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[Wilde, Oscar]. Louÿs, Pierre
Description
- [Wilde, Oscar]. Louÿs, Pierre
- Sonnet [traduit par Pierre Louÿs]. In : The Spirit Lamp. An Aesthetic, Literary and Critical Magazine, edited by Lord Alfred Douglas. Oxford, May 1893.
Catalogue Note
Adaptation française en vers par Pierre Louÿs de la fameuse lettre d'Oscar Wilde adressée en janvier 1893 à son amant Alfred Douglas.
Hyacinthe ! ô mon coeur ! jeune dieu doux et blond ! Tes yeux sont la lumière de la mer ta bouche, Le sang rouge du soir où mon soleil se couche... Je t'aime, enfant câlin, cher au bras d'Apollon (...).
Édition préoriginale publiée dans The Spirit Lamp, la revue littéraire dirigée par Alfred Douglas. Intitulée Sonnet, elle est précédée d'un avertissement : «A letter written in prose poetry by Mr. Oscar Wilde to a friend, and translated into rhymed poetry by a poet of no importance.»
Lorsque Hyacinthe fut versé au dossier du procès contre Oscar Wilde, Pierre Louÿs en eut des sueurs froides.L'exemplaire, ici soigneusement constitué par Pierre Louÿs qui n'a conservé que quelques pages de la revue, comprend, outre le Sonnet, le long article consacré par Alfred Douglas à la publication parisienne de Salomé, ainsi que le célèbre poème de Douglas, Sicilian Love Song.
Dans ses souvenirs, Alfred Douglas rapporte l'usage funeste que fit de cette lettre son propre père, ainsi que les circonstances de son adaptation française : «Je fis connaissance de Pierre Louÿs à Londres, alors que j'habitaisavec Oscar à l'hôtel Savoy. Louÿs vint plusieurs fois déjeuner et dîner avec nous : il écrivit pour moi un sonnet que je publiai dans le journal d'étudiants que je dirigeais alors à Oxford, The Spirit Lamp. C'était une version libre d'une lettre que m'avait écrite Wilde et qui fut ensuite utilisée contre lui par mon père au cours du procès. L'avocat d'Oscar Wilde, sir Edward Clarke, montra un exemplaire du numéro de The Spirit Lamp et fit remarquer que cette lettre avait été transposée en poème par un poète français bien connu. Il voulait évidemment prouver ainsi que la lettre de Wilde n'avait nullement le sens dégoûtant que mon père lui attribuait ; c'était, je crois, peu de temps avant la publication d'Aphrodite.»
Exceptionnel envoi autographe signé :
Pour Oscar Wilde
Affectueusement.
Pierre Louÿs.
Un manuscrit autographe signé de son interprétation poétique, calligraphié en quatre couleurs, a été monté en tête par Pierre Louÿs pour enrichir l'exemplaire.
Témoignage unique d'une amitié littéraire éphémère. Les deux écrivains s'étaient rencontrés à Paris, lors du séjour que fit Wilde à l'automne 1891, séjour durant lequel il fit aussi la connaissance de Marcel Proust, Marcel Schwob et André Gide. Wilde entreprit alors l'écriture, directement en français, d'une tragédie centrée sur le personnage de Salomé. L'édition originale, parue au mois de février 1893, était dédiée : À mon ami, Pierre Louÿs. À réception de son exemplaire, Louÿs adressa un mot de remerciement un peu négligeant à l'auteur, qui devait le froisser. Les deux hommes se brouillèrent définitivement quelques mois plus tard et l'envoi de ce Sonnet marque peut-être l'ultime témoignage de leur amitié. Pierre Louÿs accompagna le convoi funèbre d'Oscar Wilde en 1900, sans l'avoir jamais revu.
On sait que l'auteur d'Aphrodite, érotomane distingué, ne tolérait pas l'homosexualité masculine – ce qui rendplus curieux encore le choix de textes qu'il fit pour constituer cet exemplaire offert à Oscar Wilde. N'a-t-il pasconservé le poème d'Alfred Douglas, Sicilian Love Song, dont l'orientation ne fait guère de doute :
His lips are sweet and red,
Where starlight and moonlight mingle
We will make our bridal bed (...)