Lettre autographe signée [à Pierre-Michel Hennin, secrétaire du comte de Vergennes]. 28 octobre 1779.

2 pp. et 1/2 in-4 (sur un f. double, 235 x 188 mm), à l'encre brune sur papier vergé filigrané.

L. Aimé Martin, Correspondance de J-H. Bernardin de Saint-Pierre, 1826, tome 2.

Très légères traces de pliures. Sinon excellent état.
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Belle lettre de Bernardin de Saint-Pierre à Hennin, secrétaire de Vergennes, au moment de sa traversée du désert, entre 1775 et 1780, faisant, pour obtenir quelques subsides, le bilan de ses travaux et de ses découvertes de naturaliste.

Le savant vit, depuis 1772 et son retour de voyage en mer du sud, dans son projet d'ouvrage monumental sur l'Histoire Naturelle. Il demande aide au roi par l'intermédiaire de Hennin " Souvenez vous aussi de m'être utile dans la distribution des graces du Roy. J'en ai grand besoin. " La situation est périlleuse et la demande appuyée par l'enjeu humaniste de faire aboutir ses recherches : "Si je ne suis pas aidé, je succomberai au milieu de mon travail sans quoi que j'en laisserai puisse être d'aucune utilité, s'il n'est pas mis en ordre. " Et pour le scientifique, seul les découvertes priment : "j'aurai toujours présenté de beaux tableaux, j'aurai consolé, fortifié et rassuré l'homme dans le passage rapide de la vie. (...) Si je peux montrer la douce chaine de ces loix j'aurai servi ce me semble la religion et l'humanité en rendant l'empire à la divinité et à l'homme sa confiance (...) J'ai esquissé des paysages étranges, des mœurs qui ne sont pas les notres et dans ces essais j'ai eu le plaisir de voir de beaux yeux me donner des pleurs. J'ai osé alors m'avancer jusque dans le temple de la nature et étudiant le langage dont elle parle aux hommes, j'ai emprunté tour à tour ce que ses illusions ont de plus touchant, et ce que sa sagesse a de plus lumineux ". Il ne demande qu'un peu des faveurs du roi : "mes matériaux sont épars, j'attends un peu de bonheur pour les rassembler ".

Pierre-Michel Hennin (1728-1807) est alors secrétaire de Vergennes, secrétaire d'Etat aux Affaires Etrangères de Louis XVI.  Il avait été nommé par Louis XV ministre résident en Pologne, puis en Suisse où sa rencontre avec Voltaire nourrit une longue correspondance (publiée). Homme de lettres et de sciences, il fut le correspondant privilégié de Bernardin de Saint-Pierre à la Cour.