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Lucio Fontana
Description
- Lucio Fontana
- Concetto spaziale, New York 8
- signé
- fentes et griffures sur laiton
- 62,5 x 62,5 cm; 24 5/8 x 24 5/8 in.
- Exécuté en 1962.
Provenance
Collection Attilio Codognato, Venise
Collection particulière, Turin
Galleria La Bussola, Turin
Acquis auprès de celle-ci en 1969
Exhibited
New York, The Solomon R. Guggenheim Museum, Lucio Fontana, 1977; catalogue, p.99, no.95, illustré en couleurs
Paris, Musée National d'Art Moderne, Centre Georges Pompidou, Lucio Fontana, 1987-1988; catalogue, p.243, illustré en couleurs
Amsterdam, Stedelijk Museum Amsterdam, Lucio Fontana, 1988; Londres, Whitechapel Art Gallery, 1988, catalogue, p.57, no.90, illustré en couleurs
Bruxelles, Artiscope, Lucio Fontana, 30 novembre 1995-26 janvier 1996, n°24
Vienne, Museum Moderner Kunst Stiftung Ludwig, Lucio Fontana, Retrospektive, 1997-1998, p.126, no.84, illustré en couleurs
Rome, Palazzo delle Esposizioni, Lucio Fontana, 1998; catalogue, p.290, no.4/P/31, illustré en couleurs
Literature
Enrico Crispolti, Lucio Fontana Catalogo generale, Volume secondo, 1986, pp.410-416, no.62 ME 5, illustré en couleurs
Enrico Crispolti, Lucio Fontana Catalogo ragionato di sculture, dipinti, ambientazioni, Tomo II, 2006, p.577, no.62 ME 5, illustré en couleurs
Barbara Hess, Lucio Fontana 1899-1968: Un fait nouveau en sculpture, 2006, p.66, illustré en couleurs
Condition
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Catalogue Note
(Extrait de correspondance envoyée de New York par Lucio Fontana à la famille de l’architecte Mario Bardini, 24 novembre 1961)
Les Metalli, réalisées entre 1961 et 1968, explorent les possibilités d’expression du geste sur le métal - cuivre, laiton, zinc, aluminium – que Lucio Fontana fend, perfore et déchire violemment. Ces œuvres succèdent aux Nature, ces grandes masses en grès, trouées et fendues par un geste impulsif qui rapprochent encore plus l’artiste de la matière.
En 1961, lorsque Lucio Fontana réalise les premiers Metalli, il a 62 ans. Sa carrière bien avancée le range parmi les artistes internationaux incontournables de sa génération. De nombreux voyages le conduisent en Europe et dans le monde entier où il expose et vend ses œuvres aux collectionneurs suivant l’art d’avant-garde. En 1961, à l’occasion de l’exposition Arte e contemplazione organisée à Venise au Palazzo Grassi, Lucio Fontana montre d’importantes et grandes peintures à l’huile consacrées à la ville, les Venezie. Ces œuvres qui retranscrivent les ors et le baroque ambiant caractéristiques de la ville, sont composées avec des peintures et pigment métalliques qui annoncent naturellement l’arrivée des Metalli. Toujours en 1961, au mois de novembre, les Venezie sont exposées à New York à la galerie Martha Jackson où Lucio Fontana se rend également. Ce voyage est déterminant pour lui car New York l’inspire puissamment. A son retour à Milan, il entreprend sans attendre la série des Metalli, dont il intitule New York un certain nombre d’entre-elles. L’œuvre présentée ici, intitulée Concetto Spaziale New York 8, appartient à ce groupe d’œuvres si recherchées. Les effets de lumière et les signes, d’autant plus évident que le matériau métallique résiste davantage, donnent une grande véhémence d’expression aux œuvres. La verticalité de la ville, les puissantes structures métalliques des gratte-ciels à New York ont un grand effet sur Fontana. « Les gratte-ciels en verre ressemblent à des cascades d’eau qui s’écoulent du ciel !! La nuit, c’est un grand collier de rubis, saphirs et émeraudes ! »¹ écrit-il depuis New York à l’architecte et collectionneur Mario Bardini. Deux Metalli s’intitulent d’ailleurs New York Fantasia et New York Grattacielo, évoquant la fantaisie et les gratte-ciels de la ville. Ayant visité le Seagram Building, l'artiste écrit, « je suis monté au dernier étage du plus fameux gratte-ciel... celui réalisé en bronze et en verre doré... il semblait contenir le soleil...»², il renchérit en disant « qu'aucun autre matérieau ne capture aussi bien l'esprit de cette Metropolis faite de verre, baies vitrées, orgie de lumière et éblouissement du métal.»³.
New York se trouve au cœur de la pensée esthétique de Fontana, lui qui refusait avec insistance que la « fente » et le « trou » (taglio et buco) sur ses œuvres soient compris comme des gestes destructeurs et négatifs. Il tenait au caractère positif de ces gestes liés justement au dépassement de la technique - manuelle, matérielle et esthétique - par la dimension générale de l’espace s’ouvrant dans ses œuvres. New York a cette force et s’offre à lui en 1961 comme un exemple de l’utopie positive des hommes en matière d’urbanisme et de société, tout comme Venise l’avait aussi puissamment inspirée peu de temps auparavant. Radical, c’est ainsi que Fontana se veut artiste au sein de la société quand il choisit de lacérer et trouer ses œuvres, ne laissant ainsi plus la place à aucun trucage. Ce qui prime avant tout pour lui, c’est l’entrée dans le monde et le passage à l’infini que le « trou » ouvre comme concept et dimension.
Lucio Fontana aura été l'un des artistes modernes les plus importants au XXe siècle, ayant su se libérer d’un romantisme intérieur pour se mesurer à une dimension planétaire du monde, sans superstition ni crainte. Avec Concetto Spaziale New York 8, l'artiste offre une oeuvre de qualité muséale, dont l'archétype est transcendé par la permanence du métal.
¹. Extrait de correspondance envoyée de New York par Lucio Fontana à la famille de l’architecte Mario Bardini, 24 novembre 1961.
² et ³. Lucio Fontana, catalogue d'exposition, Venise, Peggy Guggenheim Collection, Lucio Fontana : Venice/New York, 2006, pp.42-45).
Mies van der Rohe, Seagram Building, New York, 1956-1958 © Carlo Cisventi
Lucio Fontana dans son atelier © DR