Lot 41
  • 41

René Magritte

Estimate
400,000 - 600,000 EUR
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Bidding Closed

Description

  • René Magritte
  • L'Age du plaisir
  • signé Magritte (en haut à droite) ; signé Magritte, titré L'age du plaisir, numéroté 25 P et daté 1946 (au dos)
  • huile sur toile
  • 80.5 x 60.5 cm ; 31 3/4 x 23 7/8 in.

Provenance

Jean Bourjou, Bruxelles (acquis directement de l'artiste vers 1946)
Vente : Sotheby's, Londres, 31 mars 1987, lot 63

Exhibited

Bruxelles, Galerie Dietrich, Magritte, 1946, no. 6
Vervier, Société Royale des Beaux-Arts, Magritte, 1947, no. 33
Anvers, Salle Artes, Le Nu dans l'Art Belge Contemporain, 1947, no. 18
Bruxelles, Galerie Isy Brachot, Exposition Magritte, 1968, no. 72
Londres, Hayward Gallery, Dada and Surrealism Reviewed, 1978, no. 16.14
Bruxelles, Palais des Beaux-Arts & Paris, Musée National d'Art Moderne, Rétrospective Magritte, 1978-79, no. 135
Londres, Hayward Gallery, Magritte, 1992-93, no. 90

Literature

David Sylvester (ed.), Sarah Whitfield & Michael Raeburn, René Magritte, Catalogue Raisonné, Oil Paintings, Objects and Bronzes, Londres, 1993, vol. II, no. 607, reproduit p. 371

Condition

The canvas is unlined. The canvas is slightly buckled in the upper left corner. There is no evidence of retouching visible under ultra-violet light. Apart from some very minor abrasions to the upper framing edge, this work is in very good, original condition.
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Catalogue Note

Vers la fin de la seconde Guerre Mondiale, René Magritte modifie radicalement son vocabulaire plastique et sa technique. Le peintre abandonne en effet ses compositions énigmatiques de l’avant-guerre pour des thèmes plus légers, véritables odes au plaisir peints dans une palette impressionniste inspirée de celle de Renoir. Cette nouvelle approche, qui domine son art de 1943 à 1947, commence à prendre forme dans son esprit dès 1941 lorsqu’il parle à Paul Eluard de son désir de créer "des tableaux où le ‘beau côté’ de la vie serait le domaine que j’exploiterais. J’entends par là tout l’attirail traditionnel des choses charmantes, les femmes, les fleurs, les oiseaux, les arbres, l’atmosphère de bonheur, etc. Et je suis parvenu à renouveler l’air de ma peinture, c’est un charme assez puissant qui remplace maintenant dans mes tableaux la poésie inquiétante que je m’étais évertué jadis d’atteindre" (René Magritte cité dans David Sylvester (ed.), René Magritte : Catalogue Raisonné, Londres, 1993, vol. II, p. 91).

L’Âge du Plaisir est peint par Magritte alors qu’il est à l’apogée de cette période dite "impressionniste" et réunit toutes les caractéristiques des œuvres de cette période. Les tonalités mordorées et chatoyantes, de même que la touche soyeuse utilisée pour dépeindre le corps féminin ne sont pas sans évoquer l’art de Renoir, même si le surréalisme reste ici présent avec la représentation d'une grotte mystérieuse et d'un paysage nimbé d'une lumière mystique. Tout en utilisant de nouveaux moyens plastiques, L’Âge du Plaisir reste en outre fidèle au symbolisme qui définissait les anciennes œuvres de Magritte, le thème familier de la princesse de conte de fée étant ici revisité ainsi qu'en atteste la présence du crapaud se raccrochant aux cheveux de la fille et d'un bilboquet aux dimensions exagérées, embrassé par la jeune fille. Sarah Whitfield explique en ces termes la présence de ce bilboquet : "Même si Magritte, comme les autres membres du groupe surréaliste de Bruxelles, ne partagea jamais le même enthousiasme que ses compatriotes français pour l’art tribal, ni pour les interprétations freudiennes, il représentait parfois ce bilboquet auquel il donnait une importance fétichiste et une signification phallique flagrante. Ici… ce bilboquet en bois prend le rôle d’un partenaire sexuel silencieux et immobile" (Sarah Whitfield, Magritte (catalogue d’exposition), 1992-1993).

Quant à la présence du crapaud, allusion au thème du prince charmant cher aux frères Grimm, qui apparaît également dans Le Brasier de 1945, elle prend ici une dimension presque grotesque tant sa présence dans les cheveux de la jeune fille est déroutante. Cette combinaison de beauté, d'érotisme et de grotesque pourrait avoir été suggérée à Magritte par une carte postale montrant une jeune femme, similaire à celle de notre œuvre, embrassant la statue d’un satyre. Il semblerait en effet que l’artiste ait été intrigué par l’improbable combinaison de ces deux figures. C'est sur cette réunion d'éléments contradictoires que Magritte revient dans son texte Titre de 1946, dans lequel il commente le titre d’un certain nombre de ses œuvres, et notamment L’Âge du Plaisir à propos duquel il écrit : "un plaisir plus vif survient lorsque les objets les plus contradictoires (le crapaud, le bilboquet, la femme, la grotte, le paysage) participent ) son exaltation" (cité dans David Sylvester (ed.), op. cit., p. 371).