Le Bleu de l'oeil. Manuscrit autographe signé du scénario. Août 1975.

manuscrit : 33 pp. in-4 (297 x 210 mm), feuillets de papier quadrillé à trait de marge rouge, au feutre noir et bleu, dont 2 pp. pour le synopsis.
Nombreuses corrections et ajouts de texte en regard sur les versos laissés vierges.
on joint la dactylographie de 36 pp. in-4, chiffrées de 1 à 36. Et 2 pages dactylographiées (chiffrées néant et 2) du synopsis du film.
Quelques corrections autographes orthographiques ou de ponctuation. Les deux premières pages comportent des indications de mise en scène, décor, ambiance. Le scénario proprement dit débute à la page 3 du tapuscrit. Cette page comprend 35 lignes décrivant les images d'introduction, qui ne furent imaginés qu'au moment de la dactylographie.



L'ensemble est placé dans une chemise vert pâle portant la mention : "Synopsis premier scénario du film de Jean Genet". Cette chemise est doublée d'une seconde chemise, parme, portant une inscription en rouge "Mohamed peux-tu me tel : 820 - 75 - 37. Salut. Sarah", raturée au feutre bleu et au-dessus "Merde".



La première page manuscrite, non chiffrée, comporte des notes de Genet, sortes de mémos pour lui et/ou ses futurs collaborateurs : "J'espère qu'après avoir re-travaillé le scénario, on pourra se rendre compte que le contrôleur du train, à mesure que le train s'approche de Paris, devient une véritable menace. Cela ne sera pas perçu dans la première partie du film, cela doit l'être dans la seconde partie, quand A. se perd dans Paris. (...) Il me parait nécessaire d'insister sur : la vie nocture des immigrés / la bêtise et l'incompétence des voyageurs dans le train / la solitude de A. / les rapports de A. et du contrôleur. (...) Il est très important que dès la 1re partie du film, A. soit séduisant. Il faut qu'il aime, qu'il charme, que le public aime sa gaieté. le but de ce début est de rendre inexplicable le changement qui aura lieu après l'arrivée de A. à Paris"



envoi autographe signé sur la première page du manuscrit, au feutre bleu : "Cadeau à Mohamed El Katrani. Jean Genet, le 28-8-75 à Paris".



On connait 3 versions successives de ce scénario de film qui occupa Genet entre 1975 et 1979. Le titre de la présente version Le Bleu de l'oeil indique qu'il s'agit de la première. Genet intitulera finalement le manuscrit La Nuit venue, mais c'est généralement le premier titre que l'on retient.

Parfait état.
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Ce projet de film fut inspiré par une expérience vécue par Genet et Mohamed El Katrani, le dédicataire du présent manuscrit et le compagnon de Genet à cette époque. Voyageant en première classe dans un train espagnol, un contrôleur, sans même prendre soin de vérifier le billet de Mohamed, veut le "reclasser" en 2^de classe. Cette manifestation du racisme ordinaire motive Genet à se lancer dans ce projet. Le "bleu regard" du contrôleur inspire le titre. Ce point de départ, retranscrit dans le manuscrit, permet à Genet d'entraîner son personnage, A., dans une descente aux enfers. Il arrive à Paris pensant que "la lumière est plus grande la nuit que le jour" et dans cette nuit parisienne, chère à l'auteur du Journal d'un Voleur, la lumière est ténèbre et le refuge piège.

A la fin du manuscrit une note autographe : "Pour Sarah. Je me rends bien compte de la médiocrité du thème. Il y manque surtout une épine dorsale qui donnerait sa consistance au film. Je n'ai pas encore réussi à la trouver. Ne te presse pas. Ne me parle pas du film avant mon retour de Marseille. D'ici-là, j'aurai peut-être trouvé.". Il s'agit sans aucun doute de la réalisatrice guadeloupéenne Sarah Maldoror, très engagée dans le combat contre le racisme et pour la reconnaissance des minorités.

Genet écrivit plusieurs scénarii mais ne réalisa entièrement qu'un seul film, Le Chant des morts, en 1950.