- 23
Figure de reliquaire, XIXe siècle, Fang, Gabon
Estimate
500,000 - 700,000 EUR
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Description
- Fang
- Figure de reliquaire, XIXe siècle
- wood
- 57 cm (avec le tenon)
- 22 2/5 in
Provenance
Collection Georges de Miré (1890-1965), Paris, 1920-1931
Drouot, Collection G. de Miré, Sculptures anciennes d'Afrique et d'Amérique, Paris, 16 Décembre 1931, n°49
Collection Nico Mazaraki, Paris
Albert Kleinmann, Paris
Christie’s, Paris, 14 juin 2004, n°186 et couverture
Collection privée, New-York
Socle de Kichizô Inagaki
Drouot, Collection G. de Miré, Sculptures anciennes d'Afrique et d'Amérique, Paris, 16 Décembre 1931, n°49
Collection Nico Mazaraki, Paris
Albert Kleinmann, Paris
Christie’s, Paris, 14 juin 2004, n°186 et couverture
Collection privée, New-York
Socle de Kichizô Inagaki
Exhibited
Cercle Volney, Paris, Les arts africains, 3 juin - 7 juillet 1955
New York, Metropolitan, Museum of Art, Eternal Ancestors: the Art of the Central African Reliquary, 2 octobre - 2 mars 2008
New York, Metropolitan, Museum of Art, Eternal Ancestors: the Art of the Central African Reliquary, 2 octobre - 2 mars 2008
Literature
Lejard, Les arts africains, 1955, n°239
Perrois, Statuaire Fan, Gabon, 1972, p. 256, n°167
LaGamma, Eternal Ancestors : the Art of the Central African Reliquary, New York, 2008, p. 186, n°37
Perrois, Statuaire Fan, Gabon, 1972, p. 256, n°167
LaGamma, Eternal Ancestors : the Art of the Central African Reliquary, New York, 2008, p. 186, n°37
Condition
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"In response to your inquiry, we are pleased to provide you with a general report of the condition of the property described above. Since we are not professional conservators or restorers, we urge you to consult with a restorer or conservator of your choice who will be better able to provide a detailed, professional report. Prospective buyers should inspect each lot to satisfy themselves as to condition and must understand that any statement made by Sotheby's is merely a subjective, qualified opinion. Prospective buyers should also refer to any Important Notices regarding this sale, which are printed in the Sale Catalogue.
NOTWITHSTANDING THIS REPORT OR ANY DISCUSSIONS CONCERNING A LOT, ALL LOTS ARE OFFERED AND SOLD AS IS" IN ACCORDANCE WITH THE CONDITIONS OF BUSINESS PRINTED IN THE SALE CATALOGUE."
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Catalogue Note
La collection Georges de Miré de « Sculptures anciennes d’Afrique »
Le 16 décembre 1931, après deux semaines d’exposition à la galerie Charles Ratton, la collection de Sculptures anciennes d’Afrique et d’Amérique de Georges de Miré (1890-1965) était dispersée à l’hôtel Drouot par Maître Bellier, assisté des experts Charles Ratton et Louis Carré. Les photographies de l’exposition révèlent la qualité sidérante des œuvres réunies par Georges de Miré, à une époque pionnière en France. Auteur de la préface du catalogue, Georges-Henri Rivière (alors sous-directeur du musée d’ethnographie du Trocadéro) avoue sa déception devant le fait que le musée « ne soit pas encore assez riche pour s’offrir en bloc cette magnifique collection [alliant] dans le domaine de l’art primitif, autant de beauté digne de tant de science ». Sa sélection illustre la grande qualité des objets de chaque style, avec notamment la statue assise Dogon/Bombou Toro (Leloup, 1994, n° 75), le masque en ivoire Lega du musée Picasso, l’appuie-tête en ivoire Luba (Dapper, 1989, couverture) et l’ensemble magistral de sculptures "Pahouines" – autant de chefs-d’œuvre aujourd’hui universellement célébrés.
À la résonance légendaire d'un nom lié à la genèse des grandes collections et ventes parisiennes, s’oppose l’absence de documents sur l'histoire de ce prodigieux ensemble. Comme son cousin Roger de La Fresnaye dont il est très proche, Georges de Miré pratique la peinture. En 1913, dans une lettre qu’il lui adresse, Roger de La Fresnaye souligne leur intérêt commun pour les arts nègres (Piasa, 21 novembre 2006, n° 44). Sa mobilisation lors de la guerre de 1914-1918 rend cependant peu probable l’acquisition d’œuvres avant la fin des années 1910. D’autres noms illustres émaillent l’histoire de la collection Miré : ceux d’André Level et d’André Lefèvre qui ouvrent la galerie Percier en 1922. En 1923, Georges de Miré participe, avec le prêt de trois œuvres, à l’exposition Les Arts indigènes des Colonies françaises, organisée au Pavillon de Marsan entre autres par André Level. En 1930, pas moins de quarante et une œuvres d’art d’Afrique et d’Océanie sont prêtées par Miré à la galerie du théâtre Pigalle pour l’emblématique Exposition d’art africain et d’art océanien. Quelques mois plus tard, un investissement malheureux dans le cinéma conduit Georges de Miré à la faillite et le contraint à vendre sa collection – épisode qui bouleversa la vie de ce grand humaniste (cf. Valentine et Philippe de Miré, entretiens personnels). Le 7 mai 1931, les six œuvres majeures d’art océanien qu’il avait prêtées à la galerie Pigalle, dont le uli à patine noire, sont présentées anonymement dans la vente Sculptures d'Afrique, d'Amérique, d'Océanie organisée par Carré et Ratton. Level et Lefèvre y consignent également une dizaine d’œuvres, dont un remarquable porte-flèches Luba réputé provenir de la collection de Georges de Miré, qui fut selon toute vraisemblance le conseiller d'André Lefèvre dans ce domaine.
Le 16 décembre de la même année, selon les termes contractuels de l’avance consentie au collectionneur par Carré et Ratton, est mise en vente, cette fois sous le nom de G. de Miré, la collection. L’événement eut un retentissement jusque dans la presse américaine, et fut présenté comme « the most important aggregation of ancient African Sculpture in existence (…) one of the most important events of the Paris season (..) M. de Miré is a cousin of de La Fresnaye, the well known Modern Painter » (The Art News, New York, December 5, 1931).
Les statues Fang de la Collection Georges de Miré, par Louis Perrois
À nouveau réunis par Alisa LaGamma pour l’exposition Eternal Ancestors (Metropolitan Museum of Art, New York, 2 octobre 2007-2 mars 2008, n°s 10, 22, 33 et 37), les numéros 46 à 49 du catalogue de la vente de Miré de décembre 1931 n’en constituent pas moins l’un des plus exceptionnels ensembles de statues Fang. Deux d’entre elles, la "Vénus Pahouine", et la grande effigie d’ancêtre debout, toutes deux aujourd’hui au musée Dapper, entrent dans la collection londonienne du sculpteur Jacob Epstein. Elles sont immédiatement élevées au rang d’icônes : « The De Miré sale was undoubtedly the finest collection of African Art outside a museum and the great standing figure from Gabun River equals anyhting that has come out of Africa » (Epstein, 1955, p. 189-190). À ces quatre statues Fang s’ajoute la harpe, aujourd’hui à la fondation La Fontana (Barcelone). Elles participeront d’emblée, à travers les grandes expositions internationales, à l’émergence des "arts nègres" au sein des arts du monde.
Si la provenance de ces œuvres avant leur entrée dans la collection Georges de Miré demeure inconnue (Joseph Brummer ? Paul Guillaume ? Level/Percier ?), leur style les situe dans l’histoire des premières collectes de l’art Fang. La grande effigie d’ancêtre debout (70 cm) du musée Dapper fut identifiée dans le catalogue de la vente de Miré comme « Pahouin, Gabon (frontière de la Guinée espagnole) » (lot 46, p. 7). Cette précision géographique n’est pas anodine, à deux égards. Avant les années 1930, ce type d’information n’apparaissait pratiquement jamais, ni sur les cartels d’exposition, ni dans les catalogues de vente. Les experts Charles Ratton et Louis Carré ont donc dû avoir un accès privilégié à des détails de provenance qui sont aujourd’hui perdus. Par ailleurs, au début du XXe siècle, les populations de cette zone étaient, du nord au sud et de part et d’autre de l’équateur : les Ngumba/Mabéa et les Ntumu du Sud-Cameroun Côtier ; les Mekè et les Okak des Monts de Cristal (Rio Muni et Gabon) ; les Betsi de la rive droite de l’Ogooué (Gabon).
Notre statue, de style Betsi-Mekè, s’inscrit elle aussi dans ces régions longeant les côtes, d’où provient l’essentiel des statues d’ancêtres "Pahouins" qui furent rapportées en Europe entre 1890 et 1920 et "découvertes" à Paris par les artistes modernes. Il en est de même pour la célèbre tête Fang suintante du musée ethnographique de Neuchâtel (ref. III.C. 7400) et l’ensemble des trouvailles du Père Henri Trilles faites avant 1900 lors de ses prospections pastorales autour de l’estuaire du Gabon.
Trois œuvres d’un même maître ou d’un même atelier Betsi-Mekè ?
D’un point de vue morphologique et stylistique, la statue "de Miré" s’apparente étroitement à deux autres sculptures connues à Paris à la même époque : une "idole" de la collection Roland Tual, incluse dans la publication de Paul Guillaume et de Thomas Munro de 1929 (La Sculpture nègre primitive, fig. 28) et une effigie masculine de l’ancienne collection du Dr Girardin (provenance Louis Carré, musée d’art moderne de la Ville de Paris, inv. n° AM290 ; cf. Paris-Musées, 1986, n° 55, p. 106-107).
Toutes trois présentent une structure volumétrique globale et des proportions homologues, une position identique – assise, les bras ramenés devant le plexus, les mains soutenant une coupelle à offrandes (liée aux rites de la naissance, cf. La statuaire Fan, Gabon, 1972, p. 59) – et surtout une facture très individualisée du visage. La tête volumineuse à front bombé très arrondi, selon un quart de sphère quasi parfait, et la face creusée "en cœur" se distinguent par le nez platyrhinien et la moue boudeuse de la bouche aux lèvres charnues ainsi que par les oreilles au pavillon très large et arqué, projetées en haut relief. À propos de cette œuvre, Alisa LaGamma écrit (2007, p. 186) : « Cette saisissante emphase conférée aux oreilles proéminentes évoque à l'évidence une allusion visuelle au rôle joué par les ancêtres Fang honorés à travers les reliquaires, écoutant les invocations de leurs descendants. Le sculpteur a souligné ce détail comme un signe de leur engagement. » S’ajoute la coiffe à crête centrale large et aplatie retombant au revers en un long protège nuque, rappelant directement les coiffes postiches nlô-ô-ñgo utilisées par les Fang avant 1900.
Les minimes différences de ces trois œuvres – doigts des mains et des pieds soigneusement ouvragés sur la statue Tual ainsi que ses éléments de parure métalliques, scarifications linéaires ornant le front du byeri Carré-Girardin – n’enlèvent rien à leur ressemblance frappante. La très grande individualité de leur facture – en particulier dans le parfait équilibre des traits exacerbés contribuant à la solennelle beauté du visage –, suggère qu’elles pourraient être l’œuvre d’un même maître, ou en tout cas avoir été façonnées dans le même "atelier" Betsi-Mekè sur la rive droite de l'Ogooué, au nord du Gabon, au cours du XIXe siècle.
Tout en relevant d'un grand style "classique" de ce peuple emblématique de l’Afrique équatoriale connu comme l’un des plus inspirés du continent noir, cette statue masculine d’ancêtre eyema byeri, s'inscrit, par sa singularité artistique, parmi les chefs-d’œuvre "découverts" par l'œil acéré et sensible de Georges de Miré.
The Georges de Miré Collection: "Sculptures anciennes d’Afrique"
On 16 December 1931, after a fourteen day exhibition at the gallery of Charles Ratton, the Georges de Miré Collection of Sculptures anciennes d’Afrique et d’Amérique was sold at the Hôtel Drouot by Maître Bellier, attended by experts Charles Ratton and Louis Carré. Photographs taken during the exhibition reveal the astonishing quality of the pieces collected by Georges de Miré during a pioneering era in France. In his foreword to the catalogue, Georges-Henri Rivière (then Deputy Director of the Ethnographic Museum of the Trocadéro), mentions his frustration at the idea "that the Trocadéro is not yet rich enough to afford the whole of this magnificent collection, [which combines] in the field of primitive art, so much beauty worthy of such knowledge." The selection illustrates each style with equal flair, in particular with the Dogon/Bombou Toro sitting figure (Leloup, 1994, No. 75), the Lega ivory mask from the Picasso Museum, the ivory Luba headrest (Dapper, 1989, cover image) and the superb set of "pahuin", or Fang, sculptures, each of which is now a universally celebrated masterpiece.
The resonance of a legendary name linked to the beginnings of the great Parisian collections - and auctions - stands in contrast to the lack of documentation surrounding this prodigious collection. A cousin of Roger de La Fresnaye and a painter himself at the time, Georges de Miré was one of the artist's closest friends. In 1913, a letter sent to de Miré by Roger de La Fresnaye attests to their shared interest in African art (Piasa, 21 November 2006, No. 44). However, considering that he was drafted to fight in the Great War, there is little chance that de Miré started collecting before the late 1910s. Three other illustrious names stand out in the history of the de Miré collection: André Level, André Lefèvre and the Galerie Percier – which they opened together in 1922. In 1923, Georges de Miré lent three pieces to the exhibition Les Arts indigènes des Colonies Françaises, organized by André Level at the Pavillon de Marsan. In 1930, no less than forty-one works of art from Africa and Oceania were lent by de Miré to the Galerie du Théâtre Pigalle for the iconic Exposition d'art africain et océanien. A few months later, a bad investment in cinema drove Georges de Miré to bankruptcy and forced him to sell his collection - an episode that greatly upset the life of this great humanist (cf. Valentine and Philippe de Miré, private interviews). On 7 May 1931, the six major pieces of Oceanic art that had been lent to the Pigalle gallery (including the black patinated uli) were presented at auction anonymously in the auction Sculptures d'Afrique, d'Amérique, d'Océanie, presided over by Carré and Ratton. Level and Lefèvre also contributed a dozen pieces, amongst which was a remarkable Luba quiver said to have come from the collection of de Miré, who was, in all likelihood, André Lefèvre's advisor in this field.
On 16 December of that same year and in compliance with the contractual terms of the advance made to the collector by Carré and Ratton, the group of works containing the offered figure was put up for auction, this time under the name of G. de Miré. Such was the significance of the group it was even presented in the American press, as "the most important aggregation of ancient African Sculpture in existence (…) one of the most important events of the Paris season (..) M. de Miré is a cousin of de La Fresnaye, the well known Modern Painter" (The Art News, New York, December 5, 1931).
Fang figures in the Georges de Miré Collection, by Louis Perrois
Reunited by Alisa LaGamma for the exhibition Eternal Ancestors (Metropolitan Museum of Art, New York, 2 October 2007 – 2 March 2008, Nos. 10, 22, 33 and 37), lots 46 to 49 of the de Miré auction catalogue comprise one of the most unique collections of Fang statues in existence. Two of them - the 'Vénus Pahouine' and the large standing ancestor effigy, now in the Musée Dapper - entered the collection of the sculptor Jacob Epstein. They were immediately hailed as icons: "The De Miré sale was undoubtedly the finest collection of African Art outside a museum and the great standing figure from Gabun River equals anything that has come out of Africa" (Epstein, 1955, p. 189-190). A harp, today in La Fontana Foundation, Barcelona, was sold alongside the four Fang figures. This group, which was displayed in major international exhibitions, immediately became part of the rising tide of "Negro art" within the arts of the world.
Although the origin of these pieces before they entered the George de Miré collection remains unknown (Joseph Brummer? Paul Guillaume? Level/Percier?), their style places them within the first collections in the history of Fang art. The large standing ancestor effigy (70 cm) of the Musée Dapper was identified in the de Miré auction catalogue as "Pahuin, Gabon (Spanish Guinean border)" (lot 46, p. 7). This geographical precision is far from trivial, in two respects at least. Before the 1930s, this type of information almost never appeared in exhibition notices or auction catalogues. Experts Charles Ratton and Louis Carré must therefore have had privileged access to provenance details which are now lost. Moreover, in the early twentieth century, the populations of this area were, from north to south, and on either side of the Equator: the Ngumba/Mabea and the Ntumu from Coastal Southern-Cameroon; the Meke and the Okak in the Crystal Mountains (Rio Muni and Gabon); the Betsi on the right bank of the Ogowe (Gabon).
Our statue, in the Betsi-Meke style, fits in with the style of these coastal regions, where most of the "Pahuin" ancestor figures originated, before they were brought back to Europe between 1890 and 1920 and "discovered" in Paris by modern artists. The same is true of the famous oozing Fang head of the Ethnographic Museum in Neuchâtel (ref. III.C. 7400) and of all of Father Henri Trilles’ finds, made before 1900 during his pastoral surveys around the Gabon Estuary.
Three works by a single Betsi-Meke master or workshop?
From a morphological and stylistic point of view, the "de Miré" figures is closely related to two other sculptures well-known in Paris at the same time: an "idol" from the Roland Tual collection, included in the 1929 publication by Paul Guillaume and Thomas Munro,La Sculpture nègre primitive, fig. 28, and a male effigy from the former collection of Dr. Girardin (provenance: Louis Carré, Musée d’art moderne de la Ville de Paris, inv. No. AM290; cf. Paris-Musées, 1986, No. 55, p. 106-107).
Each has comparable overall volumetric structures and proportions, identical positions - sitting, arms level with the plexus, hands carrying a cup designed for offerings (related to the rites of birth, cf. La statuaire Fan, Gabon, 1972, p. 59) - and above all very highly individualized facial features. The voluminous head with its very rounded forehead in an almost perfect quarter sphere, and the "heart shaped" hollowed out face are further distinguished by the platyrhinian nose and full pouting mouth, as well as the ears with their wide, arched auricles, projecting in high relief. According to Alisa LaGamma, discussing this piece (2007, p. 186), "This striking emphasis on prominent ears clearly suggests a visual reference to the role played by the Fangs' ancestors as they are honoured through reliquaries and listen to the invocations of their descendants. The sculptor has accentuated this detail as a sign of their involvement." In addition the coiffure with its large, flattened central crest tapering to a neck guard at the back, is a direct reminder of the nlô-ô-ñgo postiche coiffure used by the Fang people prior to 1900.
The minute details that differ between these three pieces - the finely carved fingers and toes and the metallic adornment elements on the Tual statue, the linear scarification on the forehead of the "Carré-Girardin" byeri - do not detract from their striking resemblance. Their highly individualised aspect - especially the perfect balance between the heightened features that add to the solemn beauty of the face - suggests that they could be the work of the same master, or, almost certainly, that they were created in the same Betsi-Meke "workshop", on the right bank of the Ogowe, in northern Gabon, during the nineteenth century.
Although it falls within the confines of a great "classic" style of this iconic people, who came from Equatorial Africa and were known as one of the most inspired within the black continent, this male eyema byeri ancestor figure, through its sheer artistic individuality, became one of the masterpieces "discovered" by the enlightened and sensitive eye of Georges de Miré.
Le 16 décembre 1931, après deux semaines d’exposition à la galerie Charles Ratton, la collection de Sculptures anciennes d’Afrique et d’Amérique de Georges de Miré (1890-1965) était dispersée à l’hôtel Drouot par Maître Bellier, assisté des experts Charles Ratton et Louis Carré. Les photographies de l’exposition révèlent la qualité sidérante des œuvres réunies par Georges de Miré, à une époque pionnière en France. Auteur de la préface du catalogue, Georges-Henri Rivière (alors sous-directeur du musée d’ethnographie du Trocadéro) avoue sa déception devant le fait que le musée « ne soit pas encore assez riche pour s’offrir en bloc cette magnifique collection [alliant] dans le domaine de l’art primitif, autant de beauté digne de tant de science ». Sa sélection illustre la grande qualité des objets de chaque style, avec notamment la statue assise Dogon/Bombou Toro (Leloup, 1994, n° 75), le masque en ivoire Lega du musée Picasso, l’appuie-tête en ivoire Luba (Dapper, 1989, couverture) et l’ensemble magistral de sculptures "Pahouines" – autant de chefs-d’œuvre aujourd’hui universellement célébrés.
À la résonance légendaire d'un nom lié à la genèse des grandes collections et ventes parisiennes, s’oppose l’absence de documents sur l'histoire de ce prodigieux ensemble. Comme son cousin Roger de La Fresnaye dont il est très proche, Georges de Miré pratique la peinture. En 1913, dans une lettre qu’il lui adresse, Roger de La Fresnaye souligne leur intérêt commun pour les arts nègres (Piasa, 21 novembre 2006, n° 44). Sa mobilisation lors de la guerre de 1914-1918 rend cependant peu probable l’acquisition d’œuvres avant la fin des années 1910. D’autres noms illustres émaillent l’histoire de la collection Miré : ceux d’André Level et d’André Lefèvre qui ouvrent la galerie Percier en 1922. En 1923, Georges de Miré participe, avec le prêt de trois œuvres, à l’exposition Les Arts indigènes des Colonies françaises, organisée au Pavillon de Marsan entre autres par André Level. En 1930, pas moins de quarante et une œuvres d’art d’Afrique et d’Océanie sont prêtées par Miré à la galerie du théâtre Pigalle pour l’emblématique Exposition d’art africain et d’art océanien. Quelques mois plus tard, un investissement malheureux dans le cinéma conduit Georges de Miré à la faillite et le contraint à vendre sa collection – épisode qui bouleversa la vie de ce grand humaniste (cf. Valentine et Philippe de Miré, entretiens personnels). Le 7 mai 1931, les six œuvres majeures d’art océanien qu’il avait prêtées à la galerie Pigalle, dont le uli à patine noire, sont présentées anonymement dans la vente Sculptures d'Afrique, d'Amérique, d'Océanie organisée par Carré et Ratton. Level et Lefèvre y consignent également une dizaine d’œuvres, dont un remarquable porte-flèches Luba réputé provenir de la collection de Georges de Miré, qui fut selon toute vraisemblance le conseiller d'André Lefèvre dans ce domaine.
Le 16 décembre de la même année, selon les termes contractuels de l’avance consentie au collectionneur par Carré et Ratton, est mise en vente, cette fois sous le nom de G. de Miré, la collection. L’événement eut un retentissement jusque dans la presse américaine, et fut présenté comme « the most important aggregation of ancient African Sculpture in existence (…) one of the most important events of the Paris season (..) M. de Miré is a cousin of de La Fresnaye, the well known Modern Painter » (The Art News, New York, December 5, 1931).
Les statues Fang de la Collection Georges de Miré, par Louis Perrois
À nouveau réunis par Alisa LaGamma pour l’exposition Eternal Ancestors (Metropolitan Museum of Art, New York, 2 octobre 2007-2 mars 2008, n°s 10, 22, 33 et 37), les numéros 46 à 49 du catalogue de la vente de Miré de décembre 1931 n’en constituent pas moins l’un des plus exceptionnels ensembles de statues Fang. Deux d’entre elles, la "Vénus Pahouine", et la grande effigie d’ancêtre debout, toutes deux aujourd’hui au musée Dapper, entrent dans la collection londonienne du sculpteur Jacob Epstein. Elles sont immédiatement élevées au rang d’icônes : « The De Miré sale was undoubtedly the finest collection of African Art outside a museum and the great standing figure from Gabun River equals anyhting that has come out of Africa » (Epstein, 1955, p. 189-190). À ces quatre statues Fang s’ajoute la harpe, aujourd’hui à la fondation La Fontana (Barcelone). Elles participeront d’emblée, à travers les grandes expositions internationales, à l’émergence des "arts nègres" au sein des arts du monde.
Si la provenance de ces œuvres avant leur entrée dans la collection Georges de Miré demeure inconnue (Joseph Brummer ? Paul Guillaume ? Level/Percier ?), leur style les situe dans l’histoire des premières collectes de l’art Fang. La grande effigie d’ancêtre debout (70 cm) du musée Dapper fut identifiée dans le catalogue de la vente de Miré comme « Pahouin, Gabon (frontière de la Guinée espagnole) » (lot 46, p. 7). Cette précision géographique n’est pas anodine, à deux égards. Avant les années 1930, ce type d’information n’apparaissait pratiquement jamais, ni sur les cartels d’exposition, ni dans les catalogues de vente. Les experts Charles Ratton et Louis Carré ont donc dû avoir un accès privilégié à des détails de provenance qui sont aujourd’hui perdus. Par ailleurs, au début du XXe siècle, les populations de cette zone étaient, du nord au sud et de part et d’autre de l’équateur : les Ngumba/Mabéa et les Ntumu du Sud-Cameroun Côtier ; les Mekè et les Okak des Monts de Cristal (Rio Muni et Gabon) ; les Betsi de la rive droite de l’Ogooué (Gabon).
Notre statue, de style Betsi-Mekè, s’inscrit elle aussi dans ces régions longeant les côtes, d’où provient l’essentiel des statues d’ancêtres "Pahouins" qui furent rapportées en Europe entre 1890 et 1920 et "découvertes" à Paris par les artistes modernes. Il en est de même pour la célèbre tête Fang suintante du musée ethnographique de Neuchâtel (ref. III.C. 7400) et l’ensemble des trouvailles du Père Henri Trilles faites avant 1900 lors de ses prospections pastorales autour de l’estuaire du Gabon.
Trois œuvres d’un même maître ou d’un même atelier Betsi-Mekè ?
D’un point de vue morphologique et stylistique, la statue "de Miré" s’apparente étroitement à deux autres sculptures connues à Paris à la même époque : une "idole" de la collection Roland Tual, incluse dans la publication de Paul Guillaume et de Thomas Munro de 1929 (La Sculpture nègre primitive, fig. 28) et une effigie masculine de l’ancienne collection du Dr Girardin (provenance Louis Carré, musée d’art moderne de la Ville de Paris, inv. n° AM290 ; cf. Paris-Musées, 1986, n° 55, p. 106-107).
Toutes trois présentent une structure volumétrique globale et des proportions homologues, une position identique – assise, les bras ramenés devant le plexus, les mains soutenant une coupelle à offrandes (liée aux rites de la naissance, cf. La statuaire Fan, Gabon, 1972, p. 59) – et surtout une facture très individualisée du visage. La tête volumineuse à front bombé très arrondi, selon un quart de sphère quasi parfait, et la face creusée "en cœur" se distinguent par le nez platyrhinien et la moue boudeuse de la bouche aux lèvres charnues ainsi que par les oreilles au pavillon très large et arqué, projetées en haut relief. À propos de cette œuvre, Alisa LaGamma écrit (2007, p. 186) : « Cette saisissante emphase conférée aux oreilles proéminentes évoque à l'évidence une allusion visuelle au rôle joué par les ancêtres Fang honorés à travers les reliquaires, écoutant les invocations de leurs descendants. Le sculpteur a souligné ce détail comme un signe de leur engagement. » S’ajoute la coiffe à crête centrale large et aplatie retombant au revers en un long protège nuque, rappelant directement les coiffes postiches nlô-ô-ñgo utilisées par les Fang avant 1900.
Les minimes différences de ces trois œuvres – doigts des mains et des pieds soigneusement ouvragés sur la statue Tual ainsi que ses éléments de parure métalliques, scarifications linéaires ornant le front du byeri Carré-Girardin – n’enlèvent rien à leur ressemblance frappante. La très grande individualité de leur facture – en particulier dans le parfait équilibre des traits exacerbés contribuant à la solennelle beauté du visage –, suggère qu’elles pourraient être l’œuvre d’un même maître, ou en tout cas avoir été façonnées dans le même "atelier" Betsi-Mekè sur la rive droite de l'Ogooué, au nord du Gabon, au cours du XIXe siècle.
Tout en relevant d'un grand style "classique" de ce peuple emblématique de l’Afrique équatoriale connu comme l’un des plus inspirés du continent noir, cette statue masculine d’ancêtre eyema byeri, s'inscrit, par sa singularité artistique, parmi les chefs-d’œuvre "découverts" par l'œil acéré et sensible de Georges de Miré.
The Georges de Miré Collection: "Sculptures anciennes d’Afrique"
On 16 December 1931, after a fourteen day exhibition at the gallery of Charles Ratton, the Georges de Miré Collection of Sculptures anciennes d’Afrique et d’Amérique was sold at the Hôtel Drouot by Maître Bellier, attended by experts Charles Ratton and Louis Carré. Photographs taken during the exhibition reveal the astonishing quality of the pieces collected by Georges de Miré during a pioneering era in France. In his foreword to the catalogue, Georges-Henri Rivière (then Deputy Director of the Ethnographic Museum of the Trocadéro), mentions his frustration at the idea "that the Trocadéro is not yet rich enough to afford the whole of this magnificent collection, [which combines] in the field of primitive art, so much beauty worthy of such knowledge." The selection illustrates each style with equal flair, in particular with the Dogon/Bombou Toro sitting figure (Leloup, 1994, No. 75), the Lega ivory mask from the Picasso Museum, the ivory Luba headrest (Dapper, 1989, cover image) and the superb set of "pahuin", or Fang, sculptures, each of which is now a universally celebrated masterpiece.
The resonance of a legendary name linked to the beginnings of the great Parisian collections - and auctions - stands in contrast to the lack of documentation surrounding this prodigious collection. A cousin of Roger de La Fresnaye and a painter himself at the time, Georges de Miré was one of the artist's closest friends. In 1913, a letter sent to de Miré by Roger de La Fresnaye attests to their shared interest in African art (Piasa, 21 November 2006, No. 44). However, considering that he was drafted to fight in the Great War, there is little chance that de Miré started collecting before the late 1910s. Three other illustrious names stand out in the history of the de Miré collection: André Level, André Lefèvre and the Galerie Percier – which they opened together in 1922. In 1923, Georges de Miré lent three pieces to the exhibition Les Arts indigènes des Colonies Françaises, organized by André Level at the Pavillon de Marsan. In 1930, no less than forty-one works of art from Africa and Oceania were lent by de Miré to the Galerie du Théâtre Pigalle for the iconic Exposition d'art africain et océanien. A few months later, a bad investment in cinema drove Georges de Miré to bankruptcy and forced him to sell his collection - an episode that greatly upset the life of this great humanist (cf. Valentine and Philippe de Miré, private interviews). On 7 May 1931, the six major pieces of Oceanic art that had been lent to the Pigalle gallery (including the black patinated uli) were presented at auction anonymously in the auction Sculptures d'Afrique, d'Amérique, d'Océanie, presided over by Carré and Ratton. Level and Lefèvre also contributed a dozen pieces, amongst which was a remarkable Luba quiver said to have come from the collection of de Miré, who was, in all likelihood, André Lefèvre's advisor in this field.
On 16 December of that same year and in compliance with the contractual terms of the advance made to the collector by Carré and Ratton, the group of works containing the offered figure was put up for auction, this time under the name of G. de Miré. Such was the significance of the group it was even presented in the American press, as "the most important aggregation of ancient African Sculpture in existence (…) one of the most important events of the Paris season (..) M. de Miré is a cousin of de La Fresnaye, the well known Modern Painter" (The Art News, New York, December 5, 1931).
Fang figures in the Georges de Miré Collection, by Louis Perrois
Reunited by Alisa LaGamma for the exhibition Eternal Ancestors (Metropolitan Museum of Art, New York, 2 October 2007 – 2 March 2008, Nos. 10, 22, 33 and 37), lots 46 to 49 of the de Miré auction catalogue comprise one of the most unique collections of Fang statues in existence. Two of them - the 'Vénus Pahouine' and the large standing ancestor effigy, now in the Musée Dapper - entered the collection of the sculptor Jacob Epstein. They were immediately hailed as icons: "The De Miré sale was undoubtedly the finest collection of African Art outside a museum and the great standing figure from Gabun River equals anything that has come out of Africa" (Epstein, 1955, p. 189-190). A harp, today in La Fontana Foundation, Barcelona, was sold alongside the four Fang figures. This group, which was displayed in major international exhibitions, immediately became part of the rising tide of "Negro art" within the arts of the world.
Although the origin of these pieces before they entered the George de Miré collection remains unknown (Joseph Brummer? Paul Guillaume? Level/Percier?), their style places them within the first collections in the history of Fang art. The large standing ancestor effigy (70 cm) of the Musée Dapper was identified in the de Miré auction catalogue as "Pahuin, Gabon (Spanish Guinean border)" (lot 46, p. 7). This geographical precision is far from trivial, in two respects at least. Before the 1930s, this type of information almost never appeared in exhibition notices or auction catalogues. Experts Charles Ratton and Louis Carré must therefore have had privileged access to provenance details which are now lost. Moreover, in the early twentieth century, the populations of this area were, from north to south, and on either side of the Equator: the Ngumba/Mabea and the Ntumu from Coastal Southern-Cameroon; the Meke and the Okak in the Crystal Mountains (Rio Muni and Gabon); the Betsi on the right bank of the Ogowe (Gabon).
Our statue, in the Betsi-Meke style, fits in with the style of these coastal regions, where most of the "Pahuin" ancestor figures originated, before they were brought back to Europe between 1890 and 1920 and "discovered" in Paris by modern artists. The same is true of the famous oozing Fang head of the Ethnographic Museum in Neuchâtel (ref. III.C. 7400) and of all of Father Henri Trilles’ finds, made before 1900 during his pastoral surveys around the Gabon Estuary.
Three works by a single Betsi-Meke master or workshop?
From a morphological and stylistic point of view, the "de Miré" figures is closely related to two other sculptures well-known in Paris at the same time: an "idol" from the Roland Tual collection, included in the 1929 publication by Paul Guillaume and Thomas Munro,La Sculpture nègre primitive, fig. 28, and a male effigy from the former collection of Dr. Girardin (provenance: Louis Carré, Musée d’art moderne de la Ville de Paris, inv. No. AM290; cf. Paris-Musées, 1986, No. 55, p. 106-107).
Each has comparable overall volumetric structures and proportions, identical positions - sitting, arms level with the plexus, hands carrying a cup designed for offerings (related to the rites of birth, cf. La statuaire Fan, Gabon, 1972, p. 59) - and above all very highly individualized facial features. The voluminous head with its very rounded forehead in an almost perfect quarter sphere, and the "heart shaped" hollowed out face are further distinguished by the platyrhinian nose and full pouting mouth, as well as the ears with their wide, arched auricles, projecting in high relief. According to Alisa LaGamma, discussing this piece (2007, p. 186), "This striking emphasis on prominent ears clearly suggests a visual reference to the role played by the Fangs' ancestors as they are honoured through reliquaries and listen to the invocations of their descendants. The sculptor has accentuated this detail as a sign of their involvement." In addition the coiffure with its large, flattened central crest tapering to a neck guard at the back, is a direct reminder of the nlô-ô-ñgo postiche coiffure used by the Fang people prior to 1900.
The minute details that differ between these three pieces - the finely carved fingers and toes and the metallic adornment elements on the Tual statue, the linear scarification on the forehead of the "Carré-Girardin" byeri - do not detract from their striking resemblance. Their highly individualised aspect - especially the perfect balance between the heightened features that add to the solemn beauty of the face - suggests that they could be the work of the same master, or, almost certainly, that they were created in the same Betsi-Meke "workshop", on the right bank of the Ogowe, in northern Gabon, during the nineteenth century.
Although it falls within the confines of a great "classic" style of this iconic people, who came from Equatorial Africa and were known as one of the most inspired within the black continent, this male eyema byeri ancestor figure, through its sheer artistic individuality, became one of the masterpieces "discovered" by the enlightened and sensitive eye of Georges de Miré.