Lot 42
  • 42

63 ordres de paiement de la main de Louis Philippe. 1820-1829.

Estimate
8,000 - 10,000 EUR
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Description

  • Louis Philippe, duc d'Orléans
  • 63 ordres de paiement de la main de Louis Philippe.1820-1829.
on joint :
- 2 pétitions in-folio adressées au duc d'Orléans, longuement annotées par le futur roi, sollicitations évoquant les jeunes années de service du duc d'Orléans lors de la Révolution. Rouvroy, 14 février 1822, et Sarthe, 21 février 1827.
- le règlement d'une facture de bibliothécaire (une page in-folio), du 29 janvier 1824, avec en-tête : Bibliothèque, 1823.

Catalogue Note

Exceptionnel ensemble d'ordres de paiement du duc d'Orléans et de son épouse Marie Amélie de Bourbon, (de divers formats) datés de 1820 à 1829, dont un certain nombre est constitué de notes intimes de mariage mettant en évidence sur quel ton simple et bourgeois étaient réglés les rapports des deux époux.

Un exemple type de la correspondance entre les deux époux nous est offert par cette lettre autographe de la main de la duchesse :

« Avances que j'ai faites pour mon mari.
Histoires des Républiques Italiennes pour donner à Chartres : 96.
Différents petits livres pour donner à Clémentine : 16.
Trois vol. in-4 de Guiccardini à 50 le vol. : 150.
Le Mémoire de M. Chevalier pour les toiles pour le salon de Randan est de 1757,12, la moitié est : 873.
1140. »

Au-dessous, de la main du duc : « Ce n'est encore que le commencement de l'ouvrage et il faudra en prendre la suite à mesure qu'elle paraîtra.
J'autorise M. le Chev. De Broval à faire remettre à Mme la Duchesse d'Orléans la somme de onze cents quarante francs cinquante six cents (ci 1140 fr. 56) pour la rembourser des avances qu'elle a bien voulu faire pour moi.
Neuilly, ce 3 7bre 1823                           Louis Philippe d'Orléans »

La mère admirable que fut Marie Amélie, celle dont Talleyrand avait dit sous la Restauration qu'« elle était la seule grande dame qui restât en Europe », était une princesse extrêmement charitable ; les secours révélés par ces notes en témoignent.
Quant à Louis Philippe, en grande partie victime d'une légende concernant son amour à l'argent et aux biens matériels, ce dossier témoigne de l'ampleur de ses dons et subventions, lui qui n'était que trop sollicité. En bon père de famille, il administra sagement ses deniers personnels, davantage par souci d'ordre que pour une autre raison. Et l'ordre le plus strict régnait. Le chevalier de Broval était le secrétaire des commandements, chargé de la distribution des fonds. Et lorsque la duchesse faisait des achats ou des avances pour son mari, ce qui arrivait fréquemment, elle en rédigeait très bourgeoisement un relevé qu'elle remettait au secrétaire. Ce dernier les soumettait au prince qui, avec une régularité merveilleuse, un souci allant jusqu'aux moindres petits détails, résumait la note et en autorisait le paiement.

Des deux pétitions adressées au prince, la première, datée de Rouveroy (Hainaut), le 14 février 1822, émane du sieur Gourlet, ancien soldat du 6e régiment de Chasseurs qui, réduit à la misère, sollicite du duc un emploi. C'est la même chose que demande un dénommé Hippolyte Darbour, qui dit avoir sauvé la vie au duc le 29 avril 1792 alors que celui-ci allait entrer dans Valenciennes. Le duc d'Orléans note en marge quelques phrases que lui dictent ses souvenirs : "Je me ressouviens bien d'avoir été averti, mais j'ai passé outre avec mon frère [...] nous sommes entrés dans Valenciennes et là les soldats nous ont fait bon accueil."

Quant au rapport du bibliothécaire, ce feuillet longuement annoté par le prince prouve qu'aussi simple qu'il était, le prince prenait à coeur la question de ses armoiries : le graveur Simon fils avait fourni un cachet aux armes et trois plaques émaillées pour le service de la bibliothèque et demandait d'être payé 195 fr. qui lui furent acquittés.
L'annotation portée par Louis Philippe au bas de la page est délicieuse : "Le cachet en argent me parait du luxe, mais ce qui est plus fâcheux, c'est qu'on ne grave jamais ma couronne correctement. On y met des perles entre les fleurs de lys, ce qui la défigure & la rend même d'un degré inférieur. Je l'ai dit il y a neuf ans lorsque je trouvai cette innovation sur le grand tapis de la Galerie dorée (...)"