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Nicolas de Staël
Description
- Nicolas de Staël
- Composition
- signé
- huile sur toile
- 204 x 404,5 cm; 80 5/16 x 159 1/4 in.
- Exécuté en 1950.
Provenance
Transmis par descendance au propriétaire actuel
Exhibited
Londres, Whitechapel Art Gallery, Twentieth Century Form, avril-mai 1953; catalogue, no.44, illustré
Londres, Whitechapel Art Gallery, Nicolas de Staël 1914-1955, mai-juin 1956; catalogue, no.44, illustré
Cardiff, National Museum of Wales, prêt longue durée de l'oeuvre, 1973-1988
Paris, Musée National d'Art moderne, Nicolas de Staël, 12 mars-30 juin 2003; catalogue, pp.104-105-218, illustré en couleurs
Martigny, Fondation Pierre Gianadda, Nicolas de Staël 1945-1955; catalogue, pp.84-85, n.12, illustré en couleurs
Literature
Julien Alvard, Roger van Gindertal, Témoignage pour l'Art abstrait, Paris, 1952, p.269, illustré
The New Stateman and Nation, John Berger, Nicolas de Staël at Matthiesen's, Londres, 43, 1er mars 1952, pp.244-245
Jacques Dubourg et Françoise de Staël, Nicolas de Staël : Catalogue raisonné des peintures établi par Jacques Dubourg et Françoise de Staël, Paris, 1968 p.142, p.144 et pp.148-149, illustré
Tate Gallery, Official Guide of the Tate Gallery, Londres, 1968, p.39
Catalogue d'exposition Nicolas de Staël, Centre Georges Pompidou, 1981, p.13, illustré
Jean-Pierre Jouffroy, La Mesure de Nicolas de Staël, Neuchâtel, 1981, p.235, no.22 et pp.56-57, illustré en couleurs
Françoise de Staël, Nicolas de Staël, Catalogue raisonné de l'oeuvre peint, Paris, 1997, pp.107-288-289, illustré en couleurs
Marie du Bouchet, Nicolas de Staël, Une illumination sans précédent, Luçon, 2003, p.45, illustré
Françoise de Staël, Nicolas de Staël, Catalogue raisonné des oeuvres sur papier, 2013, Lausanne/Zurich, p.43, illustré
Catalogue Note
A l’occasion du centenaire de la naissance de Nicolas de Staël, Sotheby’s est très honorée de présenter Composition 1950, le plus grand tableau de Nicolas de Staël jamais offert sur le marché et provenant de la collection de l’éminent historien d’art anglais Denys Sutton.
Installé à Londres, Denys Sutton (1917-1991) a été un critique d’art accompli et engagé, signant ses articles tour à tour dans la presse nationale et internationale. Il se fit connaître dans Country Life, le Daily Telegraph et le Financial Times, avant de devenir à partir de 1962 et cela pour plus de 25 ans, le directeur d’Apollo, la prestigieuse revue d’art anglaise à laquelle il donna ses lettres de noblesse. La liste des expositions qu’il organisa à la Royal Academy et dans bien d’autres institutions internationales est longue : Pierre Bonnard, France in the 18th century, Fragonard, Boucher, Constable, Whistler, Sargent, etc. Sans compter le nombre tout aussi important d’ouvrages érudits consacrés aux artistes : Watteau, Degas, Rodin, Matisse, Picasso etc. et Nicolas de Staël à qui il dédia plusieurs articles et monographies.
La rencontre entre Denys Sutton et Nicolas de Staël s’est faite à la fin des années 1940 par l’entremise de Jean-Jacques Mayoux, ancien résistant et critique littéraire qui se destinait dans ces années à l’enseignement de la littérature anglaise à la Sorbonne.
Denys Sutton avait convaincu Nicolas de Staël de présenter ses œuvres en Angleterre et pour faciliter le contact avec le galeriste Matthiesen chez qui l’exposition aura lieu, l’artiste se rend à Londres fin juillet 1950 dans la perspective de le rencontrer. Durant ce séjour, Staël fait part de ses impressions anglaises de grandeur, de la ville et de la galerie Matthiesen :
« … de premier ordre la galerie mais grande, très grande, en plein milieu de BOND STREET. Pas d’objection pour moi. Mais on est vernis si j’y arrive. Il ne faut plus penser qu’à cela. Ville immense, très assise sur des bases qui paraissent totalement indéracinables, mais alors totalement. …C’est une grande histoire, t’as pas idée de ce qu’est Londres. Sutton veut que mon exposition succède au dessin du XVIIIe, c’est culotté mais il a l’air d’avoir pas peur et de croire en ce que je fais. …Non, l’histoire d’une grande exposition à Londres, quand on sait ce que c’est Londres, c’est une des choses les plus culottées qu’on puisse imaginer. » (in Catalogue Raisonné, pp.897-899, lettre de Nicolas de Staël à Françoise de Staël, datée Londres 31 juillet 1950).
Outre l’espace et la grandeur de Londres, l’artiste décrit la lumière et les couleurs pittoresques de la ville. « …Quelle lumière, non de Dieu. …Tu verras, le palais royal est comme partout, une foule de ballots à regarder les fameux gars rouges, c’est très joli, vraiment très joli. Il y aussi Westminster l’abbaye, une masse énorme de grisaille où éclate un gazon vert sans précédent… Je me suis baladé sur l’eau hier jusqu’à Greenwich, leur école navale, espèce de Palais d’hiver au bord de la Tamise, gris noir, pierres noires colonnes grises froides, seules comme nulle part. » (Ibid.cit.).
Ce voyage de l’artiste à Londres est aussi fait d’appréhension. Le report de l’exposition chez Matthiesen – qui aura lieu finalement en février 1952 - le rassure, au point de le confier à Theodore Schempp, « …exposition à Londres sans progrès, plus ce sera tard, mieux pour moi, le tout c’est d’avoir des toiles déjà vendues là-bas.» (in CR, p.909, lettre de Nicolas de Staël à Theodore Schempp du 17 octobre 1950).
Dès l’automne 1950, Denys Sutton achète justement au peintre Composition 1950 qu’il reçoit courant janvier à Londres. En réalisant cet achat, l’engagement de Denys Sutton vis à vis du peintre et de son œuvre est total car il acquiert le plus grand tableau que l’artiste ait alors jamais réalisé.
Devant Composition 1950, Nicolas de Staël a conscience d'un changement dans sa manière de peindre, ce qu'il partage avec Theodore Schempp et Georges Braque, « …je crois que l’on peut dire que ma façon de suggérer l’espace en peinture est toute nouvelle.» (in CR, p.927, lettre de Nicolas de Staël à Theodore Schempp de décembre 1950).
Pour comprendre l’évolution de la manière de peindre de l’artiste, il faut revenir aux années qui précèdent, celles de l’arrivée de la famille de Staël dans l’atelier rue Gauguet à Paris. En janvier 1947, après avoir connu une succession de lieux de travail exigus, l’artiste trouve enfin, rue Gauguet, un atelier à sa taille où il s’installe avec Françoise sa nouvelle épouse. L’atelier rue Gauguet est un endroit rêvé pour les peintres : il s’élève sur 8 mètres de hauteur, dispose de 6 mètres de largeur et 10 mètres de longueur.
Egalement impressionné par ce grand atelier, Denys Sutton partage les souvenirs de sa visite : « Staël travaille dans le vaste et austère hangar d’un atelier situé dans le quartier d’Alésia, à Paris. Ses toiles, debout contre les murs, ou ses multiples études et notes, disposées en tas par terre, forment de grandes flaques de couleurs vives. C’est un lieu de travail exubérant, où des couleurs sont ciselées et triturées. Les palettes qui encombrent la table ont un aspect alléchant, presque comestible. On sent ici à la fois la lutte et le plaisir. C’est le domaine d’un homme paré à l’action, dont la vie est totalement vouée au mystère de son art ». (Denys Sutton, Nicolas de Staël, in Signature, no.17, 1953, Londres, pp.23-30).
Les photographies datant de 1947-1949 représentent le spacieux atelier rue Gauguet et Composition 1950 posé au milieu, en cours de réalisation. Composition 1950 a cela d’unique dans l’œuvre de l’artiste (ces documents photographiques en témoignent) : sa réalisation se fait sur plusieurs années, celles d’un moment crucial durant lequel l’artiste opère un changement de peindre radical.
Du point de vue stylistique, en cours d'année 1949, Nicolas de Staël renonce aux barres enchevêtrées avec lesquelles il compose ses œuvres. Il les remplace par de larges plans simples qui conservent au tableau sa respiration.
Jean-Paul Ameline précise « ... de 1949 à 1951, en réalisant ses compositions ‘en polygones’, Staël a bouleversé les règles du jeu qu’il avait institué précédemment. Il a refermé progressivement l’espace de ses tableaux, apaisé le tumulte de ses compositions, éclairci sa palette. Dans leur hiératisme, les murailles de peinture qu’il dresse rendent à celle-ci sa nudité, son silence, sa solitude, mais ne la coupent pas du monde des vivants : les épaisseurs superposées de pâte laissent apparaître des couches enfouies, dévoilent des jaillissements subreptices de lumière, laissent percevoir un tremblement secret de la matière. » (in catalogue d’exposition Nicolas de Staël, Centre Pompidou, Paris, 2003, p.18).
Nicolas de Staël est de retour à Londres en 1952, « l’exposition fut ouverte le 21 février. Le vernissage, Matthiesen Gallery, fut mondain et chaleureux, mais la presse ne s’en fit guère l’écho. Seules, quelques chroniques émergent dans l’indifférence ou de la prudence manifestée par Apollo (mars 1952) ou par le Manchester Guardian (25 février 1952). Sans doute, John Russel qualifiait-il Staël dans le Sunday Times (24 février 1952) de ‘the most interesting new painter of the last four or five years’ et le New Stateman and Nation (1er mars 1952) comme Art New and Reviews (8 mars 1952), sous la signature d’A. Garret, lui consacraient-ils des lignes enthousiastes. ». John Russel, conquis par l’artiste et son œuvre, titre son article du Sunday Times « Risk all » et accroche le lecteur par une formule l’invitant à visiter l’exposition, incontournable : ‘There are paintings in which the painter risks everything : it is for us to risk and enhance an hour of irrecoverable life by going to see them.’»
Cette exposition est importante pour l’artiste à plus d’un titre : c’est la première qu’il réalise à Londres après plus d’un an et demi de discussions et préparation, d’attente et de doute pour qu’elle soit un succès auprès des collectionneurs et conservateurs des musées anglais. Elle prend la forme d’une petite rétrospective qui s’ouvre par une Composition de 1946 et se termine avec Les Toits (CR 325) qui appartient aujourd'hui au Musée national d’Art Moderne à Paris. 26 tableaux sont exposés, dont 7 toiles représentaient ses premières bouteilles, pommes et paysages, 14 dessins et le livre des poèmes de René Char. Le plus grand tableau que l’artiste ait peint jusqu’alors, Composition 1950 dont Denys Sutton a fait l’acquisition, fait partie de cette exposition démonstrative et conquérante.
Composition 1950 est le premier grand tableau que l’artiste ait peint. Parmi toutes les œuvres réalisées durant la carrière de Nicolas de Staël, ce tableau se range comme le second le plus grand, derrière Le Concert de 1955 (CR 1100), inachevé et demeurant dans les collections du Musée Picasso à Antibes. Seulement quatre autres grands tableaux, toutefois moins grands que Composition 1950, (200 x 350 cm chacun) auront été réalisés par le peintre entre 1952 et 1953, les mêmes années durant lesquelles les projets d’exposition en Angleterre et aux Etats-Unis animent l’artiste et sa volonté de s’imposer sur la scène artistique internationale. L’un de ces tableaux, Ballet (Bouteilles) de 1953 (CR 576), de l’ancienne collection de M. et Mme Paul Mellon, se trouve désormais dans les collections de la National Gallery of Art à Washington.
Composition 1950 illustre avec majesté la technique du peintre, mais aussi sa patience pour terminer et signer cet immense tableau. Au moins trois années consécutives de travail donnent à cette œuvre une matière hors du commun. Composée d’une dizaine de couches et sous-couches de peinture de teintes différentes, Composition 1950 est un tour de force qui synthétise et anticipe toutes les manières de peindre de l’artiste. Des roses et des rouges jaillissent par superpositions des contours écrasées par les gris. La matière est veloutée et riche comme la surface des hautes mers. Les couleurs sont étendues à l’aide de brosses et de truelles. Les fabuleuses nuances que Staël sut donner aux gris ont fasciné plus d’un commentateur. Dans la préface du catalogue d’exposition chez Matthiesen en 1952 que signe Denys Sutton, il ajoute : « s’inspirant dans une certaine mesure des façades déchirées de maisons familières, de Staël traduit ses impressions et ses sensations en des murs qui s’élèvent dans leur grandeur solitaire. »
Composition 1950 est sans appel un chef d’œuvre d’histoire de l’art tel que le marché en offre rarement. L’épaisseur de la couche picturale accumule l’histoire de cette œuvre dont le fond sert en quelque sorte d’inconscient au tableau : la nécessité de changer et de se surpasser. Cette œuvre scelle aussi son amitié avec Denys Sutton, l’un des plus grand critique d’art au 20esiècle, et cette aventure anglaise dans laquelle l’artiste s’est lancé comme dans une conquête.
Risk All
On the 100th anniversary of Nicolas de Staël’s birth, Sotheby’s is very honored to present Composition, 1950 the largest canvas by Nicolas de Staël ever to appear on the market and originating from the collection of the famous English art historian, Denys Sutton.
Based in London, Denys Sutton (1917-1991) was an accomplished and committed art historian, author of articles in both the national and international press. He became known for his contributions to Country Life, the Daily Telegraph and the Financial Times, before becoming director of the prestigious English art review Apollo in 1962, building up its fame for twenty five years. He organized many exhibitions at the Royal Academy and other international institutions on subjects such as Pierre Bonnard, France in the 18th Century, Fragonard, Boucher, Constable, Whistler, Sargent to name but a few, as well as an important number of scholarly books on Watteau, Degas, Rodin, Matisse, Picasso etc. He also wrote several monographs and articles on Nicolas de Staël.
Denys Sutton met Nicolas de Staël in the 1940s through the intermediary of Jean-Jacques Mayoux, ex-member of the Resistance movement and literary critic teaching English literature at the Sorbonne at the time.
Denys Sutton convinced Nicolas de Staël to present his works in England and put him in contact with the gallery owner Matthiesen who will later show his works. The artist travelled to London at the end of July 1950 inorder to meet him. During his stay, Staël recorded his impressions of England, of its grandeur, the city and the Matthiesen Gallery: “… the gallery is first rate, but big, very big, and right in the middle of BOND STREET. This is not a problem for me. But we will be lucky if I pull it off. I must think only of this. An immense city, very settled on its foundations which seem totally ineradicable, really totally… It has a huge history; you have no idea what London is. Sutton wants my exhibition to take place after 18th century drawing, it seems a hell of a risk but he doesn’t seem worried and he believes in what I do… It’s true that a big exhibition in London, when you know what London is, seems one of the most daring things you can imagine.” (in French in the Catalogue raisonné, pp.897-899, Letter from Nicolas de Staël to Françoise de Staël, dated London, July 31 1950.)
Beyond the space and the grandeur of London, the artist described the city’s picturesque light and colour. “…Such light, goddamn… You’ll see, the royal palace is like everywhere, a host of idiots gazing at the famous red guys, it’s very pretty, really very pretty. There is also Westminster Abbey, a huge mass of greyness with an extraordinary burst of bright green lawn… I took a trip along the river yesterday to Greenwich and their naval academy, a kind of winter palace on the banks of the Thames, blackish grey, black stones, cold, grey columns, standing alone like nowhere else.”
This trip to Londonwas also full of apprehension for the artist. His exhibition at the Matthiesen Gallery was however adjourned to February 1952 which reassured him and he confided to Theodore Schempp, “…no progress with the exhibition in London, the later it is the better for me, the main thing is to have works that have already been sold over there.” (in French in Catalogue Raisonné, letter by Nicolas de Staël to Theodore Schempp, October 17, 1950).
In the autumn of 1950, Denys Sutton did indeed buy Composition 1950 that he received in London during the month of January. In making this acquisition, Denys Sutton committed himself in full to the painter and his work as he had purchased the largest painting ever made by the artist.
In front of Composition 1950, Nicolas de Staël was conscious of a change in his painting style, a feeling he shared with Theodore Schempp and Georges Braque, “… I think that we can say that my way of suggesting space in painting is entirely new.” (in Catalogue Raisonné, p.927, letter by Nicolas de Staël to Theodore Schempp, December 1950).
In order to understand the development of the artist’s painting style it is important to go back to the preceding years when the Staël family arrived in the studio on the rue Gauguet inParis. In January 1947, after a series of narrow, restricted working spaces, the artist finally found a proper sized studio on the rue Gauguet where he moved with his new wife Françoise. The rue Gauguet studio was an ideal place for painters, measuring eight meters high, six meters wide and ten meters long.
Denys Sutton was also impressed by this large studio and shared his memories of his visit: “Staël works in a vast and austere hangar of an atelier situated in the Alésia quarters, in Paris. His canvases propped against the walls, or his many sketches and notes piled in heaps on the ground, form large pools of bright colours. It is an exuberant work place, where colours are whittled and triturated. The palettes weighing down the table have an enticing almost edible air. Here one feels both the struggle and the pleasure. It is the domain of a man prepared for action, whose life is totally devoted to the mystery of his art.” (Denys Sutton, Nicolas de Staël, in Signature, n°17, 1953, London, pp.23-30).
Some photographs dating from 1947-49 represent the spacious rue Gauguet studio and Composition 1950 is at the centre, in the process of being painted. The fact that it was painted over several years (as shown by the photographic documents) is unique to Composition 1950 and coincided with a crucial period during which the artist operated a radical change in his manner of painting.
From a stylistic viewpoint, Nicolas de Staël abandoned the interwoven bars with which he composed his works in 1949. He replaced them by simple, large planes that give the paintings their rhythm and respiration.
Jean-Paul Ameline explains “… from 1949 to 1951, by making his compositions “in polygons” Staël upset the codes he had previously instituted. He progressively closed the space of the paintings, calmed the storm of his compositions, and brightened his palette. The hieratic character of the painted walls he built, gives them their nakedness, their silence, their solitude, but does not remove them from the world of the living: the superposed layers of thick paint allow for glimpses of hidden layers, revealing surreptitious bursts of light, a secret trembling of matter.” (in exhibition catalogue Nicolas de Staël, Centre Pompidou, Paris, 2003, p.18).
Nicolas de Staël went back to London in 1952, “the exhibition opened on February 21. The Matthiesen Gallery opening was urbane and welcoming but the press made little of it. Only a few columns emerged from the indifference or caution demonstrated by Apollo (March 1952) or by the Manchester Guardian (February, 25 1952). Doubtless, John Russel qualified Staël in the Sunday Times (February, 24 1952) as “the most interesting new painter of the last four or five years” and the New Statesman and Nation (March, 1st 1952) like Art News and Reviews (March, 8 1952) signed by A. Garret dedicated a few enthusiastic lines to him.” John Russel, captivated by the artist and his work entitled his article in the Sunday Times “Risk All” and hooked the reader with a key phrase, inviting him to visit the exhibition: “There are paintings in which the painter risks everything: it is for us to risk and enhance an hour of irrevocable life by going to see them.”
This exhibition was important for the artist in many respects: it was his first in London after a year and a half of discussion and preparation, of waiting and doubts for its success with English collectors and museum curators. It closed with Les Toits (CR no.325) which today belongs to the Musée national d’Art Moderne in Paris (Center Pompidou). Twenty six paintings were shown, including seven canvases representing the first bottles, apples and landscapes, fourteen drawings and René Char’s book of poems. The largest painting Nicolas de Staël had painted until then, Composition 1950 purchased by Denys Sutton, was part of this demonstrative and successful exhibition.
Composition 1950 was the first large painting the painter made. Among all the works painted during Nicoals de Staël’s career, this painting can be counted as the second largest, after Le Concert of 1955 (CR no.1100), an unfinished work now in the collection of the Musée Picasso in Antibes. Only four other large paintings, although smaller than Composition 1950, (200 x 350 cm each) were made by the painter between 1952 and 1953, the same years in which exhibition projects in England and the United States motivated the artist and his desire to impose himself on the international art scene. One of these paintings Ballet (Bouteilles), 1953 (CR no.576) previously in the collection of Mr and Mrs Paul Mellon, can now be found in the collection of the National Gallery of Art inWashington.
Composition 1950 majestically illustrates the painter’s technique, but also his patience in finishing and signing this immense painting. At least three consecutive years of work have given this work an extraordinary accumulation of matter. Composed of ten or so layers and underlying layers of different coloured paint, Composition 1950 is a tour de force that synthesizes and anticipates all the artist’s painting styles. Pinks and reds spring through the superposition of contours born down by grey. Matter is velvety and richly textured like the surface of the high seas. The colours are spread across the canvas with brushes and trowels. The fabulous nuances that Staël gave his greys have fascinated more than one critic. In Denys Sutton’s foreword to the Matthiesen Gallery exhibition catalogue in 1952 he writes: “inspired in some measure by the torn façades of familiar houses, de Staël translates his impressions and his feelings into walls that rise up in solitary grandeur.”
Composition 1950 is incontrovertibly a masterpiece of art history rarely to be found on the market. The thickness of the painterly layers acts as an accumulation of the work’s history which forms in some ways the subconscious aspect of this painting: the necessity for change and the surpassing of self. This work also sealed his friendship with Denys Sutton, one of the 20th century’s greatest art critics and this English adventure into which the artist threw himself as if into a conquest.
COMPS
Nicolas de Staël, Le Concert, huile sur toile, 350 x 600 cm, 1956. Musée Picasso, Antibes © D.R.
Composition visible dans l'atelier de la rue Gauguet vers 1947-1949 © D.R.
Palette de Nicolas de Staël © D.R.
Couverture du catalogue d'exposition de Nicolas de Staël à Londres, Galerie Matthiesen, février-mars 1952 © D.R.
Nicolas de Staël dans son atelier © D.R.
Nicolas de Staël, L'Orchestre, huile sur toile, 200 x 350 cm, 1953, collection particulière © D.R.