Lot 50
  • 50

Paul Sérusier

Estimate
300,000 - 400,000 EUR
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Description

  • Paul Sérusier
  • BRETONNES, RÉUNION DANS LE BOIS SACRÉ
  • signé P. Sérusier (en bas à gauche)
  • huile sur toile
  • 72,5 x 91,4 cm
  • 28 1/2 x 36 in.

Provenance

Probablement conservé par l'artiste jusqu'à sa mort en 1927 à Morlaix
Acquis en 1929 par une famille d'architecte (vente : Piasa, Paris, 14 décembre 2001, lot 6)
Collection particulière, Paris

Exhibited

(Vraisemblablement) Paris, Galerie Le Barc de Boutteville, 4ème Exposition des peintres impressionnistes et symbolistes, 1893, no. 124 (titré Le Sous-Bois)

Literature

Rodolphe Repetti, Le Symbolisme, Paris, 2005, reproduit p. 185

Condition

The canvas is not lined. A close inspection reveals some scattered areas of thin stable shrinkage and a few associated minuscule spots of paint-loss. There are several small areas of retouching: in the centre of the centre-right group of figures, scattered along the right edge and in the lower right corner, along the centre of the lower edge, above the left group of foreground figures and along a vertical line in the lower centre of the composition. This work is in good condition.
"In response to your inquiry, we are pleased to provide you with a general report of the condition of the property described above. Since we are not professional conservators or restorers, we urge you to consult with a restorer or conservator of your choice who will be better able to provide a detailed, professional report. Prospective buyers should inspect each lot to satisfy themselves as to condition and must understand that any statement made by Sotheby's is merely a subjective, qualified opinion. Prospective buyers should also refer to any Important Notices regarding this sale, which are printed in the Sale Catalogue.
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Catalogue Note

signed 'P. Sérusier' (lower left), oil on canvas. Painted circa 1891-93.

"Sérusier recompose un paysage dont il est totalement imprégné, pénétré au point de n'en garder que la signification essentielle car, pour lui, l'art n'est pas copie mais déformation subjective de la nature. Il traduit les sensations que la nature lui suggère et la qualité de son interprétation est proportionnelle à l'intensité de son émotion. Il décante les lignes, résume les harmonies mais l'œuvre intellectualisée qui se superpose à la nature reste vraie à tel point qu'en se promenant dans les paysages de Cornouaille à l'automne, on a l'impression d'être dans un tableau de Sérusier. Il y a un vacillement constant entre le paysage naturel et le paysage intérieur qui nous émeut par son caractère intimiste."
Catherine Puget, « L'Itinéraire de Sérusier », in Paul Sérusier et la Bretagne (catalogue d'exposition), musée de Pont-Aven, 1991, p. 4-5


Parmi les œuvres des nabis, ce sont celles de Paul Sérusier qui sont les plus pénétrées de l'esprit de Gauguin. C'est en effet sous la direction de son ainé que Sérusier peint en 1888 son célèbre Talisman, panneau aujourd'hui conservé au musée d'Orsay. Gauguin fait ainsi découvrir à Sérusier la couleur intense conjuguée avec une solide construction synthétique, ainsi que la primauté de l'imagination sur les apparences naturelles, préceptes auxquels Sérusier restera fidèle toute sa vie. Chef de file des Nabis, Sérusier prend activement part aux activités du groupe de 1888 à 1894 (environ) et expose notamment à leurs cotés chez Le Barc de Boutteville, quand il ne discute pas d'art et de littérature avec d'autres représentants de l'avant-garde dans divers cafés parisiens ou dans les locaux de La Revue Blanche ou qu'il ne participe pas à des débats hebdomadaires sur des questions de théologie et de philosophie.

Pourtant, si les œuvres de ses condisciples parisiens Nabis ont pour thème principal la capitale, ses intérieurs intimistes et ses paysages urbains, les peintures de Sérusier trouvent la plupart de leurs motifs en Bretagne, à l'instar de celles de ses amis du groupe de Pont-Aven. Comme le souligne Catherine Puget, "Le caractère de Sérusier le porte à rechercher l'intemporel, l'étrange, le mystère, éléments qu'il trouve à profusion dans la terre bretonne, chargée  d'une poésie et d'un charme hors du temps. Il peint des paysages robustes, aux lignes immuables, animés par des paysans [...] qui semblent des émanations naturelles du paysage. Sérusier ne les particularise pas mais souligne leur caractère universel, sans âge. [..] les personnages ont les yeux ouverts mais le regard vide, ils sont tournés vers l'intérieur d'eux-mêmes, dans un espace clos, isolés dans une méditation qui leur donne parfois un air fantôme. Immobilisés dans leur gestes quotidiens, en symbiose avec le paysage dont ils sont issus, les personnages atteignent une dimension symboliste" (idem).

Sérusier passe ainsi trois étés successifs, de 1891 à 1893, à Huelgoat, petit village de l'arrière-pays breton au passé riche de contes et de légendes. C'est au cours d'un de ses séjours dans ce pays de Cornouailles où les forêts denses, les rochers de granit et les ravins escarpés lui fournissent une inépuisable source d'inspiration, que Sérusier peint Bretonnes, Réunion dans le Bois sacré. En quête d'un renouvellement de sa palette, l'artiste abandonne ici les couleurs luxuriantes de ses toiles du Pouldu et de Pont-Aven pour une nouvelle gamme de couleurs, tout en délicatesse et sobriété. Les subtiles nuances de gris et d'ocre prédominent dans ce mystérieux paysage, dynamisées par les verticales qui rythment  la composition. A l'image des estampes japonaises qu'il admire tant, l'artiste adopte un cadrage resserré et élimine l'accidentel et l'anecdotique conférant à ce tableau majeur une dimension intemporelle et universelle.