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Vasque suédoise en porphyre rouge de Bredvad, travail suédois du premier tiers du XIXe siècle, ateliers d'Älvadalen, les bronzes attribués à Ludwig Mangeot
Description
- Haut. 128 cm, diam. 72 cm
- Height 50 1/3 in; diam 28 1/3 in
Provenance
- Donné par le roi de Suède Karl XIV Jean (1762-1844), au comte Etienne-Maurice Gérard, maréchal de France (1773-1852)
- Collection de son petit-fils le comte Jean-Etienne Desmier d'Archiac (1845-1927)
- Collection de son neveu le comte Ferdinand de Bryas (1895-1958)
- Collection de son fils le comte Jacques Emmanuel de Bryas-Desmier d'Achiac, château de Mauvières
Exhibited
Literature
REFERENCE BIBLIOGRAPHIQUE
P. Malgouyres, Porphyre, la pierre pourpre des Ptolémées aux Bonaparte, catalogue de l'exposition au musée du Louvre, 17 novembre 2003-16 février 2004
Catalogue Note
Le porhyre rouge provenant du désert oriental égyptien fut de tout temps considéré comme une pierre emblématique, de l'antiquité aux collections édifiées par Louis XIV et Louis XVI. Les vases en pierres rares et notamment en porphyre, montées ou non, furent une composante majeure des décors des demeures royales ou de la grande aristocratie des XVIIe et XVIIIe siècles. Dans ce contexte, l'exploration et l'exploitation de nouveaux gisements furent entreprises en Europe. La découverte en 1731 d'importants gisements de pierres dures dans la vallée de l'Älvadalen en Suède généra une exploitation relativement confidentielle et une taillerie fut installée sur les lieux d'extraction. C'est surtout à la fin du XVIIIe siècle après le voyage en Italie du roi Gustave III puis au début du XIXe sous l'impulsion de Jean-Baptiste Bernadotte, maréchal de France puis prince héritier de Suède, que les carrières de la haute Dalécarlie commencèrent à être largement exploitées, les pierres transportées à Paris pour y être façonnées dans la pure tradition du style Empire qui rayonnait alors sur l'Europe.
En 1818, le roi Charles XIV Jean, achète à titre privé la manufacture de porphyre pour en assurer la pérennité, la nouvelle manufacture royale étend sa production habituelle à l'ameublement des résidences de la couronnes et aux présents diplomatiques.
C'est dans ce contexte que notre vasque, destinée à recevoir des fleurs, fut réalisée et les différentes étapes de sa conception furent consignées dans un recueil aujourd'hui conservé dans les archives de Suède (voir illustration). Le porphyre utilisé correspond à une variété très rouge provenant de la carrière de Bredvad.
Le modèle de la vasque s'inspire des grands labrum de l'antiquité, et seuls sept exemplaires de ce modèle auraient été réalisés à Älvadalen entre 1820 et le début des années 1830 :
-deux en granit gris ou granitelle,
-deux en granitelle rose,
-trois en porphyre rouge de Bredvad.
Outre celle que nous présentons, offerte par le roi Karl XIV Jean à son ancien aide de camp, Etienne-Maurice Gérard, une jardinière en granitelle grise est conservée au château de Rosendal à Stockholm (voir illustration), qui fut autrefois le lieu de résidence de campagne favori de Charles XIV Jean ; une autre au musée de l'Ermitage à St-Petersbourgune ; autre se trouve dans la salle de gala du palais royal de Stockholm ; une est conservée au Museo Napoleonico à Rome ; une fut offerte à Lady Disbrowe en 1834 (puis vente Sotheby's à Londres, le 25 mai 1990, lot 173) enfin une apparut en vente en Suède en 1961, Bukowskis, catalogue 367, n°421.
Le travail du bronze est dû à Ludwig Mangeot, l'un des bronziers les plus important en Suède à cette période. Entre 1826 et 1830, Mangeot fournit de nombreux objets d'ameublement pour les châteaux royaux et puissa parfois l'inspiration de certaines de ses pièces dans des bronzes dorés français qu'il importait.
Devenu roi de Suède, Bernadotte conserva tous ses liens d'amitié avec Etienne-Maurice Gérard (1773-1852) qui fut pendant plus de quinze ans son collaborateur. Héros des guerres napoléoniennes, puis maréchal de France sous Louis-philippe, il fut nommé Pair de France en 1833 puis ministre de la Guerre et président du Conseil des Ministres. Il habita hôtel de la rue Neuve de Berry à partir de 1830, jusqu'à sa mort en 1852. Dans son inventaire après-décès on trouve mentionné : Dans un salon éclairé par deux fenêtres sur la cour, une grande jardinière en porphyre de Suède montée sur trois colonnes avec son chapiteau et ornement en cuivre doré .....200 fr (archives de Paris, D1 U1 195 et archives nationales XVIII, 1276).