Cros, Charles

L'éventail au sonnet autographe de Charles Cros :
J'écris ici ces mots pour que, le soir, songeant
À tous les rêves bleus que font les demoiselles,
Vos yeux aux éclairs froids comme ceux de l'argent
Malgré vous sur mes vers arrêtent leurs prunelles (...)

Signé et daté du 1er juillet 1870, le sonnet se déploie sur neuf lames d'un éventail plissé. Il est dédié à une jeune admiratrice qui lui vouait une tendre amitié. En l'intégrant au Coffret de santal, Cros supprima la dédicace.
Il lui dédia en revanche un autre sonnet : Les Saphirs durs et froids..., où elle est désignée par ses seules initiales :
À mademoiselle S. de L.C.

Solange de Ladevignère-Corderoy a sans doute disparu peu après avoir reçu l'éventail. En effet, la boîte originelle en papier blanc dans laquelle il est préservé porte sur le couvercle un ex-dono manuscrit :
(Fatalité !) 18 novembre 1870 !
à Henriette Cros, dernier et intime
souvenir de ma Solange, donné par moi Adèle Veyssier.

Les deux femmes, Solange de Ladevignère et Adèle Veyssier, semblent avoir été liées à la soeur du poète, Henriette (1837-1924). Elles faisaient partie du cercle intime que le poète a joliment nommé «la guirlande des fleurs».
Au revers de l'éventail, peinture d'une biche.
L'éventail a été reproduit en fac-similé dans Le Manuscrit autographe de juillet 1926 et dans les hors-texte des OEuvres complètes (Pauvert, 1964).  Il a été exposé au musée Mallarmé à Vulaines-sur-Seine (Catalogue 2009, Rien qu'un battement aux cieux : l'éventail dans le monde de Stéphane Mallarmé, n° 39, avec reproductions).
La bande de soie noire est brisée. L'écriture a pâli et la boîte a été restaurée.