- 133
Mort à crédit. Paris, Denoël et Steel, 1936.
Description
- Céline, Louis-Ferdinand
- Mort à crédit. Paris, Denoël et Steel, 1936.
tirage : un des 22 exemplaires de tête hors commerce sur Japon, numéroté X. Exemplaire de 1re émission, non expurgé des passages censurés.
reliure triplée signée de huser. Maroquin janséniste aubergine, dos à nerfs, doublure bord à bord du même maroquin, gardes de maroquin havane, tranches dorées sur témoins, couverture et dos. Etui.
pièce jointe : une page autographe in-4 (260 x 211 mm) avec ratures et corrections, sur la mort de la grand-mère de céline.
Provenance
Literature
Catalogue Note
Un des rares exemplaires contenant le texte intégral du roman, tous les autres exemplaires ayant été censurés « à la demande des éditeurs », ainsi que l'indique un avertissement au début du volume. Denoël supprima purement et simplement les passages considérés comme pornographiques. Dans une interview donnée à Pierre Langers, le 23 juin 1936, parue dans la revue Toute l'édition, Denoël explique : "Céline est (...) un être de paroxysme, un tempérament exceptionnel, hors mesure (...) Emporté par une impétuosité presque folle, ne se rendant pas compte des limites que la décence rend nécessaires, Céline a tout dit, tout. Le devoir de l'éditeur était de le mettre en garde contre ces excès. Nous lui avons demandé quelques suppressions. En réalité, les passages en blanc que vous avez remarqués dans le livre ne représentent guère que la valeur de 3 ou 4 pages. Pour le reste, qui est parfois d'un réalisme cent pour cent, nous avons jugé que le mouvement de l'œuvre elle-même le justifiait." D'après Céline pourtant, Denoël eut une réaction très violente, relatée dans une lettre, concernant ces passages : "(...) même pour un homme comme vous, il y a des limites, une mesure à garder ! (...) Avec le texte intégral du roman, c'était bien simple : nous allions tout droit aux poursuites pour outrages aux bonnes mœurs. Nous avions manqué le prix Goncourt. Nous ne raterions pas la correctionnelle..."
Outre ces problèmes de morale, l'oeuvre elle-même est incontournable et, après le Voyage, Céline signe un autre chef-d'oeuvre de la littérature française du XXe siècle, comparable à l'oeuvre proustienne comme le sent déjà Denoël en 1936 : "Des critiques ont comparé (...) l'univers de Céline à l'univers de Proust. Il est certain qu'il a fait pour le monde du petit commerce parisien (...) à cheval sur le prolétariat et sur la petite, toute petite bourgeoisie, ce qu'a fait Marcel Proust pour le monde de la grande bourgeoisie et de l'aristocratie. Chez l'un, il y a une délectation véritable dans le joli, le raffiné ; chez l'autre, c'est la délectation dans le médiocre de la vie réelle, dans l'atrocité qu'entraîne la misère. Et tout cela au paroxysme (...)"