Lot 202
  • 202

24 lettres autographes signées à Joë Bousquet. 1930-1938.

Estimate
25,000 - 30,000 EUR
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Description

  • Tanguy, Yves
  • 24 lettres autographes signées à Joë Bousquet. 1930-1938.
19 pages in-4, 6 pages in-8, 3 pages in-12.

Catalogue Note

Intéressante correspondance d'Yves Tanguy à Joë Bousquet depuis 1930 jusqu'à 1938. Tanguy lui parle de ses oeuvres que Bousquet adore. Il est, après Max Ernst, de ses artistes préférés.

Le début des années 1930 est une période très difficile pour Tanguy : 
"Je continue à vivre une vie dure". Il expose régulièrement mais a peu ou pas de succès. Il écrit donc souvent à Bousquet pour demander de l'argent : "J'ai en ce moment un si grand besoin d'argent que j'ose vous demander très brutalement et très imbécilement si je puis compter sur votre promesse si gentille de m'envoyer mille francs ces jours ci." Bousquet est à ce moment un des ses seuls clients. Il lui propose ses toiles : "Vous avez une photo d'une des toiles disponibles dans le n° des Cahiers d'art 56 "à force égale" 41 x 33-500 frs. Je crois qu'il en reste aussi deux ou trois petites  35 x 27  à 400 mais je serai incapable d'en faire la description. "Théorie des réseaux » est également disponible mais beaucoup trop grande 15p65 x 50  1000 francs également deux autres de même dimensions. Les petites toiles qui sont parties à Londres sont reproduites dans le n° de Minotaure". Tanguy rembourse l'aide que Bousquet lui apporte, en lui envoyant ses toiles : "Maintenant je vais vous demander de me faire un très grand plaisir en acceptant une petite toile à laquelle je travaille en ce moment, et que je vous enverrai sitôt sèche. [...] Surtout ne me remerciez pas, je suis tellement heureux de pouvoir me faire ce plaisir maintenant que je suis dégagé de tout contrat." Les demandes sont parfois même plus cocasses. Ainsi cette lettre du 11 août 1936, dans laquelle Tanguy lui écrit en urgence : "Ayant reçu un chèque barré en paiement d'une vente à Londres, j'ai eu la sottise n'ayant pas de compte à mon nom de la confier à mon frère qui vient de faire faillite dans l'intervalle. Le malheur c'est que j'étais venu à Paris ignorant cela et pensant activer les formalités d'encaissement de ce malheureux chèque destiné à payer ma note d'hôtel à la Ciotat. J'ai laissé ma femme en gage". Quand la correspondance se fait plus distante, Tanguy prend des nouvelles de Bousquet par leurs amis surrréalistes Ernst, Eluard, Alquié ou Breton.
Vers la fin de la correspondance, les 'affaires' du peintre sont plus saines. Il expose dans le monde et travaille beaucoup, notamment pour Wildenstein : "Cette terrible exposition chez Wildenstein m'a obligé à travailler pendant trois semaine [sic] et je rentrai tous les soirs complètement abruti, la tête farcie d'histoires d'accrochage, de mannequins, d'objets, de courses à la douane etc...Vous aurez un catalogue de cette fameuse exposition et aussi un catalogue de mon exposition à Bruxelles. J'aurais bien voulu y exposer une ou deux toiles anciennes vous appartenant mais je n'ai pas osé vous causer ce grand tracas.".
De ses lettres se dégagent une profonde tendresse, un vrai respect et une admiration mutuelle. Bousquet disait de Tanguy : "[Il fait] régresser les formes au point de les réduire à la valeur d'atomes de lumière.(...) [Une expérience qui] constitue une magnifique réhabilitation de la chair, de cette chair qui dit que la conscience est inutile". (N. Bhattacharya, Joé Bousquet : une expérience spirituelle, 1998, p. 343).