- 56
Chez le coiffeur. Manuscrit autographe signé. [1881].
Description
- Huÿsmans, Joris-Karl
- Chez le coiffeur.Manuscrit autographe signé. [1881].
Catalogue Note
manuscrit complet de cette nouvelle à l'humour piquant, récit des sensations ressenties par l'auteur en visite chez le coiffeur.
Et cette simple séance chez « le merlan » de se transformer en un supplice aux méthodes chaque fois renouvelées. Et quand enfin, vaincu mais vivant, il parvient à s'extraire de l'antre du bourreau et à reprendre vie, s'oubliant en pensant à des idées folichonnes, le voilà qui ressent, inexorables, « les démangeaisons que procurent les cheveux coupés, tombés sous la chemise. »
« Alors l'odieux supplice commence. Le corps enveloppé d'un peignoir, une serviette tassée en bourrelet entre la chair du cou et le col de la chemise, sentant poindre aux tempes la petite sueur de l'étouffement, l'on reçoit la poussée d'une main qui vous couche le crâne à droite, et le froid des ciseaux commence à vous faire frissonner le derme (...) L'opération touche à sa fin, pourtant. L'on se lève, chancelant, pâle, comme sortant d'une longue maladie, guidé par le bourreau qui vous jette la tête dans une cuvette, vous saisit à la nuque, l'asperge à grands flots d'eau froide, puis la comprime fortement à l'aide d'une serviette et la reporte dans le fauteuil où, pareille à une viande échaudée, elle gît, sans mouvement, très blanche. Il ne reste plus après les cruelles souffrances endurées, qu'à subir le dégoût des manipulations finales, l'enduit de poix rance, écrasée dans les paumes et plaquée sur le crâne écorché de nouveau par les dents des peignes. C'est fait, on est dégarrotté, debout, libre (...) Et lentement, couvant un rhume, l'on retourne chez soi, admirant l'héroïsme des religieux dont les chairs sont, nuit et jour, volontairement grattées par les âpres crins des durs cilices. »
Le texte de ce manuscrit parut pour la première fois dans la revue La Vie Moderne, le 19 février 1881. Il fut repris dans la revue Le Journal pour Tous, avec des illustrations d'Eugène Courboin, et enfin, fut publié dans le recueil De Tout, aux éditions Stock, en 1902.