Victor Brauner

Alexandre Iolas, Paris
Hélène Anavi (vente : Sotheby's, Londres, The Hélène Anavi Collection of Surrealist and Post-War Art, 27 & 28 mars 1984, lot 18)
Collection particulière, Genève
Collection particulière

Paris, Didier Imbert Fine Art, Victor Brauner, 1990, no. 37

The canvas is not lined. A close inspection reveals evidence of some old frame abrasion along the edges. There is a thin sinuous scratch visible towards the right of the upper edge and a small vertical line of surface abrasion in the second black stripe of the upper right quadrant (as visible in the catalogue illustration). There is no evidence of retouching visible under UV light. This work is in very good original condition.
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signed 'Victor Brauner' and dated 'III.1956' (lower right), oil on canvas. Painted in March 1956.

"Il existe une dimension particulière du regard qui est l'hypnotisme."

"On peut se demander, bien sûr, pourquoi les yeux rappellent le côté du mystère intérieur d'un être. Mais l'œil est vraiment la chose la plus affolante : il reste la clé du mystère d'un être. Quand j'ai peint des portraits – j'en ai peint quelques-uns il y a longtemps – j'étais toujours le plus stupéfié par les yeux. C'est le regard qui est la chose la plus bouleversante. On ne peut pas regarder le regard comme on regarde n'importe quel objet. Le regard ne dévoile rien ; il met tout de suite dans une autre situation."
Victor Brauner, 1956 (Réponses de Victor Brauner à Alain Jouffroy)

Après la perte d'un œil en 1938, Victor Brauner commence à s'intéresser aux êtres avec une approche médiumnique. C'est tout un monde invisible qu'il explore désormais dans son art : s'intéressant à l'alchimie, l'ésotérisme, l'hypnose, il s'attache à décrire les méandres de l'inconscient. Le regard, omniprésent dans son art, devient le symbole de cette quête, son importance étant soulignée par le peintre : "Le regard est un autre temps, peut-être le vrai temps de l'éternité." (Victor Brauner, L'Espace hypnotique, 1961).

Ces recherches sur le sens caché des choses, sur le moi intérieur, sont au cœur des œuvres énigmatiques peintes par Brauner dans les années 1950, exécutées dans un style mêlant effusion des couleurs et innovation plastique. Ainsi que le souligne Sarane Alexandrian, "il s'agit pour Victor Brauner, par le moyen de la peinture, de faire l'expérience de ce qui dépasse la compréhension. [...] Les tableaux de Brauner sont autant de scènes de la vie intérieure : des conflits très critiques s'y débattent, des désirs primordiaux s'y affirment, des actions capitales s'y passent, des êtres inconnus y interviennent. Ce qui explique que ses tableaux vivent d'une présence animale, inquiétante, s'animent de toute une densité charnelle angoissante : ce ne sont pas des choses que l'on peut posséder du regard, ce sont des réalités vivantes qui tempêtent [...] et qui sans cesse dérobent leur mystère" (Sarane Alexandrian, "La Symbolique de Brauner", Cahiers d'Art, Paris, 1949).