Villiers de l'Isle Adam, comte de

Véritable creuset de l'oeuvre à venir, Isis passa inaperçu des critiques et du public. Catulle Mendès, Théodore de Banville et Stéphane Mallarmé mis à part, peu nombreux ont été ceux qui ont lu son premier roman à l'époque : seuls vingt-trois exemplaires furent vendus entre 1862 et 1886. L'auteur écrira : «J'ai couru inutilement pour en trouver un seul, et je crois qu'on n'en pourrait trouver un exemplaire que sur les quais, par hasard, quelque jour» (Correspondance I, p. 170).

Très précieux envoi autographe signé de l'auteur :

À Stefane [sic] Mallarmé,
mon cher ami,
Aug. Villiers de l'Isle Adam.

Première trace de l'amitié naissante entre les deux écrivains, Villiers estropiant le prénom de Mallarmé. Exécuteur testamentaire de Villiers de L'Isle-Adam avec Huysmans, Stéphane Mallarmé compta en effet parmi les amis les plus proches de l'auteur. «Ne pas donner mon adresse aux amis, Dierx et Huysmans exceptés», écrivait Villiers à Mallarmé dans sa dernière lettre.
En août 1870, de retour d'un voyage à Triebschen en Suisse chez Wagner, en compagnie de Judith Gautier et Catulle Mendès, Villiers séjourna chez Mallarmé à Avignon, où ce dernier enseignait l'anglais. Villiers compta parmi les assidus des mardis du poète.
Dans les années 1880, Mallarmé et Huysmans ouvrirent une souscription auprès des amis de Villiers pour subvenir à ses besoins. Les deux écrivains dédicacèrent les deux derniers livres de Villiers, Chez les passants et Axël (voir n° 166 et n° 167 du catalogue). Enfin, Mallarmé prononça une conférence qui fit date, consacrée à Villiers, publiée par la Librairie de l'Art indépendant en 1890.

L'exemplaire a été soigneusement établi en maroquin par Loutrel. Les couvertures, très frottées, ont été conservées. Quatre feuillets manquent (pp. 21-28). L'exemplaire a été exposé au musée de Sens en 1998 (Mallarmé et les siens, nº 185