« A partir de maintenant... ». S.l.n.n., [1939].

« A partir de maintenant ta joie foulera au[x] pied[s] et avilira ton repos, ton sommeil et même tes souffrances. Souviens-toi que la vérite n'est pas le sol stable mais le mouvement sans trêve qui détruit tout ce que tu es et tout ce que tu sais [vois].
Souviens-toi que la vérite est dans la guerre
Tu n'auras  plus de cesse avant de t'être fait reconnaître comme un homme portant en lui un espoir assez grand pour exiger tous les sacrifices. Ce memento te représentera maintenant que tu n'as plus de paix à attendre de toi-même ».

Les conjurés d'Acéphale, qui se réunissaient aux pieds d'un arbre foudroyé dans la forêt de Saint Germain, redoutaient-ils que Georges Bataille portât leur destin commun jusqu'au point tragique que celui-ci avait pourtant à plusieurs reprises « prophétisé » ? Le ton comminatoire est le même que celui de la lettre adressée à Patrick Waldberg (voir lot n° 409) et de la « convocation »  des conjurés (voir lot n° 410). C'est à fonder une religion que Bataille s'employait ; et la vérité des religions, à ses yeux, ne pouvait qu'être sacrificielle. De quel sacrifice « réel » pouvait-il s'agir ? Patrick Waldberg en « trahira » un jour l'intrahissable secret : « À la dernière rencontre au coeur de la forêt nous n'étions que quatre et Bataille demanda solennellement aux trois autres de bien vouloir le mettre à mort, afin que ce sacrifice, fondant le mythe, assurât la survie de la communauté ».
(in Magazine littéraire, 1995).