- 72
Mallarmé, Stéphane
Description
- Mallarmé, Stéphane
- L'Après-midi d'un Faune. Églogue avec frontispice, fleurons & cul-de-lampe. Paris, Alphonse Derenne, 1876.
Catalogue Note
Édition originale. Tirage limité à 195 exemplaires ; celui-ci sur vergé de Hollande van Gelder (nº 108).
Fameuse illustration par Edouard Manet, gravée sur bois.Elle comprend un frontispice représentant un faune, tiré sur Chine volant et rehaussé de rose, un en-tête, un cul-de-lampe et un ex-libris tiré sur Chine, également rehaussé de rose par le peintre.
Entrepris dès 1865, refusé en 1875 par le Parnasse contemporain, ce poème capital de Mallarmé fut publié l'année suivante par l'«éditeur prodigue», Alphonse Derenne.
«Des Esseintes éprouvait de captieuses délices à palper cette minuscule plaquette, dont la couverture en feutre du Japon, aussi blanche qu'un lait caillé, était fermée par deux cordons de soie, l'un rose de Chine et l'autre noir.» Huysmans (À Rebours).
«Sac à bonbons, mais de rêve», devait écrire l'auteur à propos de cette plaquette insolite si subtilement ordonnée ; un des chefs-d'oeuvre du symbolisme. (En français dans le texte, BnF, 1990, n° 302).
Précieux exemplaire de Ludovic Halévy, avec son nom calligraphié par le poète à l'encre rouge sur l'ex-libris accompagné de cet envoi autographe signé :
Avec les remercîments
d'un de ses lecteurs
Stéphane Mallarmé.
Auteur dramatique et romancier à succès, Ludovic Halévy (1834-1908) sut plaire à la société du second Empire comme à celle de la IIIe République. Il composa également, avec son complice Henri Meilhac, des vaudevilles, des comédies et des opérettes mises en musique par Offenbach. Il recevait la fine fleur du Paris artistique et littéraire lors des «jeudis de Ludovic», où se côtoyaient Edgard Degas, Charles Gounod, Édouard Manet, Guy de Maupassant, Gustave Moreau, Robert de Montesquiou, etc. Membre de l'Académie française et dreyfusard (ce qui lui valut de se brouiller avec le peintre Degas), il soutint constamment, en vain, la candidature d'Émile Zola.
L'exemplaire lui fut offert par Mallarmé en 1883.
Mallarmé lui avait rendu un service peu avant. En remerciement, Halévy lui adressa deux de ses livres dûment dédicacés – L'Invasion et L'Abbé Constantin. Présent charmant mais bien peu bibliophilique, le premier volume relevant de la douzième édition, le second de la cinquante-cinquième...
Assaut de politesses. Mallarmé ne l'en remercia pas moins chaleureusement, le 11 novembre, en lui adressant L'Après-midi d'un faune : «Que c'est charmant à vous de me permettre de placer sur un rayon de ma bibliothèque plusieurs chefs-d'oeuvre exquis, hantant toutes les mémoires de ce temps ! Je suis profondément touché de ce très bel envoi et vous adresse, non pas à titre d'échange, mais pour reconnaître comme je le puis tant d'admirable bonté, une singulière petite plaquette qui a bien l'air d'un sac sans bonbons, dont la devise serait longue.»Halévy confessa au poète que son «âme de bibliophile a été réjouie», s'empressant de confier le précieux volume à l'un des meilleurs faiseurs de la place. (Nous remercions le professeur Marchal de ces renseignements).
Les exemplaires en reliure contemporaine et signée sont de toute rareté. Celui-ci, établi par Paul Vié, est relié sur brochure, c'est-à-dire entièrement non rogné de façon à garantir marges et couverture intactes. L'exemplaire est parfaitement conservé, doté de la fragile couverture de Japon feutré gris et bien complet des deux cordonnets de soie rose et noire, ainsi que de l'étiquette de prix fixée sur le second plat.
Ex-libris de Ludovic Halévy. Dos légèrement bruni.