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Gauguin, Paul
Estimate
20,000 - 30,000 EUR
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Description
- Paul Gauguin
- Lettre autographe signée [à sa femme Mette]. Lutèce 20 fructidor an 91.
2 pages sur un bi-folio, anciennement plié en deux (traces de pliure). La date révolutionnaire "Lutèce 20 fructidor an 91" correspond au 7 septembre 1883 dans le calendrier grégorien.
"Chère Madame, Il est important que vous sachiez si le 7 septembre est un jour de fête ; peut-être l’avez-vous oublié"...
A cette date, les relations entre Gauguin et sa femme Mette, née Sophie Gad (1850-1920), sont en effet particulièrement tendues. Ils se rencontrent en 1872, alors que Gauguin s’engage dans une carrière d’agent de change à la Bourse de Paris. La confortable vie bourgeoise qu’ils partagent tout d'abord s’effondre en 1882, lorsque Paul annonce à Mette qu’il abandonne son emploi pour se consacrer à la peinture. La famille tombe rapidement dans la pauvreté, amenant les époux à se réfugier au Danemark chez les parents de Mette, puis à se séparer en 1885.
"[...] Vos enfants sont les jeunes pousses qu’un rayon de soleil ranime et fortifie, vous avez une année de moins mais un enfant de plus [...]"
En septembre 1883, lorsque Gauguin rédige cette lettre, Mette est enceinte de Paul Rollon, dit Pola Gauguin, qui naît trois mois plus tard, le 6 décembre. Pola est le cinquième enfant du couple, après Emile, Alice, Clovis et Jean René ; artiste-peintre, elle est l’auteur de Mon père, Paul Gauguin, paru en 1937.
Une référence au 17 septembre reste mystérieuse : "[...] Je le connais votre chenapan de mari, il n’ose vous dire aujourd’hui que le 17 sept. lui rappelle une fameuse naissance"... S’agirait-il pour Gauguin d'évoquer leur première rencontre amoureuse ?
La lettre témoigne des sentiments que Gauguin conservera très longtemps à sa femme, mêlés de cette gentillesse et de cette délicatesse par lesquelles on sentira, jusqu’à la rupture définitive en 1891, le regret d’avoir eu à choisir une existence éloignée de toute vie de famille. "Si la vie a quelquefois ses revers à côté de ce grognon de Paul en revanche le bonheur est là où on aime ; chez l’époux il y a la sévérité, interrogez son cœur il vous répondra (I elske) [j’aime, en langue danoise]."
L’INHA (BnF) conserve quelques 80 lettres originales de Gauguin, dont la première à Mette date du 24 mai 1885 seulement. Une comparaison détaillée permet d’authentifier le papier de celle-ci, identique à l’un de ceux utilisés par Gauguin dans les années 1880, la graphie et la signature, qui varie très souvent chez le peintre. Celle-ci "PGauguin", lie le "P" fuyant au patronyme. Elle porte les trois petits points de soulignement que Gauguin abandonnera définitivement en 1886.
Le ton de cette lettre, dans laquelle Gauguin parle de lui-même à la troisième personne, est inhabituel. Les collections publiques ne conservant aucune lettre de cette époque à Mette, il est difficile d’affirmer que Gauguin n’utilisait pas avec Mette ce ton faussement léger et badin qu’il adopte vraisemblablement pour charmer son épouse et se faire "pardonner". Il est tentant de sentir ici la présence ou du moins l’influence pleine de positive bonhomie de son meilleur ami et conseiller intime, Emile Schuffenecker, sous la dictée duquel il aurait pu l’écrire, la signant ensuite de son nom.
lettre tout à fait originale, hors du commun, qui semble être le résultat d’une brouille entre époux que Gauguin tente de résoudre avec humour.
référence : INHA, Ms 211 Gauguin, Lettres à sa femme.
"Chère Madame, Il est important que vous sachiez si le 7 septembre est un jour de fête ; peut-être l’avez-vous oublié"...
A cette date, les relations entre Gauguin et sa femme Mette, née Sophie Gad (1850-1920), sont en effet particulièrement tendues. Ils se rencontrent en 1872, alors que Gauguin s’engage dans une carrière d’agent de change à la Bourse de Paris. La confortable vie bourgeoise qu’ils partagent tout d'abord s’effondre en 1882, lorsque Paul annonce à Mette qu’il abandonne son emploi pour se consacrer à la peinture. La famille tombe rapidement dans la pauvreté, amenant les époux à se réfugier au Danemark chez les parents de Mette, puis à se séparer en 1885.
"[...] Vos enfants sont les jeunes pousses qu’un rayon de soleil ranime et fortifie, vous avez une année de moins mais un enfant de plus [...]"
En septembre 1883, lorsque Gauguin rédige cette lettre, Mette est enceinte de Paul Rollon, dit Pola Gauguin, qui naît trois mois plus tard, le 6 décembre. Pola est le cinquième enfant du couple, après Emile, Alice, Clovis et Jean René ; artiste-peintre, elle est l’auteur de Mon père, Paul Gauguin, paru en 1937.
Une référence au 17 septembre reste mystérieuse : "[...] Je le connais votre chenapan de mari, il n’ose vous dire aujourd’hui que le 17 sept. lui rappelle une fameuse naissance"... S’agirait-il pour Gauguin d'évoquer leur première rencontre amoureuse ?
La lettre témoigne des sentiments que Gauguin conservera très longtemps à sa femme, mêlés de cette gentillesse et de cette délicatesse par lesquelles on sentira, jusqu’à la rupture définitive en 1891, le regret d’avoir eu à choisir une existence éloignée de toute vie de famille. "Si la vie a quelquefois ses revers à côté de ce grognon de Paul en revanche le bonheur est là où on aime ; chez l’époux il y a la sévérité, interrogez son cœur il vous répondra (I elske) [j’aime, en langue danoise]."
L’INHA (BnF) conserve quelques 80 lettres originales de Gauguin, dont la première à Mette date du 24 mai 1885 seulement. Une comparaison détaillée permet d’authentifier le papier de celle-ci, identique à l’un de ceux utilisés par Gauguin dans les années 1880, la graphie et la signature, qui varie très souvent chez le peintre. Celle-ci "PGauguin", lie le "P" fuyant au patronyme. Elle porte les trois petits points de soulignement que Gauguin abandonnera définitivement en 1886.
Le ton de cette lettre, dans laquelle Gauguin parle de lui-même à la troisième personne, est inhabituel. Les collections publiques ne conservant aucune lettre de cette époque à Mette, il est difficile d’affirmer que Gauguin n’utilisait pas avec Mette ce ton faussement léger et badin qu’il adopte vraisemblablement pour charmer son épouse et se faire "pardonner". Il est tentant de sentir ici la présence ou du moins l’influence pleine de positive bonhomie de son meilleur ami et conseiller intime, Emile Schuffenecker, sous la dictée duquel il aurait pu l’écrire, la signant ensuite de son nom.
lettre tout à fait originale, hors du commun, qui semble être le résultat d’une brouille entre époux que Gauguin tente de résoudre avec humour.
référence : INHA, Ms 211 Gauguin, Lettres à sa femme.