Lettre autographe signée "Raymond", "à Merlin" [E. d'Astier]. 28 janvier 1944.

Raymond et Lucie Aubrac consacrent dès 1940 tout leur temps libre aux activités de "La dernière Colonne" mouvement créé par Emmanuel d'Astier (nom de résistant "Merlin") : diffusion de tracts, recrutement, sabotages... À partir du mois de mai 1941, ils aident Emmanuel d'Astier à faire un journal dont la parution du premier numéro, deux mois plus tard, marque la naissance du mouvement "Libération".
A partir du 9 novembre 1943, Emmanuel d'Astier, qui est le représentant du mouvement « Libération » à l'Assemblée consultative, entre au C.F.L.N. (Comité Français de la Libération Nationale) à Alger comme commissaire à l'Intérieur, c'est-à-dire aux relations clandestines avec la métropole.
Sont mentionnées dans cette importante lettre les relations du C.F.L.N. avec le Parti communiste, la capacité de propagande de Radio Alger, les "purges" : "Qu'attendez-vous pour exécuter Pucheu & Peyranton ? Est-ce que Monsieur Pierre Laval sera simplement admis à faire valoir ses droits à la retraite ?" Après un procès ouvert à Alger en mars 1944, Pierre Pucheu est condamné à mort par un tribunal militaire et fusillé le 20 mars. L'Armée secrète nécessite selon lui "un durcissement des cadres et un grand effort de discipline".
Aubrac offre enfin ses services à l'Armée secrète, "mais on me dit de toutes parts que c'est peu sage, mes fiches anthropomorphiques ayant été répandues... par la Gestapo et une prime de
2 000 000 attachée à ma prise (au fait vous en valez 5 qu'on m'a offert pour vous "donner"... et qu'on m'a même proposé de déposer en mon nom en Suisse pour l'après-guerre").
Aubrac décrit sa femme Lucie, enceinte, une dizaine de jours avant son accouchement et les conditions matérielles de la future mère.