Lot 33
  • 33

Chaim Soutine

Estimate
300,000 - 400,000 EUR
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Description

  • Chaïm Soutine
  • JEUNE FILLE AVEC UN CHIEN, MAISON ET CONTREFORT
  • signé Soutine (en bas à droite)
  • huile sur toile
  • 70 x 53 cm; 27 1/2 x 20 7/8 in.

Provenance

Madeleine Castaing, Paris
Jacques Guérin, Paris
Collection particulière
Galerie Cazeau-Béraudière, Paris
Acquis du précédent par le propriétaire actuel en 2005

Exhibited

Paris, Pinacothèque de Paris, Soutine, 2008, no. 76, illustré pp. 175-177

Condition

Apart from some craquelure and shrinkage mostly in the left part of the composition, this work is in very good original condition.
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Catalogue Note

signed 'Soutine' (lower right), oil on canvas. Painted circa 1930.

Fig. 1, Chaim Soutine, La Maison à Oisème, 1934, huile sur toile, Collection particulière, Paris

Les années 1930 sont pour Soutine celles de la reconnaissance de son génie et de son art. A la suite de la première exposition personnelle que Bing, en dépit des réticences de l'artiste,  lui consacre en 1927 dans sa galerie de la rue de la Boétie, les expositions consacrées à l'artiste se multiplient, à Paris, chez Berheim-Jeune, Durand-Ruel, à Chicago (1935) et à New York (1936). En 1928, Waldemar Georges suivi d'Elie Faure en 1929, écrit la première monographie de l'artiste. En sus des marchands et des critiques d'art, parmi les soutiens sur lesquels Soutine peut compter, il en est un, fidèle, qui lui assure en ces années et en sus d'une profonde amitié, un cadre de vie où apaiser son feu intérieur. Il s'agit du couple Marcellin et Madeleine Castaing, antiquaire et décoratrice de renommé internationale, qui réunit non loin de Chartres, dans la petite ville de Lèves où il possède une maison et un parc enchanteur, certains de leurs amis, Sati, Cocteau, Elie Faure... Véritables mécènes, le couple devient rapidement le collectionneur privilégié de l'artiste, n'hésitant pas à prendre en charge ses intérêts financiers après la mort brutale de Zborowski, son marchand attitré jusqu'en 1932.

Durant les étés où il séjourne chez ses amis et dont il fait plusieurs fois le portrait, il est un autre genre que Soutine aime alors à aborder : c'est celui du paysage. La propriété des Castaing et la beauté des paysages avoisinants lui donnent l'occasion de développer un naturalisme puissant où les motifs végétaux, celui de l'arbre en particulier, occupent une place essentielle. La grande bâtisse blanche qui surplombe la composition est cette maison à Oisème que l'artiste représente dans deux autres toiles. Ici, le sujet n'est pas à proprement parler le bâtiment, mais l'écrin de verdure dans lequel elle s'intègre et qui occupe littéralement tout le premier plan.

Tandis que les frondaisons  des arbres qui se courbent et se  rejoignent dans la partie supérieure de la toile forment un cadre naturel,  la pelouse, les haies et les massifs servent de soubassement à cette composition. A cet égard, la toile est caractéristique de l'œuvre de Soutine au sujet duquel Pierre Courthion fait justement remarquer  " [...] jamais Soutine ne manque de base. Comme un solide piédestal, le bas de ses peintures a toujours une assise" (in Soutine, Lausanne, 1972, p. 110).  Si de ce point de vue la structure est classique et rejoint les deux autres versions au sujet desquelles Jean Leymarie a pu écrire  "La Maison à Oisème est une sorte de synthèse entre Cézanne et Courbet, c'est un des plus beaux paysages qui soient, empreint de l'étrange rayonnement propre à Soutine et qui dévoile l'essence intime du lieu" (cité in Soutine (catalogue d'exposition), Musée de Chartres, Chartres, 1989, p. 284), Jeune fille avec un chien, maison et contrefort est d'un esprit autre, fondamentalement original. Tout en préservant ce nouvel ordre, le calme et l'harmonie auxquels le peintre est alors parvenu, la touche, brossée et ondulante, qui vivifie et dynamisme l'espace, n'est  pas sans évoquer les paysages mouvementés des œuvres antérieures. La petite figure de jeune fille, jambes et bras écartés, flottant semble-t-il sur le tapis de verdure, est symptomatique de l'extraordinaire ambivalence de l'œuvre. Elle se retrouve dans le contraste maîtrisé des tons, sombres et ombragés à la périphérie de l'œuvre,  d'une luminosité intense, presque aveuglante sur la façade du bâtiment et jusque dans les touches blanches qui ça et là s'accrochent et animent le ciel et le jardin.

 

It was during the 1930s that Soutine's prodigious talent was recognised.  After his first individual exhibition in 1927, organised by Bing in spite of the artist's reservations in his gallery on the rue de la Boétie, a string of major exhibitions followed, in Paris, at Berheim-Jeune and Durand-Ruel, in Chicago (1935) and in New York (1936).  In 1928, Waldemar Georges wrote the first monograph on the artist, followed by Elie Faure in 1929.  Aside from the art dealers and critics, of all the loyal supporters on whom he could depend, there were two devotees who would provide him in the years to come with a deep friendship and a lifestyle that calmed his inner demons.  These were the dealer Marcellin Castaing and his wife Madeleine, the world famous interior designer.  They owned a house with delightful grounds in the small town of Lèves near Chartres where they entertained their friends such as Sati, Cocteau and Elie Faure... True patrons, the couple swiftly became the artist's preferred collectors and were only too happy to take charge of his financial interests after the sudden death of Zborowski, who was his dealer until 1932.

During the summers when he stayed with his friends whose portraits he painted several times, Soutine also broached a different genre: landscapes.  In contrast to the jigsaw-like, twisted views of Cagnes and its environs from a few years earlier, the landscapes of the Chartres period bear witness to a new harmony, as demonstrated in La Cathédrale de Chartes, painted in 1933.  The Castaing's property and the beauty of the neighbouring countryside provided him with the opportunity to develop a powerful naturalist style where botanical motifs, notably trees, take central position. 

This is the case with Jeune fille avec un chien, maison et contrefort.  The white masonry which dominates the composition and whose reddish chimneys rise up towards the surging blue background of the sky, is the house at Oisème that the artist had already represented on two other canvases.  However the present version is strikingly original and even more exemplary.  Here, the subject is not strictly speaking the house, but the green bank surrounding it, which occupies the entirety of the foreground.  While the foliage of the trees whose branches curve to meet each other at the top of the canvas form a natural frame, the lawn, hedgerow and thicket serve as the foundation of the composition.  In this respect, the canvas is characteristic of Soutine's oeuvre as Pierre Courthion has pointed out " [...] Soutine never lacks a base.  Like a solid pedestal, the base of his paintings always has a support."  (in Soutine, Lausanne, Edita, 1972, p.110).  From this point of view the structure appears archetypal, seeming to combine two other versions of the subject of which Jean Leymarie wrote "The house at Oisème is a sort of synthesis of Cézanne and Courbet, it is one of the most beautiful landscapes ever painted, infused with this strange light unique to Soutine which unveils the intimate essence of the place" (quoted in Soutine, Chartres, Musée de Chartres, 1989, p.284).  However Jeune fille avec un chien, maison et contrefort has a different spirit, which is fundamentally original.  While preserving the painter's new-found order, calm and harmony, the dynamic and fluid brushstrokes, which enliven the space, also evoke the vibrant landscapes of earlier works.  The small figure of the young girl, with her limbs spread-eagled, who seems to float on a carpet of greenery, is emblematic of the extraordinary ambivalence of the work.  This is evident in the masterful contrast of the sombre and shadowy tones towards the edge of the picture with the intense, almost blinding, luminosity of the façade of the building and the touches of white which intermittently animate the sky and the garden.