asymétrique des seins. Le style de cette puissante figure malangan, au riche décor parfaitement architecturé, permet de la dater de la fin du XIXe siècle. 



The art of New Ireland has been celebrated in the West since the first discovery of the islands by Europeans. The first descriptions of canoes and male ornaments date to the voyage of Tasman in 1643, and "curiosities" were collected by travellers from the early nineteenth century onwards. The objects which have incited most interest are primarily related to the
malangan rituals of northern New Ireland, and it was those objects which fascinated, first and foremost, the Surrealists in Paris between the first and second World Wars. The Swiss artist Serge Brignoni (1903-2002), who settled in Paris in 1923 to study at the Académie de la Grande Chaumière, formed one of most important collections of New Ireland art from the late 1920s onwards, financed in part by the trade in works of art. 

The term malangan covers a complex system of rituals and ceremonies commemorating the dead. Carved figures were displayed to honour a deceased person, although they did not function as portraits. Their role was to inspire fear, to captivate the audience, and to show the respect which the person who commissioned the object felt for the deceased. As Richard Parkinson highlighted at the end of the nineteenth century (in John Dennison, Thirty Years in the South Seas, 1999, p. 282), "each sculpture […] carries a specific history" and it is impossible to associate a single interpretation with an individual sculpture. The person who commissioned the sculpture had the right to reproduce particular motifs, which consist of a rich variety in the case of the offered figure. Of particular note are the shell from which the figure emerges, the flying fish in front of the torso, the bird’s head which appears from the mouth, and curved tusks which join the nose to the side panels. The latter stretch from the shoulders to the top of the head, framing the head-dress of porcupine quills, and the asymmetric form of the breasts. The style of this powerful malangan figure, with its rich and perfectly structured array of motifs, dates to the late nineteenth century.

Vicky Barnecutt, juin 2014