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Exceptionnelle statue masculine, Bioma, Peuple Urama, Village de Kinomere ou de Havasea, Golfe de Papouasie, Papouasie Nouvelle-Guinée
Description
- Exceptionnelle statue masculine, Bioma, Peuple Urama, Village de Kinomere ou de Havasea, Golfe de Papouasie
- haut. 128 cm
- 50 1/3 in
Provenance
P. Morton, Port Moresby
Georges F. Keller, 1961
Collection Paolo Morigi, Lugano 1984
Collection privée
Literature
Exposée et reproduite dans:
Rossi-Osmida, Un'arte per la belleza : Cosmesi e salute nei secoli, 1984: 49, n° 51, catalogue de l'exposition, Palazzo della Ragione, Comune di Padova, 2 mars – 17 juin 1984
Au dos, "KINOMERE" écrit en lettres noires.
Petite étiquette blanche au dos, "Morigi, Lugano n° 343"
Etiquette manuscrite datée du 2 novembre 1961, probablement de Roy Hedlund
Condition
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Catalogue Note
Cette statue relève de la célèbre tradition sculpturale développée sur l'île de Nouvelle-Guinée. Parmi ses témoins les plus renommés figurent les œuvres créées par des sculpteurs vivant dans la région du Golfe de Papouasie, sur la côte sud-est de la nation souveraine de Papouasie Nouvelle-Guinée. Ce style artistique – unique - s'exprime à travers les représentations les plus inventives et les plus variées de la forme humaine.
Le Golfe de Papouasie est l'un des rares endroits de l'île où les statues anthropomorphes se présentent sous la forme d'une silhouette en pied sculptée en deux dimensions. Les statues en bois, dont cette œuvre constitue un exemple classique, sont désignées sous le terme local de bioma. Si les artistes talentueux les façonnent parfois à partir de pirogues endommagées, conférant à certaines une légère torsion, cette bioma au contraire s'impose par la dynamique sculpturale à la fois robuste et assurée, accentuée par la puissance des traits rehaussés de pigments blancs, ocre et noirs.
Cette figure bioma s'inscrit dans une merveilleuse tradition figurative, demeurée largement méconnue du monde occidental jusqu'au XIXe siècle. A partir de 1606, des explorateurs européens accostèrent et firent brièvement escale dans le Golfe de Papouasie (Welsch, 2006: 80). Mais ce n'est pas avant la seconde moitié du XIXe siècle que les étrangers commencèrent à nourrir des contacts réguliers et à s'installer dans la région. Les années 1870 ont vu en particulier s'implanter, près de Port Moresby, les évangélistes de la London Missionary Society (LMS). Nombreux sont les pasteurs de la LMS qui sont à l'origine des premières informations relatives aux sculptures du Golfe de Papouasie, et des premières collections. Ces collectes et explorations ont été poursuivies durant l'époque coloniale et après la Seconde Guerre mondiale.
A l'unité stylistique et sculpturale inhérente à l'œuvre s'associe ici, de manière remarquable, l'expression d'une vision artistique individuelle. L'art des bioma se décline sous une immense variété de formes. Si certaines s'apparentent stylistiquement aux dessins figuratifs des planches votives gope, les bioma se distinguent néanmoins par leur sculpture en ronde bosse, dont la silhouette se libère de toute contrainte de cadre. La conception et l'ornementation de ces statues sont toujours symétriques, comme ici.
Les bioma - tant masculines que féminines – proviennent du centre et de l'ouest du Golfe de Papouasie. Cette bioma masculine présente une dynamique classique et vigoureuse, avec ses traits aux lignes fluides dessinant les motifs circulaires des yeux, de la pomme d'Adam, des oreilles et du nombril, tandis que le nez affleurant à la surface du visage, est sculpté en trois dimensions. Suspendu au cou et reposant sur la poitrine, l'artiste a représenté un coquillage en forme de croissant, traditionnellement porté par les hommes. Le septum et les lobes d'oreilles, percés, devaient à l'origine être parés d'ornements naturels ou façonnés par l'homme. Le visage souriant et joyeux l'apparente à l'expression de deux autres rares œuvres de plus grande dimension. La partie supérieure du corps est accentuée par des espaces circulaires ajourés, rythmant l'agencement du torse et des bras ouverts, dont les mains plates sont orientées vers le sol. Le corps fin, caractéristique, est campé sur ses jambes écartées, dont les genoux fléchis accentuent la fermeté de la pose.
Le British Museum possède des figures bioma comparables (1906.10.13.11), collectées en 1904 lors de la Cook Daniels Expedition. En 1930, Paul Wirz photographia des bioma sur les autels des maisons longues et en collecta des exemplaires (Newton, 1961:79, fig.164, et photographie de Wirz n°Vb7453). En 1933, John W. Vandercook entreprit lui aussi des missions de collecte et de photographie dans cette région. Cette bioma fut photographiée en octobre 1961 par Roy James Hedlund en Papouasie Nouvelle-Guinée (PSC 1961.1.242, The Photograph Study Collection, Département des Arts d'Afrique, d'Océanie et des Amériques, The Metropolitan Museum of Art, New York). Hedlund entreprit quant à lui des visites et des collectes dans la région au début des années 60.
Sur l'île d'Urama, dans la partie ouest du Golfe de Papouasie, de même que dans la région du fleuve Era, les figures bioma étaient conservées et exposées au sein la maison longue, dans les alcôves dédiées aux autels familiaux. Certaines statues de ce type, mais de plus grande dimension, étaient exposées séparément et associées aux iriwake. Les dévotions offertes aux ancêtres et aux esprits étaient traditionnellement réservées aux hommes et des statues telles que celle présentée ici étaient conservées dans la maison longue où les hommes se rassemblaient et procédaient aux rituels qui y étaient associés. Les bioma étaient exposées avec les planches votives dans les alcôves et placées à côté ou au -dessus de crânes de cochons et de crocodiles, offerts en sacrifice aux esprits du clan (Welsch, 2006: 35). Les bioma, tout comme les planches votives, servaient à abriter temporairement les esprits des ancêtres et rappelaient leur présence aux vivants. Le style et les motifs - identifiables par chaque membre de la communauté -, devaient être suffisamment séduisants pour attirer les esprits des ancêtres qui, en retour, protégeraient leurs propriétaires. Les bioma, telles que cette puissante sculpture, expriment le génie et l'inventivité de ce genre figuratif.
Exceptional male figure, Bioma, Urama people, Kinomere or Havasea village, Papuan Gulf, Papua New Guinea
This figure is part of a celebrated tradition of sculpture made on the island of New Guinea. Renowned examples have been created by sculptors living in the Papuan Gulf region on the southeast coast of the independent nation of Papua New Guinea. It is a unique art style that comprises inventive and diverse representations of the human form.
The Papuan Gulf is one of the few places on the island where sculptures depicting human figures are rendered in flat, free standing, cut-out forms. Figures made of wood like this classic example, are called bioma in the local languages. Ever resourceful, artists sometimes made sculpture with wood from discarded canoes, hence the slight irregularity and twists in some figures. This bioma is carved with robust and confident motions in low relief on one side. The recessed areas and the upper surfaces are decorated with white, ochre and black pigments.
This bioma is part of a figurative tradition that was largely unknown to the western world until the nineteenth century. European explorers stopped briefly in the Papuan Gulf starting in 1606. (Welsch, 2006: 80). It was not until the mid-to-late nineteenth century that additional non-local visitors had sustained contact and settled in the area. Most notably, the 1870s brought evangelists from the London Missionary Society (LMS) who settled near Port Moresby. Several of the LMS preachers are responsible for the early documentation and collections of Papuan Gulf sculpture. Further exploration and collecting in the region took place during the years of colonization that followed and after World War II.
Inherent in the offered large scale figure is a combination of individual artistic vision, stylistic and sculptural unity. The bioma art form includes an expansive variety of designs. Some bioma relate stylistically to the carved figurative designs on oval-shaped spirit boards generically called gope. However, the bioma are free standing or "cut out" human forms liberated from a confining shape. The decoration and appearance of the figures is consistently symmetrical, as in this example.
Bioma are made in male and female forms and are found in the central and western Papuan Gulf. This male bioma has a classic and strong design with fluid circular motifs representing the eyes, the Adam's apple, ears, and the navel. On the neck of the figure resting on the upper part of the chest, the artist depicted a crescent-shaped shell ornament traditionally worn by men. The figure's smiling, joyful visage is evocative of the expression on the two rare larger figures. The nose is carved in three-dimensions and projects from the face. The pierced nasal septum and ear lobes probably would have accommodated natural or man made decoration. The lower body is accentuated by circular negative spaces that articulate the torso and open arms, with the hands posed downward and flat. The archetypal slender body stands on uniform open legs, knees bent revealing a confident stance.
There are comparable examples to the offered bioma found in the British Museum, London (1906.10.13.11), collected on the Cook Daniels expedition in 1904. In 1930 Paul Wirz photographed bioma in longhouse shrines. (Newton 1961:79, fig.164, and Wirz photo Vb7453) In 1933, John W. Vandercook also collected and photographed in the area. The offered bioma was photographed in a clearing in Papua New Guinea by Roy James Hedlund in October 1961. (PSC 1961.1.242, The Photograph Study Collection, Department of the Arts of Africa, Oceania and the Americas, The Metropolitan Museum of Art, New York). Hedlund visited the area and collected during the early 1960s.
On Urama Island in the western part of the Papuan Gulf and in the Era river area, bioma were kept and displayed in family designated shrines within longhouses. Obligations to ancestors and spirits were traditionally a male responsibility and figures like this example were kept in longhouses where men gathered and addressed the associated rituals. Within the longhouses, spirit boards and bioma were displayed side by side and the latter, were placed near or on top of pig and crocodile skulls that were offered as sacrifices to clan spirits. (Welsch, 2006: 35) The bioma, like the spirit boards, served as places for ancestral spirits to reside and as reminders of their presence among the living. The style of the designs-recognizable to all members of the community-were meant to be appealing in order to attract the ancestral spirits who in turn protected the owners.