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Bibliothèque à deux corps en placage d'amarante et bronze doré d'époque Régence, vers 1715-1720, attribuée à Joseph Poitou ou à Charles Cressent
Description
- Haut. 236 cm, larg. 122 cm, prof. 51 cm
- Height 93 in; width 48 in; depth 20 in
Literature
BIBLIOGRAPHIE
Alexandre Pradère, Charles Cressent, Dijon, 2003, p. 100 et 312, cat. 305 (ill.)
Condition
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Catalogue Note
A la tête de son propre atelier depuis la fin de l'année 1716, Joseph Poitou, héritier d'une dynastie d'ébénistes parisiens liée aux Boulle, connaissait déjà un succès commercial certain lorsqu'il mourut subitement au printemps 1719. Parmi les créanciers mentionnés dans son inventaire après-décès figurait un proche collaborateur, Charles Cressent (1685-1768) : celui-ci épousa bientôt la veuve de Poitou et reprit l'atelier de ce dernier, situé rue Notre-Dame-des-Victoires.
La bibliothèque présentée ici appartient à cette période de transition que connut alors l'atelier. On relève notamment, dans l'inventaire du stock de Poitou en 1719, une « armoire de bois d'amarante » prisée, avec une armoire de bois noirci, 80 livres (A. Pradère, Les Ébénistes français de Louis XIV à la Révolution, Paris, 1989, p. 117). Poitou avait principalement recours à cette essence, ainsi qu'au palissandre. Il est également fort probable que les bronzes qu'il utilisait étaient déjà, pour la plupart, l'œuvre de Cressent. Il se peut donc que notre meuble ait été complètement réalisé du vivant de Poitou avec une ornementation de bronze doré fournie par Cressent, ou alors que le bâti et le placage, exécutés avant le décès de Poitou, aient été décorés ultérieurement par Cressent lorsque celui-ci hérita de l'atelier.
D'autres meubles, constituant une petite série issue de cette période charnière (mise en exergue par A. Pradère in Charles Cressent, Dijon, 2003, p. 310-312 dont cette bibliothèque), présentent une construction assez similaire et, surtout, un répertoire de bronzes dorés identique, d'une qualité exceptionnelle : enfants incarnant les Arts libéraux - thème qu'affectionnait particulièrement Cressent – sous un dais ou dans un cartouche comme ici, écoinçons dans les angles des panneaux, bases des pilastres ou encore poignées feuillagées. Il s'agit principalement de bibliothèques ou d'encoignures, parfois à deux corps, dont :
- une paire de bibliothèques aux enfants allégoriques de la Géographie et du Commerce (fig. 1), ancienne collection Potocki à Lancut, conservée aujourd'hui au musée de Cleveland
- une paire de bibliothèques en encoignure aux enfants allégoriques de la Musique, du Commerce, de la Géographie et de la Peinture, ancienne collection Voguë, puis collection Dr Hans Wendland, vente Galerie Graupe, Berlin, 24 avril 1931, lot 161, pl. 40
- une bibliothèque en encoignure aux enfants allégoriques de la Géographie et du Commerce (fig. 2), ancienne collection Charles Mannheim (vers 1888), puis collection Mme L. Briscoe, vente Sotheby's Londres, 26 octobre 1973, lot 112, puis vente Sotheby's New York, 13 octobre 1983, lot 477, puis vente Christie's Londres, 10 décembre 1992, lot 184, et enfin vente Christie's New York, 26 octobre 1994, lot 88 avec une autre bibliothèque en suite d'époque postérieure.
Destinés à exposer livres, bronzes, médailles ou coquillages précieux au sein d'intérieurs raffinés ou de cabinets de curiosités, ces meubles de collectionneurs connurent une grande vogue sous la Régence. De dimensions moins importantes que les armoires produites sous Louis XIV, ces bibliothèques-vitrines présentaient un décor non moins luxueux lorsqu'elles sortaient de l'atelier d'un Poitou ou d'un Cressent.