Cros, Charles

Manuscrit de l'un des poèmes les plus célèbres de Charles Cros. L'autographe, sans repentirs ni ratures, ne porte aucune dédicace. Dans l'édition préoriginale (La Parodie, n° 5, 1^er septembre 1869), le poème est dédié à Richard Wagner. Il sera repris dans Le Coffret de Santal en 1873.

Le thème utilisé par Cros est fréquent dans les contes fantastiques de l'époque romantique : la voix humaine devenant prisonnière d'un instrument de musique. C'est ainsi que L'Archet inspira successivement les musiciens Cabaner, Gabriel Fabre, Debussy et, plus récemment, Robert Caby.

L'Archet est cité par presque tous ceux qui ont parlé de Cros : Verlaine, Verhaeren, Proust ou Paul Léautaud, qui lui accorde une appréciation louangeuse : «Ce sont les premiers vers que j'ai lus, j'avais quatorze ou quinze ans. (...) Il y a là un son qu'on ne trouve plus aujourd'hui. C'est en tous cas d'une sobriété de mots remarquable» (Lettres à Marie Dormoy, p. 213).

À l'âge de dix-sept ans, en octobre 1888, Marcel Proust adressa à Daniel Halévy une copie d'une partie du poème qu'il venait de découvrir dans le fascicule des Hommes d'aujourd'hui consacré à Charles Cros. Il notait : «Comme il convient de faire des notices sur les gens que l'on aime, je te dirai que Charles Cros était l'auteur de beaux poèmes réunis dans le Coffret de Santal. (...) Ce pauvre Cros me plaît. Ses fragiles chansons seront très vite oubliées. Pauvre observateur du monde extérieur qu'il voyait avec ses yeux troubles d'ivrogne, il tira la poésie de lui-même. La matière était mince. Il ne sut pas la faire valoir, par l'art achevé. Pourtant je trouve là de la musique et du sentiment.»
Par ailleurs, Marcel Proust citera dans La Fugitive, cinq vers de Nocturne, pièce tirée du Coffret de santal.

Seul manuscrit connu de L'Archet.
Il provient de la collection Henri Matarasso.