André Lhote

Collection particulière, France (acquis dans les années 1930)
Par descendance au propriétaire actuel

Paris, Galerie La Boétie, La Section d'Or, 1912, no. 89
Paris, 14ème Salon d'Automne, 1921
Paris, Galerie Vavin-Raspail, La Section d'Or, 1925
Bruxelles, Galerie Le Centaure, André Lhote, 1929

Anatole Jakovsky, André Lhote, 48 reproductions commentées par le peintre, Paris, 1947, reproduit no. 11
André Lhote, 1885-1962 (catalogue d'exposition), Valence, 2003, reproduit dans une photographie de l'exposition de 1925, p. 29
André Lhote (catalogue d'exposition), Madrid, Fundación MAPFRE & Bordeaux, Musée des beaux-arts, 2007, reproduit no. 221

The canvas has been strip lined at the edges. The colours are fresh and bright. Close inspection reveals some stable hairline craquelure particularly visible in the lighter pigments. Under UV light, scattered areas or retouching fluoresce: notably thin strips along the extreme edges, small spots in the flowers and some horizontal lines towards the right edge. Otherwise this work is in overall very good condition.
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Peint en 1912, date historique dans l’histoire du cubisme, Nature morte en plein airest l’un des plus beaux exemples de nature morte cubiste jamais réalisés par Lhote. Empreint d'une superbe énergie et faisant preuve d’un magnifique raffinement chromatique, l’œuvre met en scène des objets du quotidien dans une composition qui n’est pas dépourvue d’un certain dramatisme, impression renforcée par le cadrage serré utilisé par le peintre.

1912 est une année charnière dans la carrière d’André Lhote. C’est en effet cette année-là que se tient le célèbre "Salon de la Section d'Or" à la galerie de La Boétie à Paris, auquel Lhote participe avec pas moins de dix toiles, dont Nature morte en plein air. Cette exposition, la plus ambitieuse jamais présentée par le groupe cubiste, fit date dans l’histoire de l’art. C'est notamment au sein de cette exposition que fut présenté Nu descendant l’escalier de Marcel Duchamp, Lavabo de Juan Gris ou encore La Noce de Fernand Léger. D’un point de vue stylistique, les œuvres exécutées par Lhote en 1912 se caractérisent par une approche plus radicalement cubiste que ses peintures antérieures, encore marquées par les mouvements symbolistes et fauves, notamment grâce au recours systématique à la géométrie et à l’omniprésence des perspectives raccourcies. Les toiles réalisées à cette période sont d’ailleurs les œuvres les plus importantes de la carrière de Lhote, qu'il s'agisse de ses vues du Port de Bordeaux ou encore des représentations mythologiques qu’il peignit telles que les Bacchantes, Les Trois Grâces ou le Jugement de Pâris.

Nature Morte en plein air est particulièrement révélatrice des nouveaux champs d’expérimentation qu’explore André Lhote au cours de l’année 1912, tant dans le domaine de la couleur que de la forme. L’influence de Cézanne, que Lhote considérait comme le primitif des temps modernes, y est particulièrement décelable, notamment dans la construction plastique des formes. On peut également noter dans le traitement chromatique de cette œuvre une influence grandissante de l’art de Gauguin. S’éloignant peu à peu de l’influence des fauves, Lhote prend en effet appui sur l'intensité chromatique du maître de Pont-Aven pour prendre de la distance avec le traitement quasi-monochrome des maîtres du cubisme, conférant à ses œuvres une personnalité propre. Pour autant, les formes traitées par le biais de multiples points de vue et le sujet de la nature morte restent tout à fait conformes aux principes cubistes. Nature Morte en plein air est ainsi particulièrement exemplaire du nouvel élan lyrique insufflé par Lhote au Cubisme. L’artiste se sert ici de la géométrie pour mieux exprimer la réalité moderne.

Œuvre particulièrement aboutie, Nature morte en plein air occupe une place toute particulière dans l’art de Lhote. La même année, Lhote décide ainsi de reprendre la composition de ce tableau dans un autre de ses tableaux célèbres, Dimanche (1912, huile sur toile, Petit Palais, Genève). Dans cette dernière œuvre, qui met en scène de nombreux personnages en train de déjeuner sur l’herbe, le peintre réintègre la composition de Nature morte en plein air dans la partie gauche du tableau, à travers un ensemble de diagonales contrariées. Signe de l’importance de Nature morte en plein air, Lhote choisira également de le faire figurer dans l’exposition "Salon de la Section d’Or" organisée en 1925 à la galerie Vavin-Raspail. Cette exposition était une reconstitution partielle du salon de 1912, visant à rendre hommage à ces glorieuses années d’avant-guerre au cours desquelles ce groupe d'artistes s'était retrouvé soudé et rassemblé autour d’une conception commune de l’art. Nature morte en plein air fut l’une des rares œuvres choisies par Lhote pour illustrer cette période prestigieuse, soulignant ainsi l’importance de ce tableau dans la carrière du peintre et dans l'histoire du cubisme.