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Willem De Kooning
Description
- Willem de Kooning
- Five Women
- signé
- mine de plomb sur papier
- 44,5 x 72,5 cm; 17 1/2 x 28 9/16 in.
- Exécuté en 1952.
Provenance
Vente: Christie's New York, 3 mai 1989, lot 28
Philip Samuels Fine Art, Saint-Louis
Collection particulière, Belgique
Acquis auprès de celle-ci en 1994 par la propriétaire actuelle
Exhibited
Pittsburgh, Museum of Art, Carnegie Institute, Willem de Kooning, 26 octobre 1979-6 janvier 1980; catalogue, p.114, no.84, illustré en couleurs
New York, Whitney Museum of American Art; Berlin, Akademie der Künste; Paris, Musée National d'Art Moderne, Willem de Kooning, 15 décembre 1983-24 septembre1984; catalogue, p.157, illustré
Condition
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Catalogue Note
Willem et Elaine de Kooning, 1950 © Rudolph Burckhardt
Willem de Kooning, Woman I, 1950-52, huile sur toile, 192,7 x 147,3 cm, Museum of Modern Art, New York © The Willem de Kooning Foundation, New York
Pablo Picasso, Les Demoiselles d'Avignon, 1907, huile sur toile, 244 cm x 234 cm, Museum of Modern Art, New York © D.R.
Willem de Kooning, 1950 © Rudolph Burckhardt
Willem de Kooning, 1950 © Rudolph Burckhardt
Juin 1952, New York. Dans son atelier de Greenwich Village, Willem de Kooning, achève Woman I, une œuvre à la genèse exceptionnelle qui ouvre l’une des séries les plus importantes que l’artiste ait réalisé durant sa carrière. Durant presque deux ans, De Kooning s’est investi totalement dans la réalisation de cette œuvre qui fera sa renommée. Les portraits de femmes sages, à la pose convenue, que De Kooning représentait à la fin des années 1940, laissent la place à des femmes au regard fou, captivantes et obsédantes, surgissant d’un champ de coups de pinceaux nerveux qui prolifèrent sur la toile. « Même moi, elle me fait peur», confie l’artiste. « Ce n’est pas tant le fait de la regarder que de penser comment elle est sortie de moi, comment ça s’est passé ». Ainsi, à l’heure où les expressionnistes abstraits connaissent une ascension triomphale, De Kooning fait-il de la résistance au sein du groupe, en continuant à mêler abstraction et figuration et en choisissant de laisser la femme au centre de son univers pictural jusqu’au milieu des années 1950.
Exécuté en 1952, Five Women provient de la Collection Viviane de Witt et s’inscrit dans le corpus des œuvres si recherchées de l’artiste. La feuille de papier se transforme en arène où l’artiste exprime sa fougue sous le trait automatique du crayon. Jamais l'artiste n'a représenté autant de femmes dans une même oeuvre. Au nombre de cinq, elles font écho aux cinq séductrices des Demoiselles d’Avignon, peintes par Pablo Picasso en 1907. La rétrospective de ce dernier organisée par Alfred Barr au Museum of Modern Art de New York en 1949 eut un impact décisif auprès des artistes de la jeune génération : admirer Picasso pour mieux le dépasser !
Dans Five Women, De Kooning donne une vigueur nouvelle à l’enchevêtrement des plans cubistes. La composition élaborée de cette œuvre et la dynamique nerveuse des lignes dessinées en font une de ses œuvres sur papier les plus abouties. Elle fut exposée en 1976 au Salomon R. Guggenheim à New York puis en 1983 lors de l’importante rétrospective De Kooning au Whitney Museum of American Art à New York, Berlin puis au Centre Georges Pompidou à Paris. En marge de cette dernière exposition, Thomas Hess décrit la technique de celui qu’il considère comme l’« un des plus grands dessinateurs de ce siècle » - « Je me rappelle avoir observé de Kooning en train de commencer un dessin en 1951, assis nonchalamment près d’une fenêtre, le papier sur ses genoux. Il se servait d’un crayon ordinaire, la pointe aiguisée au canif pour dégager le maximum de graphite, mais assez solide pour résister à la pression. Il traça quelques traits, puis presque instinctivement, me sembla-t-il, retourna le crayon et attaqua les traits à la gomme. Non pour effacer les traits, mais pour les mouvoir, les pousser sur le papier, les transformer en plans. La méthode de détruire (gommer) était employée comme moyen créateur».
Détruire pour mieux créer, une démarche qui a permis la naissance des plus grands chefs d’œuvre de l’artiste. Dans Five Women comme dans Woman I, Ann Temkin, conservatrice au MOMA, rappelle justement que « Rien n’est confortable ou vraiment conclu, il reste quelque chose proche d’un état de guerre ».