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Jean-Antoine Houdon,1741-1828 Important portrait de Jean-Jacques Rousseau à l'Antique, 1778
Description
- Jean-Antoine Houdon
- Important portrait de Jean-Jacques Rousseau à l'Antique
- signée et datée Houdon f. 1778,
et intitulé au dos J.J. Rousseau ; - terre cuite patinée; sur un socle en plâtre peint à l'imitation du marbre
- Haut. totale 47 cm; haut. (buste) 35 cm
- Total height 18 1/2 in; (bust) 13 3/4 in
Provenance
Ancienne collection du peintre Nicolas Sicot, dit Legrand de Lérant (1758-1829);
Collection M. Filliart, son gendre
Acquis vers 1829 par Charles Duriez, rue Monsieur-le-Prince à Paris,
dans sa descendance
Exhibited
1883, Exposition Iconographique de Jean-Jacques Rousseau,
Pavillon de la Ville de Paris, 56 rue Notre-Dame-de Lorette, à Paris.
Literature
BIBLIOGRAPHIE:
G. Scherf, Houdon 1741-1828, Statues, portraits sculptés, Paris, musée du Louvre, 2006, p. 86-89, cat. n°14.
L. Réau, Houdon. Sa Vie et son oeuvre, Paris, 1964, p. 41, cat. n°184.
Condition
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Catalogue Note
'J'ai voulu du moins conserver à la postérité les traits d'un homme immortel .' (H. Buffenoir, 'Jean-Jacques Rousseau et Houdon', Mercure de France, 1912)
Après la disparition subite de l'illustre écrivain et philosophe Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), Houdon eut le privilège de posséder son masque mortuaire à l'aide duquel il put réaliser un portrait du grand homme en trois variantes.
La première montre le philosophe coiffé d'une perruque et vêtu d'un costume à la française, comme le buste en plâtre exposé par Houdon au Salon de 1779, et dont la version en terre cuite est au musée du Louvre (inv.no. RF2530). La deuxième variante représente Rousseau à l'antique, torse nu, sa tête ceinte d'un bandeau et portant une toge drapée sur les épaules; celle-ci existe en deux tailles dont la plus grande est le bronze au musée du Louvre (inv.no. LP1729). Une version de cette tête en plâtre est conservé au Schlossmuseum de Gotha (Fig. 1).
D'un format plus petit que le bronze du Louvre, notre tête à l'Antique correspond à la troisième version montrant le portrait du philosophe réduit à l'essentiel : la tête à chevelure courte, aux mèches encadrant le visage, et son torse nu laissant apparaître la naissance des épaules.
Notre terre cuite illustre à merveille le talent du sculpteur par la qualité exceptionnelle du modelé. Rien n'a échappé ni à l'oeil ni à la main de l'artiste. Houdon fait preuve d'une extrême habileté pour nous restituer un portrait avec une profonde vérité psychologique: le front légèrement ridé, les sourcils épais, le regard aux yeux vifs et pétillants avec les pupilles incisées. L'artiste a su capter le regard intelligent de son modèle, l'image de suprême distinction accentué par la vivacité des yeux qu'obtint l'artiste en creusant de manière caractéristique l'orbite oculaire.
Le portrait de Rousseau faisait parfois partie d'une série de bustes de Grands hommes du Siècle des Lumières, pour former pendant à ceux de Voltaire et Diderot.
Inédite jusqu'à ce jour - sa localisation étant restée longtemps inconnue - cette tête en terre cuite a appartenu au peintre normand Pierre Nicolas Sicot, dit Legrand de Lerant (1758-1829), ami proche de Houdon, et fut donné ensuite à son gendre. Elle a été acquise vers 1829 par Charles Duriez, papetier rue Monsieur-le-Prince à Paris, et demeura dans sa descendance jusqu'à nos jours.
En 1839, lorsque le sculpteur David d'Angers admire ce buste au domicile parisien de Duriez, il en fit l'éloge dans une lettre manuscrite :
Monsieur, Vous m'avez témoigné le désir de connaître mon opinion sur le buste de JJ Rousseau que vous possédez je désirerais quelle put être de quelque poids auprès des amateurs d'art. Je vais donc vous dire mon sentiment bien sincère sur ce chef d'œuvre ; c'est un des plus précieux ouvrages du célèbre Houdon c'est le modèle original fait par un grand maître d'après la plus haute puissance intellectuelle de la littérature. Cet ouvrage est d'autant plus précieux qu'étant en terre cuite il est , pour ainsi dire, le manuscrit d'une noble production. En marbre, il serait la seconde copie affaiblie peut être comme cela arrive quelque fois par le travail du praticien. On pourrait craindre aussi quelques retouches malheureuses du ciseleur, s'il était en bronze. Vous voyez donc, Monsieur, la valeur réelle du buste que vous possédez. (Lettre par David d'Angers à M. Duriez, 1839). Cette lettre sera vendue avec la terre cuite (voir photo ci-jointe).
Oeuvre remarquable par la qualité du modelé et par sa profonde vérité psychologique, ce portrait de Rousseau est un véritable manifeste de l'art du sculpteur illustrant à merveille sa grande sensibilité pour réussir une 'image de suprême distinction' (Giacometti, op. cit. 1929), et pour "(...) illustrer avec exactitude le vérisme empirique mais aussi révéler l'immortalité de [son] génie.' (Sauerländer, op.cit. p. 37).
Références bibliographiques:
W. Sauerländer, Essai sur les visages des bustes de Houdon, (éd. Th. W. Gaehtgens), Centre Allemand d'Histoire de l'Art, 2005, p. 36 - 41.
A. Poulet, Houdon 1741-1828, Sculpteur des Lumières, cat. exp. Musée National du château de Versailles, 2004, p. 177 (pour la version de Châalis, avec manteau et perruque; mentionne la lettre de David d'Angers, note 2, p. 177).
A. Schuttwolf, Sammlung der Plastik 1150-1850, Schlossmuseum Gotha, Gotha, 1995, p. 152, n° 60.
H. Buffenoir, Les Portraits de Jean-Jacques Rousseau. Etude historique et iconographique. Souvenirs, documents, témoignages, t. I, Paris, 1913, p. 219.
Giacometti, G. La Vie et l'Oeuvre de Houdon, Paris, 1929; 2 vol.