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Odilon Redon
Description
- Odilon Redon
- FLEURS SUR FOND GRIS
- pastel et crayon Conté sur papier
- 53,5 x 43,5 cm
- 21 x 17 1/8 in.
Provenance
Georges Renand, Paris (vente : Hôtel Drouot, Paris, 15 mars 1988, lot 44, reproduit sur la couverture)
Acquis lors de cette vente par le propriétaire actuel
Exhibited
Paris, Galerie Druet, Exposition d'œuvres de Odilon Redon (1840-1916), peintures, pastels, aquarelles, dessins, lithographies, eaux-fortes, art décoratif, 1923, no. 95 (avec la mention "exécuté en 1916, dernier pastel de l'artiste")
Paris, Musée d'Art Moderne, De l'impressionnisme à nos jours, 1958, no. 171
(Probablement) Chartres, Chambre de Commerce, Aspects de la peinture française depuis Cézanne, 1959
Literature
Alec Wildenstein, Odilon Redon. Catalogue raisonné de l'œuvre peint et dessiné, Paris, 1996, vol. III : Fleurs et paysages, no. 1482, reproduit p. 91
Condition
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Catalogue Note
pastel and Conté on paper.
"Fleurs, venues au confluent de deux rivages, celui de la représentation, celui du souvenir."
Odilon Redon, A Soi-même. Journal (1867-1915), Paris, 1922, p. 115
"Je dis une fleur ! et, hors de l'oubli où ma voix relègue aucun contour, en tant que quelque chose d'autre que les calices sus, musicalement se lève, idée même et suave, l'absente de tous bouquets."
Mallarmé, Divagations, 1897
C'est par ses pastels, et surtout les bouquets de fleurs de la dernière période comme celui-ci qu'une exposition à la Galerie Druet en 1923 annonçait comme "le dernier pastel de l'artiste", que Redon souleva l'admiration des plus grands critiques de son époque - Mallarmé en tête - qui n'hésitaient pas à placer ses recherches sur la couleur à la pointe de l'avant-garde picturale des années 1900.
Recherchant une sensualité extrême de la couleur et de la matière, Redon poussera ses recherches jusqu'à dissocier l'utilisation de l'une et de l'autre de la forme et de la ligne, évaporer et pulvériser le motif représenté, ouvrant ainsi la voie à un large pan de la peinture abstraite du XXème siècle. La couleur pure, non diluée, non mélangée, magnifiée dans le présent pastel par une explosion d'indigo, de corail, de vermillon, de blanc, d'or, d'émeraude, de rose, voilà le sujet principal des plus beaux pastels de Redon. Cette quête presque alchimique de la sensation par la couleur, de la matière-couleur comme épiphanie du réel, sera prolongée puis radicalisée par des artistes d'après-guerre comme Yves Klein ou dans les exubérances hyperréalistes de Jeff Koons.
Le critique Marius-Ary Leblond fit paraître un long texte en 1907 sur les tableaux de fleurs de Redon, qui plut beaucoup à l'artiste : "Il y a autour de toutes les fleurs que Redon fait monter devant nous, portées dans un long vase qui les présente en éventail, qui les détache en fusées ou les éparpille en bouquet de fleurs d'artifice, une sorte de halo de vide très frappant qui donne à l'esprit le petit vertige de l'infini" (Odilon Redon, "Le Merveilleux dans la peinture", Revue illustrée, 20 février 1907, p.156). Cette ouverture de la sensation au vertige métaphysique permet également de rapprocher les œuvres de Redon des recherches plasticiennes d'artistes tels Mark Rothko.
Au-delà de la prestigieuse descendance artistique initiée par la technique (plutôt que par l'inspiration) d'Odilon Redon, c'est surtout au plaisir de voir et à l'ivresse d'une émotion directe que les plus beaux pastels d'Odilon Redon invitent le spectateur. Jean Cocteau, dans une lettre à l'artiste de 1913, parlait d'une germination d'or : "Vos papillons et vos bouquets échangent leurs pollens lumineux et leurs poudres éclatantes, et c'est toujours ce même miracle d'un rêve éveillé que nous offre le moins littéraire et le plus poétique des génies".
It is with his pastels, and above all the exquisite floral still-lifes of the artist's mature period such as the present work which an exhibition at the Galerie Druet in 1923 presented as 'the last pastel of the artist', that Redon elicited the admiration of the greatest critics of his time – Mallarmé chief among them – who, in turn, did not hesitate to herald these distinctive explorations of colour as at the forefront of the pictorial avant-garde of the 1900s.
In his quest for an extreme sensuality of colour and texture, Redon pushed his explorations to the point where line could be disassociated from colour, evaporating and pulverising the motif represented and thus pathed the way for a large number of abstract twentieth-century paintings. The pure, undiluted nature of the colours is magnified in the present work by an explosion of indigo, coral, vermillion, white, gold, emerald and rose: here we have the real subject matter of Redon's most beautiful pastels. This almost alchemical quest for sensation through colour, of colour-material as an epiphany of the real, was to be prolonged and then radicalised by post-war artists such as Yves Klein or in the hyperrealist exuberances of Jeff Koons.
The critic Marius-Ary Leblond published a long article in 1907 on the subject of Redon's floral still-lifes which very much pleased the artist: "there is, surrounding all the flowers that Redon puts before us, fanned out as they stand in a long vase, with stray stems shooting off like rockets or scattered in a spray of brightly-coloured blooms, a very striking sort of empty halo that gives one's spirit a little vertigo of the infinite." (Odilon Redon, 'Le Merveilleux dans la peinture', Revue illustrée, 20th February 1907, p. 156). This unlocking of sensation to metaphysical vertigo also allows for a comparison of Redon's works with the later investigations of artists such as Mark Rothko.
Redon's skill for eliciting sensations that could not otherwise be captured in a picture set him apart from his colleagues, and his floral pastels ultimately came to define his artistic identity. Above and beyond the prestigious artistic legacy initiated by Odilon Redon's technique, however, the artist's most beautiful pastels offer the spectator the sheer pleasure of viewing and a direct emotional thrill. Jean Cocteau, in a letter to the artist in 1913, wrote of a golden germination: "Your butterflies and your bouquets exchange their luminous pollen and their delightful powders, and it is this miracle of the waking dream that the least literary and the most poetic geniuses offer us."