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Nicolas Lancret
Description
- Nicolas Lancret
- La toilette de madame Geoffrin
- Huile sur toile
Provenance
Galerie Wildenstein, Paris, en 1924.
Exhibited
Literature
Condition
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Catalogue Note
« Le talent et l'œuvre de Lancret s'expliquent entièrement par son caractère et par sa vie, une des existences les plus simples, les plus unies qui aient été en ce XVIIIe siècle». Tels sont les mots choisis par Georges Wildenstein lorsqu'il revient, dans ses écrits, sur La vie de Lancret1. Si l'honorable carrière de Nicolas Lancret peut être ainsi résumée, il semble toutefois que l'ensemble de sa peinture ne puisse être « entièrement » réduite à la seule personnalité de l'artiste ou encore à sa propre histoire. Car son inspiration et son succès reposent aussi et, pour une très grande part, sur la vie de ses contemporains, leurs goûts et leurs faveurs. Constat auquel Georges Wildenstein parvient également, en concluant que « son œuvre, reflet exact et charmant de l'esprit et des mœurs de notre XVIIIe siècle, est assurément l'une des plus séduisantes expressions de l'art français »2. Or, c'est justement ce que démontre la principale « série » de l'artiste, celle des fêtes galantes, et ce qu'illustre aussi ce sujet, La toilette de Madame Geoffrin.
De par son thème « galant » et sa manière précieuse, cette œuvre s'inscrit parfaitement dans ce type de production caractéristique de l'artiste: la peinture de genre. Il s'agit d'une scène de la vie quotidienne représentant dans son boudoir Madame Geoffrin, affairée à se repoudrer le visage, tandis qu'un abbé de cour lui lit une lettre. A cet égard, le tableau de Lancret fait référence aux activités littéraires de Marie-Thérèse Rodet Geoffrin (1699-1777), mais il peut également être perçu comme une allusion aux fréquentations mondaines de l'artiste. Le modèle rejoindrait ainsi le maître. Puisqu'à l'image du peintre, la salonnière française mit elle aussi ses talents au service de la haute société et de ses représentants. Tous deux s'employant à aider les gens de lettres et les hommes d'art à se faire connaître du reste du monde, l'un par ses portraits, l'autre par ses dîners.
Comme dans les autres œuvres de Lancret, la composition est ici d'une apparente légèreté : la délicatesse du sujet étant rehaussée par un chromatisme doux et clair. Pour autant les couleurs n'en sont pas moins profondes et éclatantes, ce qui permet la restitution d'un éclairage naturel. Quant aux attitudes et aux gestes des personnages, à la fois vrais et précis, ils révèlent une nouvelle fois la vision exacte et la sûre exécution de l'artiste. Ce soin extrême, cette « scrupuleuse fidélité », portés à chaque accessoire et à tous les détails, sont autant de qualités qui fondèrent le succès de Nicolas Lancret et la ferveur de son public.
C'est auprès de Claude Gillot (1673-1722) que l'inclination de Lancret se porta toute entière vers ce style pictural inédit. S'affranchissant du style classicisant de ses débuts, renonçant définitivement à ses aspirations initiales pour la peinture d'histoire, Lancret hérita de Gillot son attrait pour ce type de sujets modernes et agréables. Avec une application précise, presque servile, Lancret travailla plusieurs années dans l'atelier de ce dernier, avant d'être ensuite conseillé par Watteau lui-même. Ce dernier - qui l'admira avant de l'envier – préconisa à l'artiste de faire de la nature sa source d'inspiration première. Dès cette date, Lancret poursuivit son apprentissage dans la vie réelle, y puisant sans cesse les motifs de ses futurs tableaux. Sa vie prit alors une orientation nouvelle et sa peinture se fit le reflet de la vie parisienne de son temps et de ses plaisirs. Notre tableau apparaît dès lors comme l'expression du désir persistant de Lancret de vivre avec son siècle et de participer à son esprit.
1. G. Wildenstein, Lancret : Biographie et catalogue critiques, l'œuvre de l'artiste reproduite en deux cent quatorze héliogravures, Paris 1924.
2. Ibid.