PF1205

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Lot 10
  • 10

Pierre Soulages

Estimate
650,000 - 850,000 EUR
bidding is closed

Description

  • Pierre Soulages
  • Peinture 130,8 x 90,2 cm, 11 juillet 1955
  • signé; signé et daté 11-7-55 au dos
  • huile sur toile
  • 130,8 x 90,2 cm; 51 1/2 x 35 1/2 in.

Provenance

Kootz Gallery, New York en 1955
University of Nebraska Art Galleries, Lincoln en 1956
F.M. Hall en 1956
Vente: Christie's, Londres, 23 octobre 1998, lot no.49
Collection particulière, Suisse

Exhibited

New York, Samuel Kootz Gallery, Soulages, 1955
Lincoln, University of Nebraska Art Galleries, Sixty-sixth Annual Exhibition: Contemporary Art, 1956; catalogue, no. 94
Iowa, Des Moines Art Center, Ways to Look, 1960
Omaha, Joslyn Art Museum, 100 Works, University of Nebraska, 1961
Brookings, South Dakota Memorial Art Center, The Calligraphic Statement, 1977; catalogue, no.23

Literature

Pierre Encrevé, Soulages. L'oeuvre complet, Peintures, Tome I, Paris, 1995, p.202, no. 189, illustré en couleurs

Condition

The colours are fairly accurate in the catalogue illustration, although the overall tonality is lighter in the original. The work is executed on its original canvas and is not relined. A very few hairline cracks to the black impasto are only visible under very close inspection in a small area located 22 cm from the extremity of the upper right corner and 50 cm from the extremity of the upper left corner. A tiny scuff (less than 3 mm) located 19 cm from the extremity of the lower right corner is only visible under very close inspection. A pinhead sized scuff (less than 2 mm) located 4 cm from the extremity of the upper left corner is only visible under UV light. Under UV light, there is no evidence of any retouching. This work is in excellent condition.
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Catalogue Note

Pierre Soulages dans son atelier, 11 bis rue Schoelcher, Paris © Archives Soulages, Paris

"Venant d'un fond qui laisse apercevoir ses trouées de clarté entre les membres plus sombres d'une forme nouée, la lumière non seulement crée l'espace, mais, sans modeler à proprement parler la forme, la définit, l'écrit, l'installe, et souligne ses noirceurs d'une sorte de frange colorée."
(Bernard Dorival, cité in catalogue Pierre Soulages, Musée d'Art Moderne, Paris, 1967, pp. 5-6)

A la fin du mois de janvier 1954, Samuel Kootz invite Soulages à réaliser dans sa galerie une exposition personnelle de ses oeuvres. La Kootz Gallery est alors une des galeries importantes de New York pour l'art contemporain. Elle est notamment reconnue "pour son dynamisme et pour le lien qu'elle y établissait entre des maîtres confirmés de la peinture parisienne (Picasso, Léger, arp, Braque, Miro) et de jeunes peintres américains (Hans Hofmann, Robert Motherwell, ...)". (Serge Guibault, Comment New York vola l'idée d'art moderne, Paris, 1988, p. 162)
Dès février 1954, le contrat est signé entre le marchand et le peintre français et la première exposition est organisée du 26 avril au 15 mai de la même année. Le texte d'introduction est écrit par Bernard Dorival, alors conservateur au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris. Cette exposition chez Kootz sera déterminante pour Soulages et lui ouvre les portes de tout le continent américain. Le marchand le propulse comme l'un des représentants abstraits de l'avant-garde européenne; envois d'oeuvres, expositions, voyages et rencontres se succèdent.
Le marchand devient ainsi le débouché de nombre d'oeuvres des années qui suivent dont Peinture 11 juillet 1955.

Cette œuvre illustre parfaitement la tradition de la pâte, de la matière et de l'alchimie plastique qui ont fait la renommée de l'artiste. Les scintillements et les vibrations de la lumière surgissent des empâtements. En illuminant ainsi la matière, l'artiste démontre son habileté à manier les outils, qu'il a l'habitude de créer pour beaucoup d'entre eux. Pierre Soulages utilise ici notamment le raclage en profondeur pour révéler la blancheur inattendue de la toile.

Par opposition à cette trouée de lumière, la couleur du maître brille de tout son éclat. En plus d'être un élément structurant, le noir est chez PIerre Soulages un facteur de rayonnement. Sous un puissant zigzag noir, les éclats de blanc et les aplats de brun cuivré s'illuminent. Comme si le noir les avait tour à tour incorporés, couvés comme on couve un feu puis libérés.

Le noir est lui même couleur. Induites par le traitement véhément de la pâte, les variations de texture, allant du lisse au strié, provoquent des modulations de tons, elles-mêmes accentuées par les variations d'épaisseur de la couche picturale. Rythmée par la puissante architecture du geste brossé au noir, la perception l'est donc aussi par le passage des polis aux sillons, des transparents aux opaques.

La composition, qui montre de puissantes diagonales et une grande courbe qui traverse l'espace de la toile, est exemplaire de la recherche de l'artiste de la structuration de l'espace. Courbes et diagonales s'entrelacent dès les premières compositions des années 1940. Mais ici les bandes sombres épaisses et caractéristiques, tendues par un dynamisme interne, se détachent sur un fond sombre que vient trouver la fenêtre blanche,  assurant à Peinture 11 juillet 1955, une reconnaissance immédiate, passant pour la marque même du style de l'artiste. "Des syncopes, partout, et la volonté d'interrompre le déroulement du discours peint. Le triomphe, en un mot, de tout ce qui est propre à paralyser les éléments du tableau en une immobilité si totale qu'on a parlé à ce sujet de hiératisme, et si grandiose qu'on a fréquemment comparé ces tableaux à des architectures." Bernard Dorival, in catalogue Soulages, Musée National d'Art Moderne – Paris 1967.

Dans "l'oeuvre au noir" de Pierre Soulages, Peinture 11 juillet 1955 émerveille par sa tension et son dynamisme intérieur. elle témoigne ainsi de la permanence de l'artiste à démontrer son impeccable et fascinant "métier".