10 aquarelles originales signées [pour les Erinnyes de Leconte de Lisle]. [Paris, 1907].

In-folio (363 x 268 mm).



10 aquarelles originales signées, sur vélin d'arches, dont 6 aquarelles soulignées d'une frise antique reprise à l'identique dans l'édition. Toutes ces aquarelles se présentent dans le même sens que la gravure, à l'exception d'un des en-têtes représentant Le Char.
Cette suite compte 8 (parmi les 22) en-têtes et 2 (parmi les 3) hors-textes de l'édition.



reliure signée de huser. Maroquin noir, filets dorés en encadrement, dos à nerfs orné de filets, gardes de moire bleu nuit, tranches dorées sur témoins.

"Vers des temps nouveaux, Kupka, oeuvres graphiques 1894-1912". Catalogue de l'exposition Kupka, Musée d'Orsay, Paris, 25 juin-6 octobre 2002.

Parfait état
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Superbe suite de 10 aquarelles, extrêmement travaillées, sur vélin d'Arches représentant des scènes antiques pour l'illustration du poème Les Erinnyes de Leconte de Lisle. L'ouvrage, publié en 1908 par Romagnol, comprend 25 illustrations dont 22 en-têtes et 3 hors-textes à pleine page.

Entre 1904 et 1911, Kupka consacre une grande part de son énergie créatrice à l'illustration de livres. Il est appelé par l'éditeur Elisée Reclus pour illustrer "L'Homme et la Terre", sorte d'histoire universelle de l'homme, lui permettant de traiter son thème de prédilection qu'est l'Antiquité. Le 2 octobre 1906, il écrit à son ami et compatriote Machar : "je m'avance avec Reclus sous le morne ciel du Moyen Age et je suis désolé de devoir quitter déjà la belle Antiquité. Mais, serait-ce de la télépathie ? (...) Il y a un éditeur [Romagnol] qui veut que j'illustre une édition de luxe des Erinnyes de Leconte de Lisle, ce qui veut dire que je passerai encore un moment avec Clytemnestre et Oreste". Il s'efforce alors d'étudier afin de restituer dans le plus grand respect la vérité historique et la portée idéologique des textes. Et en effet, l'Acropole d'Argos, ou les navires de la flotte argienne, sont d'un réalisme surprenant. Kupka écrit d'ailleurs à Machar : "Dans Les Erinnyes, tu verras Oreste reconstitué d'après Sophocle (...), Clytemnestre et le sieur Agamemnon lui-même (...) portraiturés en fonction d'un calcul exhaustif des probabilités physiologiques pour ce qui est de leur âge, leur taille, etc. Les costumes sont ceux-là même qu'on portait à Mycènes au XIII^e siècle et l'Acropole a été reconstruite d'après Schliemann, Dörpfeld et d'autres. (...) Je connais tous les coins et recoins sur le bout des doigts, les bains, les cours et même le parc. (...) Même si on fait sur la place de nouvelles recherches, même si on trouve de nouveaux documents, tout cela ne pourra rien y changer". La présence des frises antiques, gravées à l'identique dans l'ouvrage, assure de l'état définitif de ces aquarelles où chaque détail, couleur, ombre, expression est abouti. Klytaimnestra, hiératique, tenant la hache ensanglantée dans cette posture de bourreau satisfait est surprenante, effrayante devant ce fond sombre aux lueurs bleuâtres.
ces peintures sont un exceptionnel exemple d'association entre art symboliste et peinture historique.
Suite au succès de l'ouvrage, Kupka fut contacté par la Librairie Blaizot pour illustrer la Lysistrata d'Aristophane puis le Prométhée d'Eschyle. Autres sujets, thème identique à l'influence capitale comme il l'explique dans une lettre de 1895 à Roessler "La plupart des Grecs savaient déjà que, si l'on veut agir spirituellement, il faut d'abord se débarrasser des idées qu'on se fait des choses"...