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Max Ernst
Description
- Max Ernst
- LA NATURE À L'AURORE
- signé Max Ernst et daté 37 (en bas à droite)
- huile sur carton
- 23,9 x 32,9 cm
- 9 3/8 x 12 7/8 in.
Provenance
Joe Bousquet, Carcassonne
Collection particulière, Carcassonne
Collection particulière, France
Exhibited
Literature
Pierre Cabanne, La Chambre de Joe Bousquet. Enquête et écrits sur une collection, Marseille, 2005, reproduit p. 97
Condition
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Catalogue Note
signed 'Max Ernst' and dated '37' (lower right), oil on board. Painted in 1937.
La Nature à l'Aurore compte parmi les plus purs exemples des nouvelles forêts qui apparaissent dans l'œuvre de Max Ernst à partir de 1936. S'y déploie, dans une somptueuse palette d'émeraude, tout un monde muet et peuplé, cérébral et végétal, féérique et angoissant. A partir de la seconde moitié des années 30, Ernst allait une nouvelle fois trouver dans le thème de la forêt un espace imaginaire essentiel à l'éclosion de ses visions les plus grandioses comme La Joie de Vivre (Fig. 3), La Nymphe Echo (Fig. 2), ou La Conversion du Feu. Dix ans auparavant, la technique du frottage lui avait inspiré ces fameuses forêts pétrifiées où des grands ensembles muraux se dressent dans l'espace comme des cathédrales ou des cités détruites.
"La forêt symbolise la nature ernstienne par excellence, une nature qui dévore tout ce qui la pénètre. Ainsi la forêt est souvent représentée comme un espace hostile à l'homme, et le lieu par excellence de la menace et du crime" (Henri Béhar, "Qu'est-ce qu'une Forêt ? L'interrogation de Max Ernst" in Revue Mélusine, éditions l'Age d'Homme, no. XXI, p. 247).
Les formes pointues et tranchantes des arbres et des feuilles dans La Nature à l'Aurore, la luxuriance d'une flore où s'emprisonnent deux oiseaux chimériques, l'émersion fragile de hauts remparts bientôt recouverts, tout suggère une végétation carnivore qui s'attaque à l'homme et envahit tout son espace et son histoire. Et si les Forêts des années vingt étaient minées par le souvenir de la première guerre mondiale, celles des années 30 s'inscrivent entre la défaite des républicains espagnols soutenus par Max Ernst et tous les surréalistes, et son exil en Amérique en 1940 : on y sent toujours planer l'ombre du terrifiant Ange du Foyer, annonciateur du grand conflit mondial de 1939.
Monde hostile, la forêt reste pour autant un espace à plusieurs natures. Max Ernst assigne d'autres identités à la forêt menaçante comme celle de la forêt-énigme, secrète et mystérieuse. Enigme du monde, royaume désorganisé par les jeux de l'inconscient, fusion des mondes animaux et végétaux en un seul règne du vivant, lieu paradoxal, "parfait conducteur de rêve" pour André Breton, la forêt a tout du fabuleux terrain de jeu pour un peintre surréaliste. Mais l'originalité des paysages de Max Ernst et particulièrement d'un tableau comme La Nature à l'Aurore, avec son titre aux accents ronsardiens, vient de l'extrême sensualité de la forêt que l'artiste assimile à la femme aimée. Les zones les plus érotiques du corps féminin (le sexe, les seins, une jambe) y apparaissent comme des éléments de la nature, mais sans collage, sans incongruité visuelle. Dans Les Mystères de la forêt, texte paru en 1934 (Minotaure no. 5), Max Ernst décrivait déjà une forêt-femme en fantasmant ainsi les forêts d'Océanie : "Elles sont, paraît-il, sauvages et impénétrables, noires et rousses, extravagantes, séculaires, fourmilières, diamétrales, négligentes, féroces, ferventes et aimables, sans hier ni lendemain. D'une île à l'autre, par dessus les volcans, elles jouent aux cartes avec des jeux dépareillés. Nues, elles ne se parent que de leur majesté et de leur mystère".