PF1209

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Lot 91
  • 91

François-Xavier Fabre

Estimate
80,000 - 120,000 EUR
bidding is closed

Description

  • François-Xavier Fabre
  • Portrait de Louis-François Bertin, dit Bertin l'Aîné ; Portrait de Madame Louis-François Bertin
  • L'un signé et daté en bas à droite FX Fabre 1803 ; l'autre signé et daté en bas à gauche sur le clavecin FX Fabre Florentiae 1802

  • Huile sur toile ; une paire
  • 92,5 x 72,5 cm ; 36 1/5 by 28 1/5 in

Provenance

Resté chez les descendants des modèles

Exhibited

Chateaubriand, Le voyageur et l'homme politique, Bibliothèque Nationale, Paris, 1969, n°180 (Portrait de Louis- François Bertin) ;
François-Xavier Fabre, de Florence à Montpellier, Musée Fabre, Montpellier, 14 novembre 2007 - 24 février 2008 ; Galleria d'Arte Moderna e contemporanea, Turin , 11 mars - 1er juin 2008, n° 112 et 113 du catalogue ; répertoriés dans le Catalogue sommaire abrégé de l'oeuvre peint de F.X Fabre, p.421, n°146 et 147.

Literature

Paul Marmottan, Les Arts en Toscane sous Napoléon. La princesse Elisa, Paris, Champion,  1901, pp.192 - 193 ;
Philippe Bordes, "Girodet et Fabre, camarades d'atelier", in Revue du Louvre et des Musées de France n°6, 1974, le Portrait de Louis-François Bertin cité p.396 et reproduit p.397;
Near Pinckey, "Hommage to the Master. Fabre's Judgment of Paris", in Arts in Virginia, vol.22, n°1,  1980, le Portrait de Louis-François Bertin reproduit p.38, fig.21 ;
Laure Pellicer, Le peintre François-Xavier Fabre, thèse de doctorat d'état, Université Paris IV, 1982, p.809 - 810, n°A77a (portrait de Louis-François Bertin) ; 
Laure Pellicer "Firenze nell'opera di François-Xavier Fabre", in "L'idea di Firenze. Temi e interpretazione nell' arte straniera dell'Ottocento ", Actes du colloque de Florence, 17-19 décembre 1986, Gabinetto scientifico e litterario G.P. Vieusseux, palais Strozzi, textes réunis par Maurizio Bossi et Lucia Tonini, préface de Francis Haskell, Florence, 1989, p.35-42 ;
Catalogue de l'exposition François-Xavier Fabre , Palazzo Racani-Arroni, Spolète, 27 juin - 28 août 1988, cités p.11 ;
Laure Pellicer, "François-Xavier Fabre in his museum", in Apollo, janvier 1989, vol CXXIX, n°323, cités p.17 ;
Daniel Ternois, Ingres, Monsieur Bertin, Paris, collection Solo (10) Département des peintures, Louvre, reproduits pp.8 et 9, fig 2 et 3 (avec dimensions erronées) ;
"François-Xavier Fabre, peintre et collectionneur" in l'Objet d'Art (n° spécial), 2000, reproduits p.28, Madame Louis-François Bertin citée p.36 ;
Catalogue de l 'exposition Portraits by Ingres, image of an epoch, National gallery of Art,  Washington 23 mai - 22 août 1999, Metropolitan Museum of Art New-York, 5 ocotbre 1999 - 2 janvier 2000, p. 303, fig. 177 (le Portrait de Louis-François Bertin).

Condition

Mr Bertin : the painting had been relined Some repaints are visible under UV light : some strips of repaints are visible along the frame. Some small retouchings are scattered in the face, the hair, the hands and the suit. A few other ones are scattered over the background. Mrs Bertin : the painting has been relined Some repaints are visible under UV light : some of them are scattered on the face and the hair, on the clothe, on the piano and the music score. A few cracks have been filled in, especially in the hair. The photography are slighlty paler than the paintings themselves which colours are deeper
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Catalogue Note

François-Xavier Fabre fit la connaissance de Louis-François Bertin, dit Bertin l'Ainé (1766-1841), à Florence, où tous deux étaient exilés à cause de leurs opinions politiques. Bertin n'était pas encore le personnage influent, le grand patron de presse, l'homme d'affaires dont Ingres a magistralement rendu l'intelligence pénétrante et la force de caractère dans son célèbre tableau peint en 1832 (Musée du Louve, Paris, voir l'illustration ci-contre). Jeune journaliste, Bertin l'Aîné fut d'abord enthousiasmé par la Révolution avant d'être indigné par ses excès et de défendre l'idée d'une monarchie constitutionnelle. Sa carrière politique commença après le 18 brumaire lorsqu'il créa, avec son frère, le Journal des débats politiques et littéraires, qui allait devenir l'un des premiers grands périodiques de la presse moderne, avec des rubriques consacrées à la politique française et étrangère, à la bourse, à la littérature et aux arts.  Mais, accusé par Bonaparte de préparer un complot monarchiste, Bertin l'Aîné dut s'exiler et c'est lors de son séjour à Florence que François-Xavier Fabre peignit en 1802-1803 les deux portraits présentés ici.

A son retour en France en 1805, son journal, rebaptisé Journal de l'Empire, exerça une influence considérable sur la littérature et sur l'opinion. Journal d'opposition, il fut confisqué par décret impérial en 1811, entraînant Bertin l'Aîné et son frère dans la ruine. Le titre leur fut restitué par la Restauration en 1814 et le Journal des débats allait à nouveau connaître un immense succès et devenir l'organe de presse le plus influent sous la Restauration et la Monarchie de Juillet.

Notre portrait montre Louis-François Bertin âgé de 37 ans. Fabre a saisi la beauté et la finesse des traits du visage. Le portrait est ressemblant car on retrouve, malgré l'écart de 30 ans avec celui peint par Ingres, la même mâchoire forte et le nez fin et long. En revanche, Fabre  l'a peint non en journaliste et homme d'affaires redoutable, mais en homme de lettres, tenant un volume de Racine à la main. Bertin ne nous regarde pas, mais ses yeux expressifs montrent l'intelligence et la vivacité du personnage.

On connait un autre portrait de Bertin l'Aîné, dessiné par Girodet. Bertin admirait beaucoup l'art de Girodet et il fut le premier propriétaire du célèbre tableau peint par Girodet en 1808 et conservé aujourd'hui au musée du Louvre Atala au tombeau, inspiré par le roman de Chateaubriand Atala ou les amours de deux sauvages dans le désert (publié en 1801). Par ailleurs, c'est grâce à Bertin que Girodet obtint la commande du Portrait de Chateaubriand, également peint en 1808 (musée d'art et d'ethnographie, Saint Malo).

Geneviève-Aimée-Victoire Bertin était la soeur de Jean-Baptiste Boutard, l'un des premiers collaborateurs du journal des débats. Fabre a magnifiquement rendu la grâce et le charme naturel de la jeune femme, toute en rondeurs et en courbes ; Les seules lignes droites sont celles des meubles. Les obliques, celle du clavecin et celles des bras, installent le modèle dans l'espace avec aisance. La délicate harmonie des blancs et des lilas, le raffinement des bijoux donnent un charme heureux et délicat au tableau, l'un des plus poétiques de Fabre (cf. catalogue de l'exposition François-Xavier Fabre, de Florence à Montpellier, op.cit. p. 256, notice de Laure Pellicer).

L'art de Fabre portraitiste, marqué par son époque - celle de Madame de Stael, de Chateaubriand - est empreint d'une sensibilité déjà romantique, qui s'exprime à travers une forme classique, toujours disciplinée. Fabre apporte un grand soin au détail des vêtements, des bijoux, qu'il peint avec virtuosité. Ses modèles expriment des sentiments, mais de façon  discrète et contenue. Chez lui la pose, le décor, les accessoires s'accordent à l'expression pour donner au portrait sa vraisemblance et son unité. Chaque tableau a sa qualité d'émotion, comme celle dont vibre subtilement l'image de madame Bertin, assise à son clavecin, seul tableau de Fabre qui nous fait imaginer les accords d'une musique silencieuse (cf. François-Xavier Fabre, peintre et collectionneur, op.cit. article de Laure Pellicer pp. 31 et 35-36).