Lot 41
  • 41

Pierre Patel l'Ancien

Estimate
80,000 - 120,000 EUR
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Description

  • Pierre Patel l'Ancien
  • Paysage au crépuscule avec des bergers près d'un temple de Vesta
  • Huile sur toile

Catalogue Note

Notre tableau, inédit à ce jour, est un exemple rare de la maîtrise dont Pierre Patel l'Ancien fait preuve dans l'exécution de ses paysages, révélant un style personnel qui s'inscrit dans l'Atticisme, courant parisien dérivé du Classicisme et offrant un nouveau regard sur une Antiquité idéalisée. Cette toile s'affirme avant tout comme une importante redécouverte, n'ayant jamais été exposée, ni même précisément identifiée. Dans son catalogue raisonné sur Les Patel, Nathalie Coural lève le voile sur une œuvre identique de plus faible qualité, précédemment attribuée à Pierre-Antoine Patel, fils de l'artiste, qu'elle décrit comme une « belle copie ancienne traduisant vraisemblablement avec fidélité une composition disparue de Pierre Patel » (Paris, Collection particulière).1 Ce témoignage permet de redonner à notre tableau toute sa légitimité dans l'œuvre de Pierre Patel l'Ancien, original perdu et aujourd'hui rendu à son auteur.

D'origine provinciale et plutôt modeste, rien ne semblait prédestiner Pierre Patel à une carrière de paysagiste de talent et de grande renommée. Dès son arrivée à Paris, il s'entoura d'artistes et marchands nordiques dont l'influence est plus manifeste dans les premières œuvres. Il fut reçu à l'Académie de Saint-Luc en 1635, avant de rejoindre l'atelier de Simon Vouet, réalisant pour le maître les paysages de ses compositions. Bien qu'il excellât dans cette peinture de paysages italianisants et de ruines antiques, il n'existe aucune trace d'un éventuel séjour en Italie et on imagine qu'il répondait à sa fascination pour l'Antiquité en étudiant le travail de ses contemporains ayant fait le voyage. Plusieurs artistes émérites ayant connu un parcours similaire, avec une formation dans le Paris des années 1620, ont croisé la route de Patel et ont travaillé à ses côtés : parmi ceux-ci, citons notamment Laurent de La Hyre et Eustache Le Sueur avec lequel il collabora à la décoration de l'hôtel Lambert à Paris en 1645-55. Il fut ensuite nommé « peintre ordinaire du Roy pour les Maisons royales » et réalisa, de 1665 à la fin de sa vie, des vues panoramiques des châteaux de Louis XIV, dont une vue du château de Versailles, explorant un nouveau registre et s'éloignant de la peinture classique.

L'œuvre que nous présentons est stylistiquement proche de deux paysages de Patel conservés respectivement à Valence, musée des Beaux-Arts2, et à Springfield, Massachusetts, Museum of Fine Arts3. Les motifs architecturaux choisis par l'artiste se répètent sur les différentes toiles et apparaissent sans lien direct avec des monuments connus, bien que la forme circulaire de l'édifice rappelle le célèbre temple de la Sibylle à Tivoli. Le traitement du ciel et des feuillages marqué par des zones d'ombre et de lumière qui s'estompent dans les fonds est tout à fait caractéristique du travail du peintre. De petites figures habilement brossées animent par ailleurs ce paysage inondé qui évoque peut-être selon Nathalie Coural les marais de sa Picardie natale.4

C'est au cours des années 1640-55 que l'art de Pierre Patel atteignit sa maturité et c'est également à cette période qu'il faut situer notre tableau, vers 1645, alors que l'artiste était occupé à la décoration du Cabinet de l'Amour et du Cabinet des Muses de l'hôtel Lambert. Les paysages réalisés à cette époque se distinguent surtout par le bel équilibre entre l'architecture et la végétation, avec une lumière claire et transparente qui apaise l'atmosphère. Patel accorde un soin particulier aux personnages et au rendu des éléments sculptés. Il nous offre ainsi une vision poétique de l'Antiquité, emprunte de douceur et de tranquillité, pour évoquer un moment intemporel.

Notre tableau sera inclus dans le supplément au catalogue raisonné de Nathalie Coural actuellement en préparation.

1. N. Coural, Les Patel, Pierre Patel (1605-1676) et ses fils, Le paysage de ruines à Paris au XVIIe siècle, Paris, 2001, no. CP4, p. 198, reproduit.
2. Ibid., no. PP12, p. 141, reproduit (no. inv. P. 578).
3. Ibid., no. PP15, p. 144, reproduit (no. inv. 67-10).
4. Ibid., p. 145.

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