PF1303

/

Lot 8
  • 8

[Duguay-Trouin -- Rio de Janeiro] -- René de Parcevaux

Estimate
60,000 - 90,000 EUR
bidding is closed

Description

  • [Duguay-Trouin -- Rio de Janeiro] -- René de Parcevaux
  • Manuscrit -- Journal [de bord des 5 campagnes navales] du chevalier de Parcevaux lieutenant de vaisseau… 1708-1720. 172 pages sur 86 feuillets in-folio.
1708 : Açores, menée par Duguay-Trouin
1710 : Martinique, menée par Champmeslin
1711 : Rio de Janeiro, menée par Duguay-Trouin
1716 : contre les pirates de Salé, menée par Sainvilliers
1719-1720 : prise de Pensacola, menée par Champmeslin.
Petit in-folio (295 x 210 mm), cartonnage toile de jute naturelle, de l'époque.
Défauts d'usure, sans manques : une garde déchirée, 6 feuillets déreliés, couture relâchée en fin de volume. Toile usagée et coins frottés.

Literature

Relation de l'expédition de Rio de Janeiro par une escadre de vaisseaux du Roy que commandait Mr Du Guay-Trouin en 1711, 1712. -- René Duguay-Trouin, Mémoires, 1730, 1740. -- Jean-Yves Nerzic, Duguay-Trouin armateur malouin corsaire brestois, 2012.

Condition

Défauts d'usure, sans manques : une garde déchirée, 6 feuillets déreliés, couture relâchée en fin de volume. Toile usagée et coins frottés.
"In response to your inquiry, we are pleased to provide you with a general report of the condition of the property described above. Since we are not professional conservators or restorers, we urge you to consult with a restorer or conservator of your choice who will be better able to provide a detailed, professional report. Prospective buyers should inspect each lot to satisfy themselves as to condition and must understand that any statement made by Sotheby's is merely a subjective, qualified opinion. Prospective buyers should also refer to any Important Notices regarding this sale, which are printed in the Sale Catalogue.
NOTWITHSTANDING THIS REPORT OR ANY DISCUSSIONS CONCERNING A LOT, ALL LOTS ARE OFFERED AND SOLD AS IS" IN ACCORDANCE WITH THE CONDITIONS OF BUSINESS PRINTED IN THE SALE CATALOGUE."

Catalogue Note

Descendant d’une lignée de d’officiers de la Royale, René de Parcevaux (1615-1750) naquit dans le château familial de Tronjoly (près de Saint-Pol de Léon), dans une famille de Bretagne dont les ancêtres portent les noms de Kerjean, Kergoët, Kersauzon… Doué de vrais talents de dessinateur, comme on le voit dans ce journal, Parcevaux, selon la tradition familiale,  aurait laissé un important recueil de dessins, dont la trace a été perdue. René de Parcevaux mourut sans postérité.

Le journal, fantastiques mémoires de 11 onze années de campagnes à bord des plus gros navires de la flotte de louis xiv, couvre les années 1708 à 1719. Il s’ouvre sur certaines notions de base sur le gréement des  navires (règles, mesures, mâts, voiles, cables…). Suivent les 5 expéditions  auxquelles il prend part. Il en donne les comptes-rendus détaillés : route suivie, positions (latitude et longitude), force du vent, navires capturés, toutes données indiquant que Parcevaux  est proche des officiers pilotes et peut partager ces informations confidentielles.

- 1708, Campagne aux Açores sous le commandement de Duguay Trouin, sur le Saint-Michel (74 canons, 650 hommes) commandé par Mr de Girardin [Géraldin]. 12 juillet-11 décembre 1708. 28 pages. Etrange expédition, préambule à la funeste mission sur Rio de Janeiro par Du Clerc,  gardée secrète par Duguay Trouin, et qui avait pour but d’intercepter aux Açores la flotte annuelle chargée de métaux précieux en provenance de Rio en route pour Lisbonne. Parcevaux relève les côtes des îles de Pico, Fayal et Saint-Georges (6 dessins en noir ou en couleurs). L’opération est un échec, tactique et financier, pour Duguay-Trouin dont la fortune était passée dans l’armement de ces 8 gros navires.

-1710-1711, Campagne en Martinique sur L’Hélizabet [L’Elisabeth] (70 canons, 430 hommes), commandé par Mr de Champmeslin [Gilles Des Nos-Champmeslin], capitaine. 2 septembre 1710-17 mai 1711. 12 pages. « Le projet de l’armement de Lelizabet et de la thetis de 44 canons ettoit de passer mr de phelipau a la Martinique qui y alloit vice roy et mr de valernaud a st domingue pour gouverneur ». Parcevaux relève les côtes et rochers étonnants (4 dessins noir ou couleur). Il note que le 2 décembre, arrivé à L’Isle St  Alouzie à sept lieuses de la Martinique, l’escadre découvre  4 vaisseaux sauvés de l’expédition de Du Clerc à Rio de Janeiro, dont il donne la description. La perte de Du Clerc avec 600 hommes de cette escadre fut une des causes premières de la décision de Louis XIV d’y envoyer l’année suivante Duguay-Trouin avec mission de retrouver les hommes et piller la ville.

-1711, Campagne de Riogenero [Rio de Janeiro] a la coste du bresil, dans L’Achille (68 canons, 554 hommes) commandé par le Chevalier de Beauve. 23 mai 1711-10 février 1712. 60 pages.
On ne connait le détail de cette expédition, la plus célèbre de Duguay-Trouin, que par 3 documents originaux : la Relation de l’expédition de Rio de Janeiro par une escadre de vaisseaux du Roy que commandait Mr Du Guay-Trouin en 1711, qui est le rapport officiel dressé par l’écrivain officiel embarqué, signé par Duguay (1712) ; le court compte-rendu qu’en donne Duguay-Trouin dix ans plus tard dans ses Mémoires (édition clandestine en 1730) ; et enfin le seul autre récit connu d’un homme embarqué, le garde-marine Parscau du Plessis (manuscrit inédit, conservé au Port de Brest).

60 pages sont consacrées à cette extraordinaire campagne décidée entre louis xiv et Duguay-Trouin pour sauver le clerc, prisonnier des Portugais à Rio de Janeiro, et piller la ville de toutes ses richesses.
15 navires sont affrétés, 6 000 hommes sont embarqués pour cette opération à la fois corsaire et de guerre. La traversée est détaillée au jour le jour, Parcevaux ayant accès aux cartes du pilote. Il indique ici encore le nombre de lieues parcourues, le temps, le cap et la position, mais donne aussi des détails sur les navires rencontrés (et saisis), les techniques choisies pour les abordages, la vie à bord, les escales… Le 12 septembre, l’escadre pénètre dans la baie. Parcevaux donne une description très détaillée du déroulement de cette attaque que Duguay-Trouin avait ordonnée la plus rapide possible vu le nombre énorme de batteries installée à l’entrée et dans la baie. Le rapport de Parcevaux complète celui de Duguay par mille détails (positions des vaisseaux, type de projectiles, meteo, nombre de blessés et de morts, révélations des prisonniers. Le capitaine de Bauve, l’un des trois officiers à qui Duguay ordonna de donner l’attaque à terre, fut au cœur de l’action ; Parcevaux qui est l’un de ses officiers donne une description détaillée de ce débarquement ainsi que des actions entreprises les jours suivants pour prendre la ville elle-même, auxquelles il participe. Il donne le lieu de résidence que choisit Duguay, indique qu’un moine apporta le 22 septembre une demande de capitulation « au nom des habitants », qui fut rejetée, participe à l’attaque sur les troupes portugaises repliées, évoque les pillages passés sous silence par Duguay dans les Mémoires, indique jour par jour les minuscules avances que se font l’une et l’autre les parties en négociation au début du mois d’octobre (détails inédits) : « Le premier d’octobre lon entama quelques propositions pour le Rachat de la ville. Le 2 tout fut rompu. Le 3 le gouverneur envoya 15 bœufs. Le 4, Mr du guay lui envoya du pain et deux barrils de vin […] » Suivent les intimidations que choisit Duguay pour contraindre le gouverneur de Rio de payer pour le rachat de sa ville. Puis jour par jour, jusqu’au 1er novembre, les divers paiements, le retour des Portugais dans leurs maisons, les échanges d’otages, l’embarquement progressif des biens, des blessés et malades installés aux Bénédictins, puis au fur et à mesure du danger décroissant, des hommes vaillants, jusqu’au 2 novembre. Le « rachat » de Rio de Janeiro rapporta 1.3 tonne d’or à la France, sans compter 1 600 000 livres d’or et d’argent dans deux navires emportés jusqu’en Martinique par une tempête.
Deux navires ne rentrèrent jamais. On constate le professionnalisme de Parcevaux, qui alors qu’il indique qu’ « il ne nous manquait que le magnanime, le fidelle et le chancelier, ces deux premiers sont péris dans le coup de vent », ne spécifie pas qu’il y perd son oncle, Robert de Parcevaux, mort le 22 janvier à bord du Magnanime.

Cette extraordinaire relation est illustrée de 3 vues aquarellées, décrivant : la rade de Saint-Vincent (Cap Vert), une superbe  vue montrant l’entrée de l’escadre dans la baie de Rio, et une très rare vue de la ville de Rio de Janeiro vue du mouillage.

-13 juillet-12 novembre 1716, Campagne contre les corsaires de Salé (Maroc) sur l’Amazone sous le commandement du Sieur de Sainvilliers. 30 pages. Les pirates musulmans aidés de renégats européens écumaient les mers contre les navires chrétiens.

-13 avril 1719-2 janvier 1720, Campagne vers la Martinique, à bord de l’Hercule commandé par Mr de Chameslin [Champmeslin, commandant du Port de Brest depuis 1716], Cuba, le Mississipi, Saint-Domingue… Champmeslin est sommé de reprendre Pensacola (Floride), repris par traitrise par les Espagnols après la victoire française du 25 mai 1719.
Parcevaux donne ici une très rare relation de la prise et de la reprise de Pensacola (16 septembre 1719, à laquelle il participe) contre les Espagnols, avec l’aide des Indiens. 25 pages.

Le journal s’achève sur un chapitre de marin expérimenté,  «  Recueil de plusieurs bonnes maneuvres », donnant la solution à quelques situations difficiles durant les courses en mer, dont  la Manière d’éviter un combat inégal contre un vaisseau qui est sous le vent et près de vous »,   ou encore comment s’éloigner d’une côte inabordable vers laquelle on est poussé par le vent…
Détail particulièrement attirant, sous les gardes décollées en tête et en fin du volume, les défets portent des notes rapides par Parcevaux listant les effets qu’il doit emporter à bord : « [Premier contreplat :] 12 juin 1719, seize chemises… 4 draps…7 mouchoirs… [Second contreplat :] une paire de pistolest (sic) onze faux fouraux… 2 poires a poudre une plaine… 6 chemises de toille de hollande garnye, 1 habit galoné et la culotte, une veste de tissu d’argent… ».

Les relations du chevalier de Parcevaux, inédites, furent jusque aujourd’hui conservées entre les mains des descendants du marin.