Eluard, Paul -- Paul Bonet

édition originale. In-16 (107 x 67 mm). Tirage limité à 30 exemplaires sur papier de Chine, celui-ci n° 5. Quelques exemplaires répertoriés sur papier rose ou jonquille. 

Exemplaire enrichi du manuscrit autographe des poèmes n° 13 et n° 2 (dans cet ordre) de l’Univers solitude, sur 3 feuillets de papier pelure bleu, signé à la 3e page :

"Une prison découronnée
En plein ciel
Une fenêtre enflammée
Où la foudre montre ses seins
Une nuit toute verte
Nul ne sourit dans cette solitude
Ici le feu dort tout debout
A travers moi.



(...)



Si je vis aujourd’hui
Si je ne suis pas seul
Si quelqu’un vient à la fenêtre
Et si je suis cette fenêtre
Si quelqu’un vient
Ces yeux nouveaux ne me voient pas
Ne savent pas ce que je pense
Refusent d’être mes complices 



Et pour aimer séparent."



"Village de la lassitude
Où les filles ont les bras nus
Comme des jets d’eau
La jeunesse grandit en elles
Et rit sur la pointe des pieds.

Villages de la lassitude
Où tous les êtres sont pareils."



envoi autographe du poète au relieur Paul Bonet : "Exemplaire Paul Bonet et le plus beau des exemplaires, Paul Eluard."



reliure signée paul bonet : Box noir, plats ornés d’un décor traité finement, comme une miniature surréaliste, de pièces de veau de différents tons de vert, brun et rouge mosaïquées, petites nuages de veau bleu, étoiles de veau blanc et dorées, doublure bord-à-bord de box ivoire à décor irradiant de filets dorés, à froid et d’étoiles dorées et de pièces de veau vert, bleu et rouge. Chemise et étui.

Paul Bonet, ex-libris, envoi (Bibliothèque Paul Bonet, 22-23 avril 1970, n° 155) - Jaime Ortiz-Patiño (New York, 21 avril 1998, n° 94).

Paul Bonet, Carnets, n° 964 : "Une des reliures que je préfère, je suis parvenu sur cette petite surface à réaliser une composition aérée et bien surréaliste". -- Paul Eluard, Oeuvres complètes I, La Pléiade, p. 289 et suiv. et p. 1417 et suiv.

Ce petit recueil publié en 1930 regroupe des poèmes qui sont l'expression de ce ton propre à Paul Eluard, cet "accent si pur [...] qui n'est que la décantation d'un feu intérieur" comme l'écrit André Rolland de Renéville (Dernier état de la poésie surréaliste, N.R.F., 1932, 1er janvier, pp. 290-291).

Si Paul Bonet affirme, en notes du référent 607 de ses Carnets, "avoir bien servi Apollinaire", on peut constater qu'il a rendu également de beaux hommages aux publications surréalistes qu'il a magnifiées par son originalité et sa créativité. Cette délicate de reliure en est la parfaite illustration. Pour preuve, il conserva cet exemplaire dans sa bibliothèque personnelle.