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Manuscrit autographe de travail d'après le Djihan-Numa du "Géographe turc". [Vers 1745 ?].
Description
- Anville, Jean-Baptiste Bourguignon d' (attribué à)--Katib Celebi
- Manuscrit autographe de travail d'après le Djihan-Numa du "Géographe turc". [Vers 1745 ?].
Literature
Catalogue Note
Arménie, Anatolie, Mer Noire, Golfe persique, Irak, Iran, Azerbaïdjan, Turquistan, Mongolie, Cachemire, Tibet... : le manuscrit d'Anville étudiant la Géographie de Katib Celebi pour dresser la plus moderne des cartes d'Asie.
La Géographie du savant et bibliographe turc Katib Celebi (ou Hadji-Khalfa, 1609-1657) fut de tous temps considérée comme la plus précise des descriptions de l'Asie mineure, non seulement parce qu'elle est l'oeuvre d'un géographe local ayant arpenté lui-même son territoire, mais aussi en raison de l'extrême rigueur qu'il y apporta. Compilée en 1648 et rédigée en arabe, elle fut traduite en turc par Ibrahim Effendi (Mutefarika), directeur de l'imprimerie à Constantinople, qui l'imprima dans cette ville en 1732 sous le titre de Djihan-Numa.
La Géographie fut traduite pour la première fois en français en 1743 par Armain ("un des employés les plus instruits et les plus laborieux qu'ait eus le département des Manuscrits de la Bibliothèque du Roi"). Cette traduction ne fut jamais publiée et resta à l'état de manuscrit à la bibliothèque royale.
C'est Vivien de Saint-Martin le premier qui, en 1850, publie la traduction inédite d'Armain. Il en extrait sa Description de l'Asie Mineure (1852).
Cent ans auparavant, un autre géographe avait puisé à cette source exceptionnelle et quasi-inconnue : lorsque Anville travaille sur sa première carte d'Asie mineure, publiée en 1748 (pour illustrer le Voyage de M. Otter), lui aussi avait étudié cette mine de première main qu'était la Géographie de Celebi, et y avait découvert une riche mine de détails géographiques inédits, dont il se servira encore en 1751 pour ses cartes d'Asie, d'Europe en 1760, et pour l'Asia minor vetus de 1764. Vivien de Saint-Martin explique dans sa Description de l'Asie Mineure (T. III, p. 69-70) : "Ces notions [rapportées par Otter] n'auraient pas été suffisantes pour fournir à Anville les détails neufs et abondants dont il enrichit la carte du Voyage (...) C'est du [Géographe turc] que Anville tira un grand nombre de détails en partie ignorés jusque-là ou inexactement cités (...) il en composa un ensemble absolument différent de toutes les cartes antérieures (...)"
Le manuscrit réunit 36 feuillets doubles de format in-folio reliés à la suite. Les larges marges portent les remarques d'Anville sur le texte du géographe turc ou sur la traduction d'Armain sur laquelle il s'appuie. Il ajoute en marge des précisions linguistiques ou géographiques, parfois en arabe, ou pose des questions sur la précision des distances. Il y mentionne à plusieurs reprises Katib Celebi, ainsi qu'Armain, compare dans le doute leurs données avec celles d'Herbelot, d'Albufeda, et d'Otter, son propre voyageur. Le manuscrit donne une énumération très détaillée des villages et bourgs, avec une description de leurs habitants, de leurs constructions, leur histoire et leurs environs.
Numérotées à la main, les pages portent la mention (365) répétée 36 fois.
Ce manuscrit fut peut-être rédigé vers 1751 pour ses cartes d'Asie, pour sa carte d'Europe en 1760, ou pour l'Asia minor vetus de 1764. Ce travail lui servit certainement encore pour son Empire turc considéré dans son établissement et dans ses accroissements successifs, qu'il publia en 1772.