Lot 409
  • 409

Lettre autographe signée à Patrick Waldberg. S. l. n. d. [1939]

Estimate
3,500 - 4,000 EUR
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Description

  • Bataille, Georges
  • Lettre autographe signée à Patrick Waldberg. S. l. n. d. [1939]
2 pp. sur un f. in-4 (271 x 211 mm).



« Mon cher Waldberg, [...] Je vous en prie réfléchissez à cela, réfléchissez aussi à tout ce qu'il y a d'échappatoire dans la réflexion. L'échec dans certaines conditions deviendrait infect, une véritable lie. Je crois que c'est au devant d'une sorte d'existence monastique que nous allons, et sans tricherie. [...] En même temps, je vous propose, pour toute l'organisation, d'envisager les solutions les plus radicales, dans tous les sens. Les demi-mesures et les faux-semblants deviennent impossibles, de quoi étouffer. Il faut que nous ayons notre visage cru, nu ou masqué, et non plus les clapotages dans l'incertitude. En particulier, je crois qu'il est temps que nous commencions à aller tous [«  tous ! tous ceux qui peuvent [souligné]» rajouté dans la marge] jusqu'au bout de l'expérience mystique, [« la seule » raturé] ce qui est exigé par l'expérience érotique d'un être humain qui ne sombre pas. Toutes les préventions que vous pouvez avoir ne résistent pas à l'expérience elle-même. Au point où nous en sommes, il est hors de question que nous ne fassions pas tout ce qui est possible pour brûler comme le feu. Nous commencerons à être ivre (sic) vendredi au rendez-vous. Je ne pense pas que vous songiez à rentrer à Saint-Germain ce jour-là. Affectueusement à vous, Georges Bataille ».

Provenance

Patrick Waldberg.

Catalogue Note

Le ton de commination est le même de cette lettre et de la convocation adressée aux autres conjurés (voir n° 408) : se dérober est impossible, ou tout n'aura été que tricherie, pauvre mensonge. Mais jusqu'où s'agissait-il d'aller, que se dérober tentât les uns et les autres ? Le silence restera la règle dont aucun ne s'affranchira réellement. Roger Caillois, qui ne comptait pas au nombre des conjurés parlera plus tard de sacrifice ; ce faisant, il ajoutait à une légende que le secret avait fait naître.
Cette lettre a été publiée une première fois dans Georges Bataille, Choix de lettres. 1917-1962, édition établie, annotée et préfacée par Michel Surya (Paris, Gallimard, 1997) et une seconde fois dans Georges Bataille, L'Apprenti sorcier. Textes, lettres et documents (1932-1939) rassemblés, présentés et annotés par Marina Galletti , (Paris, La Différence, coll. Les Essais, 1999).