PF1313

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Lot 15
  • 15

Baudelaire, Charles

Estimate
6,000 - 8,000 EUR
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Description

  • Baudelaire, Charles
  • Lettre autographe signée à sa mère, Madame Aupick. Lundi 31 octobre 1853.
S.l., Lundi 31 Oct. 1853, 4 pp. sur un feuillet double in-8.

"J'attendais toujours, ma chère mère, ou que tu m'écrives un mot, ou que tu allasses à Neuilly [...]". Baudelaire lui fait part de ses soucis d'argent. Il mentionne évidement Ancelle "avec qui je suis convenu que je ne prendrais rien chez lui d'ici à la fin de février". Il a donc besoin d'argent et dresse une liste de ses dépenses : "40 francs de loyer",  "60 francs pour la question des vêtements" et enfin "100 francs qui me permettraient de rester enfermé tous le mois de novembre, si cela me plaît, et de ne pas perdre jour à jour tout mon mois " La lettre se termine là et reprends "aurai-je besoin encore d'être aidé par toi en décembre? Je ne le crois pas. [...] Moyennant tout cela, je considère comme sûr que mon malheureux livre serait fini dans huit jours! - à la condition de rester enfermé". Il s'agit des traductions de Poe. Puis il s'attaquera à quelques "articles arriérés" qu'il souhaite terminer en trois semaines. Il insiste sur les 100 francs qui lui permettront de rester chez lui et donc de terminer son travail "je pourrai peut être non seulement finir mon livre avant le milieu du mois, mais encore me réconcilier pleinement avec le libraire, et recommencer à neuf l'exécution des projets que j'aurais dû parfaire il y a un an [...] Remarque bien que je ne veux absolument pas sortir, autrement je n'en finirais jamais, - le restaurant me fait perdre trois ou quatre heures par jour [...]. Ce jour il va se rendre au journal "Paris" "savoir quand décidément on m'imprime" (Les traductions de Poe comme "Le Chat noir" et "Morella" parurent dans ce journal les 13 et 15 novembre). Adieu, et tache de comprendre combien tout cela est judicieux. Charles".

Catalogue Note

Très tôt, dès 1847, Baudelaire voua une passion à Poe. Les traductions qu'il fit de ses contes commenceront à paraître dans le journal Le Pays dès juillet 1854 puis en volume dès 1856 avec Les Histoires extraordinaires, Les Nouvelles histoires extraordinaires en 1857, Les Aventures d'Arthur Gordon Pym en 1858, Euréka en 1863 et les Histoires grotesques et sérieuses en 1865. Avant la publication de son chef-d'oeuvre Les Fleurs du mal, le poète est donc surtout connu comme le traducteur d'Edgar Allan Poe.
Baudelaire, dont le père mourut alors qu'il était encore très jeune, hérita d'une somme d'argent importante. Cette somme fut, à partir de 1844, gérée par Maître Narcisse Ancelle, ami de Madame Aupick. Cette lettre est un parfait exemple de la manière dont Baudelaire contourna souvent la rigidité de son conseil financier en faisant appel à sa mère pour l'aider pécuniairement.

Cette lettre a été publiée par Claude Pichois. Baudelaire, Correspondance I, Bibliothèque de la Pléiade 1993, p. 232-233 et p. 832-833.

Provenance : Caroline Aupick. -- Armand Godoy (n° 47, cf. Pléiade).