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René Magritte
Description
- René Magritte
- Métaphore
- signé Magritte et daté 23 (en haut à gauche) ; inscrit René Magritte, Bruxelles, "Métaphore" sur le châssis
- huile sur toile
- 40 x 50,2 cm
- 15 3/4 x 19 3/4 in.
Provenance
Exhibited
Literature
Condition
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Catalogue Note
1923 est une année fondamentale dans la carrière de René Magritte. C’est en effet cette année-là que l’artiste découvre émerveillé Le Chant d’amour de Giorgio de Chirico qui produit sur lui un effet révolutionnaire. "Mes yeux ont vu la pensée pour la première fois" écrira-t-il plus tard. Depuis plusieurs années, Magritte explore différentes conceptions d’avant-garde qui ont préparé le choc de cette révélation chiriquienne. Après avoir suivi les cours de l'Académie des Beaux-Arts de Bruxelles où le jeune peintre rencontre Victor Servranckx et Pierre-Louis Flouquet qu'il suit dans l'aventure constructiviste du groupe 7 Arts, Magritte sympathise en 1922 avec le professeur de piano de son frère Paul : E.L.T. Mesens. Ensemble, ils écriront aux futuristes italiens et s’intéresseront plus tard à l’activité dada, sous l’influence d’Erik Satie et de Tristan Tzara. C’est également en 1922 que Magritte écrit en collaboration avec Victor Servranckx, L’Art pur. Défense de l’esthétique, texte influencé par les théories puristes de Le Corbusier et Ozenfant et les théories cubistes de Pierre Reverdy.
Exécuté en 1913, Métaphore est ainsi le fruit de ces rencontres artistiques et annonce différents thèmes majeurs de l’œuvre surréaliste de René Magritte. Dans ce tableau empreint de mystère, Magritte s’attache à la représentation de personnages et objets du quotidien : au premier plan, on découvre une femme nue qui n’est pas sans rappeler la silhouette de Georgette Berger que Magritte vient d’épouser en 1922, tandis que se devinent en toile de fond les contours d’une locomotive, miroir de la modernité et emblème du progrès si chers aux futuristes, que l’on retrouvera plus tard dans La Durée poignardée (1938), célèbre tableau de Magritte aujourd’hui conservé au Art Institute de Chicago.
A l’instar des compositions puristes, les formes synthétiques aux contours précis s’emboitent les unes dans les autres et se font écho à l’intérieur d’une composition stable et frontale. La couleur traitée en aplats affirme la surface plane et l’absence de traces de pinceau accuse l’effet recherché de neutralité. Si en apparence le tableau semble mettre en évidence un souci de figuration objective, la modulation des tons nacrés bleu, jaune, rose et blanc, associés aux tonalités sombres, accentue l’effet de clair-obscur et semble suggérer la présence d’une énigme.
Ce mystère est amplifié par le titre, Métaphore, qui ne remplit pas la même fonction descriptive que ceux choisis par Magritte jusqu’alors. Il semble aller au-delà d’une simple identification, indiquer une intention de souligner un parallèle ou une analogie entre la beauté formelle du nu féminin et les courbes sensuelles de la machine figurée à l’arrière-plan. L’œuvre échappe ainsi à la compréhension rationnelle et renvoit à une réalité insolite et poétique dans un style proche de celui de Chirico. Du Chant d’Amour de ce dernier, Métaphore reprend des éléments comme le train et les boules colorées mystérieuses. On y retrouve l’onirisme, les subtiles incongruités et les décalages observés dans la peinture étrangement métaphysique du peintre Italien. C’est déjà tout Magritte qui se manifeste là, pour la première fois.