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Paire de porte-torchères en placage de bois de violette, bronze doré et porphyre d'époque Restauration, vers 1820, attribuée à Alexandre-Louis Bellangé
Description
- Haut. 115,5 cm, larg. 34 cm, prof. 34 cm
- Height 45 1/2 in; width 13 1/2 in; depth 13 1/2 in
Literature
H. Roberts, For the King's Pleasure, Royal Collection Trust, 2001, p.186, fig. 219 pour la variante en corne teintée bleu ; p.218, fig. 258 pour la paire à plaques de porcelaine du Drawing-Room de Windsor Castle
S. Cordier, Bellangé, ébénistes, Une histoire du goût au XIXe siècle, Paris, 2012, pp.262-267
Catalogue Note
Issu d’une grande dynastie d’ébénistes parisiens de la première moitié du XIXe siècle, Alexandre-Louis Bellangé, ébéniste breveté du Duc d’Orléans, commença comme son père à produire des meubles ornés de laques ou de plaques de porcelaine, avant de créer des meubles en marqueterie Boulle ou de bois de rose, suivant l’évolution de la mode. Il obtint notamment une double médaille d’or en 1844, année où il exposa des "pastiches" de Boulle. Le roi lui acheta une table en marqueterie Boulle en 1844. Alexandre-Louis Bellangé reprit l’entreprise de son père Louis-François au 33 rue des Marais Saint-Martin avant 1825, et il est probable qu’ils aient collaboré pour la réalisation de la série de porte-torchères aux têtes de béliers.
La série des porte-torchères à têtes de béliers
Nos porte-torchères puisent directement leur source dans l’œuvre d’André-Charles Boulle : Bellangé s'inspira des gaines surmontées de quatre têtes de bélier en bronze doré formant les montants des cabinets du célèbre ébéniste (conservés au Louvre, OA 5468) pour élaborer le fût de ses porte-torchères.
L’âge d’or de la production de porte-torchères se situe au XVIIe siècle, ainsi qu’au début du XVIIIe siècle. Après quoi, leur usage décline jusqu’à la fin de l’Ancien Régime. L’intérêt ressuscité du XIXe siècle pour ce type de meubles fait de ces pièces originellement réalisées en menuiserie (à l’exception notable de Boulle) des supports de décors précieux, des objets de curiosité destinés à être exposés en tant qu’œuvres à part entière.
Dans cette logique, Bellangé réalisa toute une déclinaison de porte-torchères du même modèle. Nous pouvons ainsi citer à titre de comparaison :
- une paire à fond de corne teintée bleu originellement acquise par George Watson Taylor
- deux paires dont une à fond d’amarante conservées dans les collections de Wrotham Park
- plusieurs paires ornées de plaques de porcelaine, dont deux sont toujours conservées au château de Windsor dans les collections royales.
Ce modèle de porte-torchères se retrouve dans plusieurs collections majeures au fil du XIXe siècle : deux paires achetées pour Carlton House furent données par George IV à sa maîtresse Lady Conyngham ; une paire fut décrire dans le catalogue de la prestigieuse vente des collections de William Beckford à Fonthill (1823) ; une autre se trouvait dans les collections de George Watson-Taylor à Erlestoke ; une autre appartint successivement à Watson-Taylor, George IV, au comte de Pembroke et à Lord Normanton.
La clientèle anglaise était donc particulièrement friande de ce modèle de porte-torchères. Il faut noter ici qu’avant 1824, Louis-Alexandre Bellangé collaborait avec le marchand de curiosité Philippe-Claude Maëlrondt, qui se disait « commissionnaire pour l’étranger » et expédiait de nombreux meubles en Angleterre.
Plus proche de nous, deux paires de porte-torchères à plaques de porcelaine sont passées en vente. L’une chez Sotheby’s à Monaco en février 1978, lot 60, l’autre chez Christie’s à New York, le 20 octobre 2006, lot 760 (273 600 $). La paire de Fonthill appartenait à la galerie Frémontier en 1991. La paire Erlestoke est à la galerie Carlton Hobbs.