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Cendrars, Blaise--Delaunay, Sonia
Description
- Cendrars, Blaise--Delaunay, Sonia
- La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France. Couleurs simultanées de Mme Delaunay-Terk.Paris, Editions des Hommes Nouveaux, 1913.
illustration : composition au pochoir de Sonia Delaunay tout au long des 445 vers de Blaise Cendrars : le texte, composé de corps de caractères et de couleurs différents, est illustré sur la gauche d'une grande composition abstraite, rehaussé en couleurs dans les fins de lignes.
tirage : exemplaire n° 17, l'un des rarissimes sur Japon. La justification du tirage annonce 150 exemplaires numérotés, dont 8 sur parchemin, 28 sur Japon et 114 sur simili-Japon. Le nombre des exemplaires réellement composés et assemblés reste inconnu. Antoine Coron, directeur de la Réserve des Livres Rares de la Bibliothèque nationale de France, a, à ce jour, répertorié 72 exemplaires de la Prose (information qu'il nous a aimablement communiquée), auxquels s'ajoute celui-ci, ce qui porte le nombre à 73.
la prose a été assemblée par sonia delaunay, qui l'a numérotée 17 et signée au crayon gris. elle porte également la signature de blaise cendrars de la main droite.
Provenance
Literature
Catalogue Note
"Madame Delaunay a fait un si beau livre de couleurs que mon poème en est plus trempé de lumière que ma vie. Voilà ce qui me rend heureux" (Blaise Cendrars in Der Sturm, septembre 1913. Miriam Cendrars, p. 316).
La Prose du Transsibérien de Blaise Cendrars et de Sonia Delaunay est une œuvre phare de l'histoire de la modernité. La collaboration de Blaise Cendrars et Sonia Delaunay engendre un objet inédit, ouvrage de deux mètres de haut et de trente-six centimètres de large. Les 150 exemplaires initialement prévus devaient atteindre bout à bout la hauteur de la tour Eiffel, cette tour qui fascinait Cendrars et Robert Delaunay et que Sonia Delaunay représente en rouge au bas de la Prose. C'est au pied de cette tour que Cendrars découvre le train du Transsibérien lors de sa visite à l'Exposition Universelle de 1900.
Plus qu'un livre illustré, la Prose s'impose donc comme un véritable tableau-poème, une œuvre d'art totale. Le texte, les formes, les couleurs se mêlent et se répondent. La typographie totalement inédite pour l'époque, faite de caractères de tailles, de formes et de couleurs différentes, accompagne cette volonté de créer un langage nouveau.
En août 1897, Cendrars (de son vrai nom Fred Sauser) et sa famille déménagent à Bâle. Au cours de l'année scolaire 1898-1899, il devient ami avec August Suter, tous deux sont alors âgés de douze ans. Cette même année, Cendrars fut renvoyé du lycée et il faudra attendre dix ans, pour que le hasard réunisse une nouvelle fois les deux amis. Un matin de janvier 1911, Cendrars aperçoit son vieux camarade au Louvre en pleine contemplation d'un tableau de Constable "La Vague". Suter est devenu sculpteur. Il exécutera d’ailleurs, cette même année, un buste du poète. Les retrouvailles sont évidentes. Ils ne se quittent plus. Cendrars lui présente Féla, sa compagne, et lorsqu'il quitte Paris, il lui écrit très souvent, de Saint Petersbourg, de New York ou d'ailleurs.
« Je n'ai jamais ressenti autant de sympathie pour un homme » dira-t-il à son propos (Miriam Cendrars. Blaise Cendrars, p. 221). A la naissance de son premier fils Odilon en avril 1914, c’est tout naturellement qu’il lui écrit : « Féla a mis au monde, ce matin, un garçon. En bonne santé. Tout va bien. J’ai maintenant besoin de deux témoins pour la déclaration de police. Puis-je compter sur vous et sur Budgen ? ». Un grand oncle ou grand père d’August Suter, Johann August Suter, aventurier dont la ruée vers l'or lui fut fatale, inspirera à Cendrars le héros de son premier roman « L’Or », paru en mars 1925 chez Grasset.
cet exemplaire, un des rares signés de la main droite, a sans doute été offert dès sa parution à son ami d'enfance. à cette époque, les deux hommes se voient régulièrement. suter le conserva toute sa vie précieusement. il fut conservé jusqu'aujourd'hui dans sa famille.