Lot 43
  • 43

Matta

Estimate
60,000 - 80,000 EUR
bidding is closed

Description

  • Matta
  • ÉTUDE POUR "INVASION OF THE NIGHT"
  • décalcomanie : encre sur papier
  • 38,2 x 56 cm; 15 x 22 in.

Provenance

Gordon Onslow Ford (acquis de l'artiste vers 1940)
Gordon Max Onslow Ford Trust, Inverness, Californie

Condition

Executed on cream wove paper, laminated on Japan paper. The Japan paper is taped to the mount. There are three tears to the sheet - a 7 cm. one running vertically from the lower left edge, a 5 cm. one running diagonally in the upper left corner and a tiny one along the upper left edge. There are some thin red pencil lines in the lopwer right quadrant and a 12 cm. horizontal line only visible at close inspection in the upper left quadrant. There is a light oily stain in the centre of the right section and a light brown water stain in the upper right corner. Apart from scattered light time staining, this work is in stable condition.
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Catalogue Note

decalcomania: ink on paper. Executed circa 1940.

Fig. 1, Matta, Invasion of the Night, 1941, huile sur toile, San Francisco Museum of Modern Art (don de Jacqueline Johnson Onslow Ford) 

Introduction

Après avoir quitté en 1935 l'atelier parisien du Corbusier où il réalise principalement des dessins d'architecture, Matta décide de se consacrer entièrement à sa carrière d'artiste. A cette époque, son œuvre est essentiellement composée de dessins visionnaires au crayon de couleurs, inspirés le plus souvent de détails tirés de photographies de botanique. En 1937, la rencontre de Picasso, Dali, Gordon Onslow Ford et des autres membres du groupe surréaliste est déterminante. Grâce à Dali et à une lettre de recommandation de Garcia Lorca, il fait la rencontre d'André Breton à une époque où le fondateur et théoricien du mouvement a déjà acquis deux de ses dessins et ne peut que l'encourager à poursuivre ses expériences. En 1939, dans un numéro de la célèbre revue Minotaure, il n'hésite pas à le présenter comme le nouveau et prometteur talent du mouvement.

Des dissensions philosophiques et politiques survenues entre André Breton et Paul Eluard ne tardent pas cependant à provoquer le schisme du groupe au tout début de l'année 1939. En réaction contre l'appel de Breton à boycotter Eluard, son oeuvre et ses suiveurs, Max Ernst quitte les Surréalistes. De son côté et alors que les tensions pèsent sur le travail des artistes à Paris, Breton et sa famille partent accompagné de Matta, Tanguy, Esteban Frances et Gordon Onslow Ford pour s'installer au Château de Chemilleu aux abords de Chambéry.

La carrière de Matta est encouragée par Gordon Onslow Ford qui prête au peintre toiles et pinceaux. Sans formation académique, ses premières peintures, comme ses dessins, sont sans retenue aucune. Elles se signalent par une application intuitive de la matière et par un sens affirmé de la structure qu'à cet égard Matta retient de sa formation d'architecte. Alors qu'André Breton lui demande d'expliquer ce qu'il nomme la 'morphologie psychologique' de sa peinture, Matta répond et écrit : « L'image optique n'est rien d'autre qu'une coupe théorique dans la morphologie séquentielle de l'objet...J'appelle morphologie psychologique les traces graphiques des transformations qui résultent de l'émission d'énergies et de leur absorption par l'objet depuis son apparence primordiale jusqu'à sa forme définitive ».

After abandoning work as an architectural draughtsman in Le Corbusier's Parisian studio in 1935, Matta committed himself full-time to pursue his career as an artist. His work at thsi time consisted of visionary drawings in coloured pencil, often based on on details drawn from botanical photographs. His meeting with Picasso, Dalí, Tanguy, Gordon Onslow Ford and other Surrealist artists in 1937 was crucial. Dalí arranged for Matta to meet André Breton, with a letter of introduction written by García Lorca. Breton purchased two of Matta's drawings and enthusiastically encouraged him to continue developing his technique. Matta was quickly heralded in a 1939 revue of Minotaure by Breton as the auspicious new talent in the Surrealist movement.

Philosophical and political differences between André Breton and Paul Eluard caused a major schism within the Surrealist group in early 1939. Max Ernst left the Surrealists in protest against Breton's calling for a boycott against Eluard and his followers. Since tensions in Paris made it difficult for some artists to work, Breton and his family left with Tanguy, Matta, Esteban Francés and Gordon Onslow Ford and rented the Château de Chemilieu near Chambery.

Matta's development as a painter was encouraged by Gordon Onslow Ford, who lent him painting materials and canvas. Since he lack formal training, his early painting, like his drawing, lack inhibitions and was characterised by an intuitive application of paint while retaining a strong sense of structure to the compositions, influenced by Matta's architecural training. When André Breton asked Matta to explain his description of his painting as "psychological morphology", the artist wrote: "The optical image is only a theoretical cut in the sequential morphology of the object... I call psychological morphology the graphic mark of the transformations resulting from the emission of energies and their absorption in the object from its first appearance to its final form".

 

lot 43

Cette œuvre est une étude préparatoire particulièrement aboutie de la peinture que Matta réalise en 1941 et qu'il intitule Invasion de la nuit (San Francisco Museum of Modern Art). L'œuvre est exemplaire de la manière dont Matta pousse plus loin l'exploration de la représentation de l'espace et la description de mondes imaginaires.

Gordon Onslow Ford, l'un des ses plus proches amis, lui-même surréaliste et artiste, a justement décrit le tableau :

Le monde que Matta découvre ici est, dans le même temps, en train de se créer lui-même. C'est une sensation neuve.

Ce monde est partagé en deux zones, une jaune et une bleue, qui pourraient représenter le jour (jaune) et la nuit (bleue) apparus côte à côte et simultanément. Ou les deux zones pourraient être la terre jaune et le ciel bleu. [...]

Le volcan crache un panache rouge qui contient des graines noires auréolées de blanc. Les graines sont projetées vers une zone de terre jaune et vont sans doute flotter ou s'implanter pour pousser chacune à sa façon.

Les objets et les personnages aux formes encore imprécises s'appuient légèrement sur la surface. [...]

Le monde est assisté par des ombres noires détachées qui précisent les formes sur lesquelles elles glissent, et par une présence blanche invisible qui se pose ça et là pour ajouter de légers accents et des modelés subtils.

(Gordon Onslow Ford, "Notes sur Matta et la peinture (1937-1941)", Matta (catalogue d'exposition), Musée national d'art moderne, Paris, 1985, pp. 34-35).

The present work is a study for Matta's important painting, Invasion of the Night (San Francisco Musuem of Modern Art). Painted in 1941, the work respresents an vital development in Matta's exploration of the representation of space and the depiction of imagined worlds. One of Matta's closest friends, and a fellow Surrealist artist, Gordon Onslow Ford, described the painting as follows:

Le monde que Matta découvre ici est, dans le même temps, en train de se créer lui-même. C'est une sensation neuve.

Ce monde est partagé en deux zones, une jaune et une bleue, qui pourraient représenter le jour (jaune) et la nuit (bleue) apparus côte à côte et simultanément. Ou les deux zones pourraient être la terre jaune et le ciel bleu. [...]

Le volcan crache un panache rouge qui contient des graines noires auréolées de blanc. Les graines sont projetées vers une zone de terre jaune et vont sans doute flotter ou s'implanter pour pousser chacune à sa façon.

Les objets et les personnages aux formes encore imprécises s'appuient légèrement sur la surface. [...]

Le monde est assisté par des ombres noires détachées qui précisent les formes sur lesquelles elles glissent, et par une présence blanche invisible qui se pose ça et là pour ajouter de légers accents et des modelés subtils.

(Gordon Onslow Ford, "Notes sur Matta et la peinture (1937-1941)", Matta (catalogue d'exposition), Musée national d'art moderne, Paris, 1985, pp. 34-35).