Lot 16
  • 16

Yves Klein

Estimate
500,000 - 700,000 EUR
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bidding is closed

Description

  • Yves Klein
  • F90
  • carton brûlé sur panneau
  • 80 x 119 cm; 31 1/2 x 46 1/2 in.
  • Exécuté en 1961.

Provenance

Galerie Rive Droite, Paris
Collection Parayotis Skinas, Genève
Galerie Bonnier, Genève
Collection Norinder, Genève
Vente: Sotheby's, Londres, 3 juillet 1998, lot 241
Galerie Gmurzynska, Cologne
Acquis auprès de celle-ci par le propriétaire actuel en 2004

Exhibited

Paris, Galerie de France, Yves Klein Peintures de Feu 1961-1962, 2004, p.46, no.11, illustré en couleurs
New York, Michael Werner, Yves Klein, Fire paintings, 2005, no. 5, illustré en couleurs
Paris, Centre Georges Pompidou, Yves Klein, Corps, Couleur, Immatériel, 2007, p.106, illustré en couleurs

Literature

Paul Wember, Yves Klein, Cologne, 1969, F90, p.131, illustré

Condition

The colours are fairly accurate in the catalogue illustration, although the overall tonality is less red. The contrast of the black is also more important in the original. The work is in very good condition. Along the upper edge, upon close inspection, 2 tiny surface scratches are visible: 1. (of approx. 1cm) visible at 23,5 cm from the left edge 2. (of approx. 1cm) visible at 12 cm from the right edge In the upper right quadrant (7cm from the upper edge and 37cm from the right edge), upon close inspection a tiny dent is visible (approx. 3mm). In the lower right quadrant, two thin scratches are visible upon close inspection (approx. 1.5cm each), (the 1st one at 12cm from the lower edge and 19 cm from the right edge ; the 2nd one at 17cm from the lower edge and 41cm from the right edge). Under UV light, 3 tiny stains fluoresce (approx. 1cm each) and match upon close inspection with 3 slight cardboard abrasions. The cardboard is mounted on a wood panel and the frame provides both sides protection : recto anti-reflet UV light glass, verso plexiglas.
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Catalogue Note

charred cardboard laid down on panel. Executed in 1961.

Rêve de Feu © Harry Shunk

Yves Klein réalisant une Peinture de feu (F.2), Centre d'essais de Gaz de France, 1961. © Pierre Joly et Véra Cardot

O foudres planètes et fusées
Par le feu et par l'eau
Yves Klein le croisé
Envers et contre tout
D'un seul jet purifie
L'espace du tableau
Par le feu et par l'eau
Dans le grand flamboiement
Du vide sidéral
Yves Klein reconstruit
L'iris vierge de l'oeil
Par le feu et par l'eau
Yves Klein le croisé
Passe au bleu de la flamme
Lessive originelle
L'histoire du tableau
O foudres soleils et rosées

(André Verdet, Poème dédié à Yves Klein, mai 1962)

J'ai sculpté le feu et l'eau et (...) du feu et de l'eau j'ai tiré des peintures
(Yves Klein, Manifeste de l'hôtel Chelsea, 1961)

Si le projet d'œuvres réalisées avec du feu germe dans l'esprit d'Yves Klein dès 1951, ce n'est qu'en 1957 qu'il passe à la réalisation avec le Tableau de feu bleu d'une minute: première tentative de Peinture de feu réalisée chez Colette Allendy à Paris avec quatre rangées de feu de Bengale bleus fixés sur un panneau de bois peint en bleu IKB. «Monté sur un chevalet d'atelier un panneau de bois peint en bleu sur lequel étaient fixés des quantités de fusées de Bengale à effet bleu... tout de suite j'ai pu constater les immenses possibilités de cet élément ultra-vivant. Si tout ce qui change lentement s'explique par la vie, tout ce qui change vite s'explique par le feu... la durée visible : une minute». (Yves Klein, Le dépassement de la problématique de l'art, 1959).

Le 14 janvier 1961 ont lieu à Krefeld au Musée Haus Lange, les premières Peintures de feu réalisées avec un Mur de feu et une Fontaine de feu. Pierre Restany, présent à cette occasion, est conscient de vivre une nouvelle étape dans l'œuvre de l'artiste: «Le spectacle de la mise à feu a le caractère poignant d'un événement mystérieux (...) nous venions d'assister à la célébration d'un rite inconnu et pourtant qui nous concernait tous.» (P. Restany, Le feu au cœur du vide, p. 102).

De 40 à 50 œuvres sont ainsi conçues à Krefeld. Après la fermeture de l'exposition, Yves Klein poursuit les Peintures de Feu en mars puis en juillet. Elles sont créées au Centre d'Essais de Gaz de France à la Plaine Saint-Denis. Yves Klein se sert de lampes à souder, de torches mais également de pulvérisateurs d'eau pour délimiter des formes, réunissant en cela dans ses œuvres, d'une manière symbolique, trois des quatre éléments de la nature: le feu, l'eau et l'air (le souffle de gaz des lampes et torches). Le support sur lequel il travaille est un carton suédois qui a la particularité de brûler moins vite que le matériau utilisé habituellement. Selon que l'artiste dirige la flamme de la torche en s'approchant ou en s'éloignant des cartons, surgit un paysage mystérieux, constitué de cratères plus ou moins définis. Celui-ci se dore ou vire au brun le temps que les flammes passent à lécher le carton. L'artiste peut aussi multiplier les taches ou les déformer jusqu'à les rendre informes en renouvelant l'opération. «Mon propos est double : tout d'abord enregistrer l'empreinte de la sentimentalité de l'homme dans la civilisation actuelle ; et ensuite, enregistrer la trace de ce qui précisément avait engendré cette même civilisation ; c'est-à-dire celle du feu.» (Yves Klein, Manifeste de l'hôtel Chelsea, 1961).

L'intérêt que porte Klein aux Quatre Eléments Primaires : terre, air, eau et feu en particulier, est suivi par les artistes contemporains. Alberto Burri dès 1957 commence à utiliser le feu pour ses Combustions. Otto Piene joue également avec la flamme projetée à travers les cartons-stencils des Rasterbilders pour créer des dessins de fumées. Mais pour Yves Klein, l'emploi du feu va au-delà de la découverte d'un simple medium, en effet, une œuvre d'art est une trace ou une matérialisation d'une sensibilité immatérielle et spirituelle: «Je me rendis compte que les tableaux ne sont que les «cendres» de mon art. La qualité authentique du tableau, son «être» même, une fois créé, se trouve au-delà du visible, dans la sensibilité picturale à l'état de matière première.» (Yves Klein, Le dépassement de la problématique de l'art, 1959). L'artiste se réalisant dans une communion spirituelle artistique, l'œuvre devient alors le meilleur moyen de pouvoir communiquer et partager ces expériences mystiques, «Elle ne sert qu'à prolonger pour les autres, le moment pictural abstrait, d'une manière tangible et visible». (Yves Klein, Quelques extraits de mon journal en 1957).

Gladys Fabre développe dans son analyse des Peintures de feu 1961-62 (Galerie de France, 2004) l'idée selon laquelle les Peintures de feu sont des tentatives de «destruction/disparition, non de l'art mais de la peinture. Le deuil de la peinture s'inscrit dans un passé marqué par l'exposition du Vide chez Iris Clerc (1958) et par les Cessions de zones de sensibilité picturale immatérielle (1959 et 1960).  Le feu prend alors tout son sens (...) même la disparition concrète de l'oeuvre, une fois vue, n'atteint pas son aura. Elle vit toujours dans l'impression qu'en garde le spectateur et c'est là son avenir immatériel ».

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