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Montmartre, une famille montmartroise. Manuscrit autographe. [c. 1927].
Description
- Jacob, Max
- Montmartre, une famille montmartroise.Manuscrit autographe.[c. 1927].
le manuscrit se présente ainsi : 51 feuillets petit in-4 (200 x 154 mm), dont 20 ff. paginés de 1 à 18 et 31 ff. paginés 3 à 22, écrits au recto, à l'encre noire par Max Jacob, placés sous une chemise à rabats, estampée artisanalement sur la tranche du nom de l'auteur et du titre manuscrit (certaines paginations se répètent car elles contiennent des variantes d'un même passage).
Petits croquis de Max Jacob sur 2 feuillets (f. 12, petit profil à la mine de plomb ; et au verso du f. 13, trois croquis à l'encre).
Plusieurs passages ont été réécrits, remaniés, recopiés, et d'autres abandonnés d'une version à l'autre.
Avec l'enveloppe d'envoi du manuscrit, à l'adresse autographe de « Georges Hugnet / ou représentant / 27 boul. de Grenelle / Paris XV » expédiée de Saint-Benoît-sur-Loire. Nombreux timbres et cachets postaux : « 7.5.28 ».
On joint :
- La mise au propre du manuscrit d'une autre main : 21 ff. in-4 à l'encre bleue numérotés 2 à 18, dont certains répétés.
- 3 jeux tapuscrits (dont 2 similaires de 34 pages, manque la page 1 d'un des jeux), présentant une version plus aboutie du manuscrit.
Provenance
Catalogue Note
Max Jacob décrit le Montmartre qui lui est cher, celui qu'il a connu et où il a vécu. Il évoque la rue où il habita avec Picasso (Picasso était au 13 rue Ravignan, et Max Jacob au 7). Il y rencontrera aussi Apollinaire, Salmon et les autres peintres ou poètes. Dans le texte paru dans Tableaux de Paris, toute allusion au peintre espagnol a disparu.
Il y fait une analyse intitulée «Topographie, ethnographie et éthographie» de Montmartre qu'il divise en quartiers. Il décrit les différences entre la rue Lepic, la rue Caulaincourt, la place du Tertre, le Sacré Coeur : "Les gens de Montmartre n'ont jamais l'air dans la misère, ils ont une placide gaieté, du bon sens et la résignation sans l'air résigné. Mais allez voir leurs taudis" (p. 6). "Quand j'habitais 13 rue Ravignan en cette place qui sera historique ! (...) portail misérable où Picasso habita " (p. 7).
Un vieux peintre lui raconte le vieux Montmartre : "Montmartre me disait-il a toujours été habité par des gens de la campagne qui prennent l'esprit des parisiens mais n'en prennent jamais les costumes ni coutumes. On y est toujours trop bas ou trop haut comme à la campagne..." (p. 8). Victor Hugo y "a passé la nuit du 2 décembre... Il est parti le matin pour Bruxelles avec sa femme et ses enfants" ; il évoque la maison de Lamartine (p. 10). Les dialogues se succèdent, on y voit vivre Montmartre et ses fantômes tels que Bloy (p. 17) "allons ! nous avons Bloy! Quel innocent terrible ! quel dragon chinois et quel montmartrois !".
Puis Max Jacob, à travers la famille qu'il décrit, Madame Renaud et ses enfants, Juliette et Georges, que l'on destine à être peintre, raconte la vie sur la butte, cette bohème-là.
Né à Quimper en 1876, Max Jacob vint à Paris dans l'intention de suivre des études administratives, projet qui demeura sans suite. En 1901, il se rendit à l'exposition d'un jeune peintre espagnol émigré organisée à la Galerie Vollard. Il s'appelait Pablo Picasso. Max Jacob devint immédiatement son ami et son compagnon de rêve et de misère. Les deux amis partageront dès la fin de 1902 la chambre que Max avait trouvée boulevard Voltaire. En 1905, la profonde amitié qui les liait les conduisit à habiter tous deux rue Ravignan, à côté du célèbre "Bateau-Lavoir". Dès lors, Max Jacob, que personne ne soupçonnait poète, devint un des animateurs de la bohème des artistes, où Derain, Braque, Apollinaire, et bien sûr Picasso, faisaient leurs armes.
Georges Hugnet, né en 1906, présenta ses premiers poèmes à Max Jacob qu'il avait rencontré par l'intermédiaire de Marcel Jouhandeau. Il fit également la connaissance de Robert Desnos, Joan Miro, Marcel Duchamp, Pablo Picasso, Tristan Tzara, Man Ray, Jean Cocteau. L'année où Max Jacob lui envoie ce manuscrit, Georges Hugnet publie 40 poésies de Stanislas Boutemer, illustré par Max Jacob.