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Temple (Corpus Christi) en bronze doré et argent, Espagne, vers 1600
Description
- Temple (Corpus Christi) en bronze doré et argent, Espagne, vers 1600
- Haut. 120 cm, larg. 41,5 cm ; height 47 1/4 in; width 16 1/3 in
Condition
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Catalogue Note
L'usage du tempietto
C'est à Gênes, au trésor de la cathédrale San Lorenzo que l'on peut admirer une œuvre permettant de comprendre l'usage de notre tempietto.
Entre 1558 et 1575, Desiderio Croce exécute pour les « Pères de la Commune » de Gênes un tempietto eucharistique identique au nôtre pour l'arche processionnelle du Corpus Domini. Cette imposante arche en bois recouvert de plaques d'argent et pesant plus de soixante-dix kilos est, encore de nos jours, portée sur un brancard par six hommes et promené dans les rues de Gênes chaque année le jour de la fête du Corpus Domini (le 16 juin). A l'intérieur du tempietto est déposée une grande hostie consacrée.
Cette arche est illustrée dans l'ouvrage de Franco Boggero et Farida Simonetti, Argenti Genovesi da Parata, 1991, p. 34-35 et 226-227, celui de Gianna Roccatagliata, Argenti Genovesi, 2002, p. 54 ainsi que dans Museo del Tesoro, 2007, p. 8.
Le fruit de deux influences liées
Cette pièce de grandes dimensions présente une iconographie révélant l'influence de deux régions à fort liens historiques, le nord de l'Italie (autour de Gênes) et surtout l'Espagne. Ces liens peuvent être illustrés par l'exemple de grandes familles espagnoles comme les Mendoza qui font appel à un architecte gênois, Michel Carlone, pour construire le château de la Calahorra près de Grenade entre 1500 et 1513. L'empereur Charles-Quint lui-même, pour son palais de l'Alhambra à Grenade, va se tourner, à la différence de ses prédécesseurs, vers des artistes italiens ou formés en Italie comme Pedro Machuca ou le sculpteur Niccolo da Corte.
L'influence italienne réside d'abord dans la conception de cette arche. Malgré le grand nombre de pièces religieuses encore présentes dans les églises espagnoles, ce type d'objet ne semble pas avoir une origine espagnole mais bien italienne.
Les colonnes torses elles aussi relèvent de cette influence. On les retrouve souvente dans des niches accueillant des statues de sculpteurs renommés. Par exemple au musée de l'œuvre de Santa Croce à Florence, elles abritent une statue de Saint Louis par Donatello ; dans la même ville, à Orsanmichele, c'est le groupe du Christ et Saint Thomas par Verrocchio qu'elles mettent en valeur. Au musée de Détroit, deux bustes-reliquaires de saintes femmes sont soutenus par des colonnes similaires probablement napolitaines. Ce modèle ne semble pas avoir été employé en architecture espagnole.
Malgré cette influence particulièrement présente, notre tempietto a très probablement été réalisé en Espagne. Un coffre assez similaire appelé Custodia de Asiento dû à l'orfèvre José Velazquez de Madrazzo vers 1600 se trouve au couvent de Rvas à Saragosse. Il est illustré dans El Espejo de Nuestra Historia, Saragosse, 1991, p. 372. L'architecture générale doit être rapproché du style plateresque, appelé style Isabelle, très exubérant et visible par exemple sur la façade de l'hopital royal de Saint Jacques de Compostelle édifié entre 1510 et 1511.
Le décor de rinceaux sur fond amati est pour sa part typique de l'orfèvrerie espagnole et se retrouve, entre autres, sur les aiguières du début du XVIIe siècle. Par exemple, on peut le comparer avec celui d'une aiguière de la collection Varez, voir Cristina Esteras Martin, la Plateria de la Coleccion Varez Fisa, n° 30, p. 87, ou celle figurant en couverture de ce catalogue ou encore celle de la collection Alorda Deksen, n° 26, p. 156.
Le clocheton au sommet du tempietto rappelle quant à lui le haut des salières ibériques de la fin du XVIe siècle (voir par exemple Sotheby's Paris, 29 avril 2009, n° 169).
En définitive, ce tempietto, bien qu'exécuté sans doute par un orfèvre espagnol caractérisé par la gravure de rinceaux et certains éléments iconographiques, a subi une forte influence italienne, plus particulièrement génoise, rappelant les liens forts qui unissaient ces deux régions tout au long du XVIe siècle. Ces échanges trouvent leur origine principalement dans le fait que le futur Charles Quint, d'abord héritier de la couronne d'Espagne en 1516, est élu empereur du Saint Empire Romain Germanique en 1519.